Cyclisme : départ du Tour de France 2011
Ce samedi 2 juillet, le peloton de la 98e édition du Tour de France cycliste s'élance du passage du Gois, en Vendée, pour parvenir, trois semaines plus tard, le 24 juillet, sur les Champs-Élysées, à Paris. Wikinews vous présente cet événement.
Publié le 2 juillet 2011
Le Tour de France 2011, c'est 198 coureurs qui parcourront 21 étapes reparties en 3 471 kilomètres que suivra Wikinews. Mais avant, place à la présentation de l'épreuve.
Présentation
Parcours
Un départ particulier
Le « Grand Départ » 2011 rappelle sensiblement son homologue de 2008. En effet, il y a trois ans, le Tour partait de Brest, en Bretagne, pour une étape en ligne. Une entame de course atypique, puisque l'épreuve débutait à chaque fois par un prologue ou une première étape contre-la-montre depuis 1967. De plus, la Grande Boucle s'élançait alors de France, ce qui rompait également avec les traditions, le Tour ayant l'habitude de prendre son envol de l'étranger, comme ce fut le cas ces deux dernières années. Le parallèle avec 2011 n'est donc pas anodin car, à nouveau comme en 2008, dans la côte de Cadoudal de Plumelec, la première étape s'achève en côte, cette fois au mont des Alouettes, sommet des Herbiers proche du Puy du Fou. Longue de 2,2 kilomètres pour 4,7 % de moyenne, la montée devrait convenir aux puncheurs et aux sprinters puissants, désireux d'endosser le maillot jaune, au terme d'une étape nerveuse commençant du passage du Gois, chaussée submersible de 4,5 kilomètres reliant l'île de Noirmoutier au continent, décor en harmonie avec un départ particulier qui avait déjà été empruntée par les coureurs en 1993, 1999, où Alex Zülle, dauphin de Lance Armstrong, avait concédé plus de six minutes à la suite d'une chute collective, et 2005, lors du dernier départ de Vendée, département qui démarrera le Tour pour la cinquième fois cette année.
Le lendemain, les 22 formations présentes disputeront un contre-la-montre par équipes, au programme pour la dernière fois en 2009, de 23 kilomètres autour des Essarts dans lequel les teams anglo-saxons tels que HTC-Highroad, Team RadioShack, Garmin-Cervélo ou Team Sky, spécialistes de la discipline, sont les grands favoris.
La troisième étape quittera Olonne-sur-Mer, la Vendée et le Pays de la Loire pour rejoindre Redon, l'Ille-et-Vilaine et la Bretagne, deux villes-étapes inédites de moins de 15 000 habitants, offrant une véritable première occasion aux sprinters de s'illustrer.
Le Massif central en entrée
La quatrième étape, de Lorient, ville la plus sportive de France en 2010, à Mûr-de-Bretagne, côte de 2 kilomètres à 7 % de moyenne taillée pour les puncheurs, marquera le point d'orgue du périple breton, à moins que l'on ne retienne davantage la journée suivante, où l'on attend les sprinters, entre Carhaix-Plouguer, dans le Finistère, et le cap Fréhel, dans les Côtes-d'Armor, en raison des 75 derniers kilomètres longeant la côte qui pourraient, selon le vent, créer des bordures.
Comme l'an dernier, c'est la sixième étape qui est la plus longue de l'édition, avec plus de 226 kilomètres à parcourir depuis Dinan jusqu'à Lisieux, en Basse-Normandie, troisième région à être visitée, devrait récompenser à nouveau les puncheurs, grâce à la montée vers la basilique Sainte-Thérèse.
En revanche, dans la septième étape, qui dépassera également la barre des 200 kilomètres en reliant Le Mans, célèbre pour ses 24 heures, et Châteauroux, qui avait vu le succès de Mark Cavendish en 2008, dix ans après celui de Mario Cipollini, les sprinters ne devraient pas laisser passer si belle possibilité de jouer la gagne.
Mais les choses se corseront le samedi 9 juillet, une semaine après le départ, lorsque les coureurs effectueront le remake de la sixième étape de 2008, entre Aigurande et Super-Besse. En apparence, du moins, car si les villes de départ et d'arrivée sont identiques, le tracé, à l'exception de la montée finale (culminant à 1 275 mètres, dont seul le dernier kilomètre à plus de 8 % est réellement ardu) vers cette station de sports d'hiver d'Auvergne, est différent, avec deux côtes de quatrième catégorie et surtout le col de la Croix Saint-Robert, ascension inédite à 1 451 mètres au bout de six kilomètres de montée à une moyenne de 6,2 % à vingt-cinq kilomètres de l'arrivée. Cette dernière avait couronnée Riccardo Riccò devant Alejandro Valverde en 2008, mais, depuis, ceux-ci ont été rattrapés par la patrouille et suspendus pour dopage. Du coup, seul le troisième de ce jour-là, Cadel Evans, sera présent cette fois-ci. Un coureur complet, baroudeur, puncheur ou même favori à la victoire finale, devrait émerger, aussi bien en solitaire qu'en groupe, ce qui rend une telle étape fort indécise.
Le schéma pourrait bien être similaire le lendemain, particulièrement à la faveur d'une échappée, avec une neuvième étape jugée même plus dure que la précédente, de par sa longueur de 208 kilomètres mais aussi à cause de la répétition des difficultés, puisque l'on en compte pas moins de huit répertoriées sur un parcours qui, de l'avis unanime des coureurs qui l'ont reconnu, ne comporte « pas un mètre de plat ». Depuis Issoire, on retrouve notamment le col du Pas de Peyrol (1 589 mètres), le col du Perthus (1 309 mètres) ou le col de Prat de Bouc (1 392 mètres) pour enfin en découdre avec la montée des Orgues vers Saint-Flour. Richard Virenque s'y est imposé en 2004, posant les jalons d'un septième maillot à pois. Les prétendants à ce bien feront certainement partie des animateurs d'une journée difficile à contrôler pour un peloton qui s'amenuisera au fil des kilomètres.
Chaque année, avant ou entre les Alpes et les Pyrénées, le Tour visite un troisième massif. Après les Vosges en 2009 et le Jura en 2010, les organisateurs reviennent au Massif central, programmant cette fois deux étapes de moyenne montagne dans le but de rendre la course plus dynamique en amuse-gueule des Pyrénées. L'arrivée à Saint-Four sera à la veille de la première journée de repos, qui restera dans le Cantal, au Lioran.
La dixième étape marquera la sortie du Massif central d'Aurillac à Carmaux. Si ce tracé assez court est sur le papier dévolu aux sprinters, les baroudeurs pourraient avoir leur mot à dire grâce à un profil plutôt vallonné.
Des Pyrénées plus difficiles
Pour poursuivre la transition vers les Pyrénées, les sprinters auront droit à une nouvelle étape courte, l'une des dernières pouvant leur convenir, de Blaye-les-Mines à Lavaur.
Pour certains, le Tour débute « réellement » dans cette 12e étape. Entre le départ de Cugnaux et le pied de la première difficulté du jour, l'inédite Hourquette d'Ancizan (1 538 mètres pour 10 kilomètres de montée à 7,5 %), il y a 130 kilomètres de faux-plat qui favoriseront la formation d'une échappée. Le mythique col du Tourmalet (2 115 mètres pour 17 kilomètres à 7,3 %) s'intercale avant l'ascension finale vers la station de Luz-Ardiden (1 715 mètres pour 13,3 kilomètres à 7,4 %). C'est au cours de celle-ci qu'en 2003, Lance Armstrong percuta un spectateur, entraînant dans sa chute Iban Mayo, mais fut attendu par son rival Jan Ullrich et triompha au sommet. En tant que première étape de haute montagne, celle-ci devrait établir une première hiérarchie au classement général.
La treizième étape est, au contraire, d'ores et déjà considérée comme un flop. À cet égard, les critiques envers ASO sont nombreuses : Pau, 63 fois ville-étape du Tour, ce qui en fait la troisième ville la plus visitée par l'épreuve après Paris et Bordeaux, serait reprise au programme chaque année depuis 2005 uniquement pour des motifs commerciaux et financiers. De plus, le fait que le sommet du col d'Aubisque (1 709 mètres pour 16,4 kilomètres à 7 %) — où Michael Rasmussen pensait avoir assommé le Tour en y gagnant en 2007, avant d'être exclu par son équipe Rabobank le soir-même de sa victoire — soit à 50 kilomètres de l'arrivée donnerait lieu à un final monotone vers Lourdes, lieu de pèlerinage, accouchant d'une souris. Ce profil d'étape, souvent désavoué par les suiveurs, figurait déjà au menu en 2009 et 2010, Pierrick Fédrigo, absent cette année, s'étant imposé à chaque reprise. Une échappée devrait donc aller au bout sans problème, à moins que le peloton ne s'en rapproche dangereusement s'il se regroupe considérablement dans la descente du col.
Le 16 juillet, après deux semaines de course, la quatorzième étape devrait mobiliser toutes les attentions. C'est en effet l'étape-reine des Pyrénées, qui ont été rendues plus difficiles que les précédentes années où elles figuraient avant les Alpes, avec six cols à franchir depuis Saint-Gaudens en seulement 168,5 kilomètres : le Portet-d'Aspet, dans la descente duquel Fabio Casartelli chuta mortellement en 1995, la Core, Latrape, Agnes, le port de l'Hers et, enfin, le plateau de Beille en guise de juge de paix. Cette arrivée à 1 780 mètres pour 16 kilomètres de montée à 8 % de moyenne a récompensé, lors des quatre arrivées de la Grande Boucle, le futur vainqueur de l'épreuve, le dernier exemple en date étant Alberto Contador en 2007, qui y signait son premier succès d'étape sur le Tour. Au soir de cette étape, le nombre de coureurs pouvant encore prétendre au maillot jaune sera restreint, au même titre que le classement du meilleur grimpeur.
Avant d'observer sa seconde journée de repos dans le département de la Drôme, le peloton devra encore partir de Limoux pour rallier Montpellier. Cette quinzième étape est l'ultime occasion pour les sprinters de briller avant les Champs-Élysées. Mais, pour eux et leurs équipiers, le piège réside dans le fait que la traversée des Pyrénées aura été éprouvante, ce qui pourrait accorder une mince chance à une échappée de jouer les troubles-fêtes. L'arrivée à Montpellier rappelle le premier succès d'un coureur africain sur le Tour : Robert Hunter, au sprint, en 2007, alors qu'Alexandre Vinokourov et sa formation Astana avaient réalisé un coup de bordure. Si, dans le cas présent, cette hypothèse est peu envisagée, elle n'est pas à exclure du fait de la proximité avec la Méditerranée en fin d'étape.
Les Alpes et leurs cols mythiques
Tandis que Saint-Paul-Trois-Châteaux n'a encore jamais accueilli le Tour, Gap, ville-étape à vingt reprises, est un classique dans la transition vers les Alpes assurée cette année par une seizième étape en faux-plat durant de longs kilomètres, jusqu'à Gap, où il restera pourtant plus de vingt bornes à parcourir. Les coureurs effectuent en effet une boucle pour aller chercher le col de Manse (1 268 mètres pour 9,5 kilomètres à 5,2 %) avant de plonger dans la fameuse descente où, en 2003, Joseba Beloki avait lourdement chuté alors qu'Armstrong s'était livré à un cyclo-cross à travers champs pour l'éviter. Vinokourov en avait profité pour s'adjuger l'étape. L'an dernier, Sérgio Paulinho avait battu son compagnon d'échappée Vasil Kiryienka d'un boyau sur la ligne d'arrivée. Il est donc probable que les attaquants puissent une fois encore aller au bout.
Le lendemain, la dix-septième étape part, pour la première fois de cette édition, d'où elle est arrivée la veille. Un détail révélateur : l'organisateur ASO cherche à faire figurer un maximum de villes au programme du Tour, ce qui fut loin d'être toujours le cas par le passé. Après une entrée en matière en douceur avec deux côtes de troisième catégorie et le ravitaillement à Briançon, l'une des plus hautes villes d'Europe, le peloton passe au choses sérieuses en empruntant le col de Montgenèvre (1 860 mètres pour 8 kilomètres à 6 %) ; la descente mène à Cesana Torinese, qui marque l'entrée du Tour sur le territoire italien, placée sous le signe des 150 ans de l'unification de l'Italie, unique pays étranger visité cette année par la Grande Boucle. La montée de Sestrières (2 035 mètres pour 11 kilomètres à 6,3 %), dernière ascension du Giro 2011, figure donc naturellement au programme. S'ensuit une descente de 45 kilomètres jusqu'au pied de la côte de Pramartino (912 mètres pour 6,7 kilomètres à 6 %), décisive pour la victoire d'étape qui semble promise à celui qui descendra le mieux sur Pignerol, jumelée avec la ville-départ Gap. Nul doute que les coureurs transalpins tenteront particulièrement de s'illustrer pour l'occasion.
La dix-huitième étape quitte Pignerol et l'Italie en escaladant le col Agnel, toit du Tour 2011 culminant à 2 744 mètres pour 23,7 kilomètres à 6,5 % et emprunté pour la dernière fois en 2008, dans le sens inverse, sous la pluie. Il ne s'agira cependant pas de la seule ascension classée hors-catégorie de la journée : les coureurs vont chercher un autre géant alpin, le col d'Izoard (2 360 mètres pour 14 kilomètres à 7,3 %) et sa casse déserte, délaissé depuis 2006, avant de repasser à Briançon et de trouver les pentes du Lautaret, rampe d'accès faisant partie de l'incontournable Galibier (22,8 kilomètres à 5 %). L'arrivée à Serre Chevalier à 2 645 mètres en fait la plus haute de l'histoire du Tour après une journée de 200 kilomètres marquée par les changements d'altitude où les favoris ne pourront plus se dissimuler.
Par contre, la dix-neuvième étape est nettement moins longue, puisqu'elle ne fait que 109,5 kilomètres, soit l'étape de montagne la plus courte depuis 1989. Mais cette faible distance ne sera pas pour autant synonyme de repos pour les coureurs qui commenceront par descendre de Modane à Saint-Michel-de-Maurienne pendant quatorze kilomètres. Ils s'attaqueront ensuite au col du Télégraphe (1 566 mètres pour 12 kilomètres à 7 %) et effectueront, depuis Valloire, l'enchaînement traditionnel avec le col du Galibier, une seconde fois à l'honneur pour son centenaire comme ce fut le cas avec le Tourmalet pour le siècle des Pyrénées en 2010, cette fois par sa face nord, plus courte mais plus raide (2 556 mètres pour 16,7 kilomètres à 6,8 %). Mais, en raison du rythme élevé, chaque coureur devra basculer le plus vite possible dans l'interminable descente vers Le Bourg-d'Oisans où débutera l'ultime ascension de ce Tour, et pas des moindres : l'Alpe d'Huez (1 850 mètres pour 13,8 kilomètres à 8 %), autre symbole de la légende du Tour. Dans cette montée, tout se décide généralement dès les premiers kilomètres, qui sont les plus pentus. Carlos Sastre, absent cette année, est bien placé pour le savoir, puisqu'il doit sa victoire sur l'édition 2008 à son numéro dans les premiers lacets de l'Alpe. Les chances sont importantes que le vainqueur final soit déjà connu au sommet. Par ailleurs, les plus faibles, à deux jours de Paris, devront s'employer pour rallier l'arrivée dans les délais impartis qui seront particulièrement réduits pour une telle étape à cause de sa longueur.
Il n'y aura pas de journée de repos pour récupérer du périple alpin, mais bien la vingtième étape, le seul contre-la-montre individuel de cette 98e édition, une boucle de 42,5 kilomètres, qui pourrait sceller le classement général et devrait récompenser un spécialiste de l'effort solitaire comme Tony Martin ou Bradley Wiggins qui avaient émergés dans cet ordre sur le même parcours lors du dernier Critérium du Dauphiné. On a pu constater que ce chrono vallonné pouvait créer des écarts qui risquent d'être plus importants sur le Tour, après trois semaines de compétitions.
Enfin, après un transfert en avion avec Qatar Airways, les rescapés de ce Tour de France procéderont, comme à l'accoutumée, au « critérium » de la dernière étape, durant 45 kilomètres depuis Créteil jusqu'à l'entrée dans Paris, récompense pour les coureurs, qui devront accomplir huit tours de circuit sur les Champs-Élysées, qui devraient offrir un nouveau sprint royal, où Mark Cavendish est invaincu depuis 2009 et où le maillot vert pourrait se jouer, pour une distance totale de 95 kilomètres.
Équipes
Les dix-huit équipes membres de l'UCI World Tour, dites UCI ProTeams, prennent de facto le départ de l'épreuve. Les quatre derniers tickets sont réservés aux équipes continentales professionnelles invitées par l'organisateur. En l'occurrence, Christian Prudhomme a appliqué un critère de « préférence nationale » selon lequel les wild-cards attribuées doivent d'abord revenir à des formations françaises, de façon à ce « qu'il y ait un lien entre les gens qui sont au bord de la route et les coureurs présents ». Ainsi, outre AG2R La Mondiale, qualifiée d'office, quatre équipes françaises seront présentes car invitées : Cofidis, Europcar, FDJ et Saur-Sojasun. C'est l'invitation de cette dernière qui a principalement provoqué des grincements de dents, la formation Geox-TMC du vainqueur de 2008 Carlos Sastre et du troisième de 2010 Denis Menchov ayant été recalée au profit de Saur-Sojasun, pourtant considérée comme plus faible.
- ProTeams : AG2R La Mondiale, Astana, BMC Racing, Euskaltel-Euskadi, Garmin-Cervélo, Lampre-ISD, Liquigas-Cannondale, Movistar, Omega Pharma-Lotto, Rabobank, Quick Step, Leopard-Trek, Team RadioShack, Saxo Bank-Sungard, HTC-Highroad, Team Katusha, Team Sky et Vacansoleil-DCM ;
- Équipes continentales professionnelles : Cofidis, Europcar, FDJ et Saur-Sojasun.
Favoris
Classement général
Un favori controversé
L'Espagnol Alberto Contador, tenant du titre et triple vainqueur de la Grande Boucle (2007, 2009 et 2010), s'érige en principal candidat à sa propre succession. Cependant, le coureur de l'équipe Saxo Bank-Sungard a été contrôlé positif au clenbutérol au cours de la seconde journée de repos de l'édition 2010 et suspendu provisoirement par l'Union cycliste internationale (UCI) en septembre, verdict qui sera d'abord confirmé en janvier par la Fédération royale espagnole de cyclisme (RFEC) par une suspension d'un an. Invoquant la consommation d'un steak contaminé la veille du contrôle, Contador et ses avocats obtiennent gain de cause auprès de la même fédération qui le blanchit un mois plus tard. En conséquence, l'UCI et l'Agence mondiale antidopage (AMA) s'unissent — une fois n'est pas coutume — en se pourvoyant devant le Tribunal arbitral du sport (TAS). En attendant, le nouveau protégé de Bjarne Riis est autorisé à courir et, ignorant de quoi son avenir sera fait, s'aligne au Tour d'Italie qu'il domine de bout en bout, s'emparant du maillot rose dès la neuvième étape menant à l'Etna. Remportant également la seizième étape, Contador écrase un Giro 2011 particulièrement montagneux (huit arrivées au sommet). Dans le même temps, les avocats du Pistolero cherchent à gagner du temps : ils font valoir leur droit de pouvoir compléter la documentation du dossier Contador au TAS et déclarent miser sur le fait qu'il n'existe aucun élément crédible prouvant que leur client à chercher à se doper, au contraire. Son audience devant l'institution arbitrale est donc reportée au mois d'août, après le Tour. Ceci signifie que, juridiquement, rien ne s'oppose à ce qu'Alberto Contador prenne le départ de la grand-messe de juillet. Le Madrilène clame toujours son innocence à la veille du départ mais c'est un lourd climat de suspicion qui plane au-dessus de l'épreuve. Pour le directeur Christian Prudhomme, « Le Tour aurait mérité plus d'égards », déplorant le décalage entre le sport et la justice.
Dauphin de Contador ces deux dernières années, le Luxembourgeois Andy Schleck (Leopard-Trek), qui avait perdu le maillot jaune en 2010 à la suite d'un saut de chaîne dans le port de Balès, s'affirme comme le grand rival de l'Espagnol, pouvant compter sur l'appui de son frère Fränk, contraint l'an dernier à l'abandon sur chute lors de la troisième étape. Si le troisième sortant, le Russe Denis Menchov (Geox-TMC) ne sera pas de la partie, le quatrième Samuel Sánchez (Euskaltel-Euskadi) visera le podium, au même titre que le Belge Jurgen Van den Broeck (Omega Pharma-Lotto), cinquième, et le Néerlandais Robert Gesink (Rabobank), sixième. Le Canadien Ryder Hesjedal (Garmin-Cervélo), septième, sera accompagné par les Américains Christian Vande Velde et Tom Danielson. Neuvième en 2010, sixième et meilleur jeune du dernier Giro, le Tchèque Roman Kreuziger (Astana) épaulera le Kazakh Alexandre Vinokourov, qui dispute son dernier Tour. L'équipe Team RadioShack pourra jouer le top dix avec de multiples cartes : les Américains Christopher Horner, vainqueur du Tour de Californie, et Levi Leipheimer, vainqueur du Tour de Suisse ; l'Allemand Andreas Klöden, vainqueur du Tour du Pays basque et le Slovène Janez Brajkovič, bien plus jeune que ses trois co-leaders. Contrairement à l'année dernière, l'Australien Cadel Evans (BMC Racing) et l'Italien Ivan Basso (Liquigas-Cannondale) ont tout misé sur la Grande Boucle. Orpheline de Xavier Tondó, décédé accidentellement en mai, Mauricio Soler, grièvement blessé sur le Tour de Suisse, et Rubén Plaza, touché à la jambe en début de saison, la formation Movistar sera conduite par les Espagnols David Arroyo et Beñat Intxausti. Enfin, certains rouleurs comme l'Allemand Tony Martin (HTC-Highroad), vainqueur de Paris-Nice et soutenu par l'Américain Tejay Van Garderen et le Slovaque Peter Velits, et le Britannique Bradley Wiggins (Team Sky), vainqueur du Critérium du Dauphiné, ont fait part de leurs ambitions au classement général, auquel peuvent s'ajouter d'autres outsiders.
Classement par points
Si le Britannique Mark Cavendish (HTC-Highroad), vainqueur de quinze étapes sur les trois dernières éditions (quatre en 2008, six en 2009 et cinq en 2010) et considéré comme le sprinter le plus rapide au monde, s'est dit en forme optimale, son manque de professionnalisme a été pointé du doigt par un ancien roi du sprint, Mario Cipollini. En outre, le nombre d'arrivées convenant aux puncheurs réduit le nombre de victoires possibles pour Manx Express, qui, malgré sa domination en terme de victoires d'étapes, n'est encore jamais parvenu à s'adjuger le maillot vert, au contraire de l'Italien Alessandro Petacchi (Lampre-ISD), tenant du titre, du Norvégien Thor Hushovd (maillot vert en 2005 et 2009) qui, depuis 2006, remporte au moins une étape chaque année sur le Tour, et du Belge Tom Boonen (2007), en recherche de confiance. Entouré d'hommes rapides avec les Australiens Matthew Goss, vainqueur de Milan-San Remo, et Mark Renshaw ainsi que l'Autrichien Bernhard Eisel, Cavendish devra également se méfier de l'Américain Tyler Farrar (Garmin-Cervélo), coéquipier d'Hushovd, vu comme l'un des coureurs les plus à même de contrecarrer ses plans. Petacchi, de son côté, sera emmené par le Slovène Grega Bole et l'Allemand Danilo Hondo, alors que Boonen devrait partager le leadership avec son compatriote Gert Steegmans et l'Allemand Gerald Ciolek. Chez Omega Pharma-Lotto, on compte sur un autre allemand, André Greipel, et sur Jürgen Roelandts, mais le nouveau champion de Belgique Philippe Gilbert, vainqueur des trois classiques ardennaises (Amstel Gold Race, Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège), pourrait aussi prétendre au maillot vert en prenant des points sur les arrivées plus pentues, là où les sprinters sont à la peine. D'autres coureurs comme les Espagnols José Joaquín Rojas et Francisco Ventoso (Movistar), le jeune russe Denis Galimzyanov (Team Katusha), le Britannique Ben Swift et le Norvégien Edvald Boasson Hagen (Team Sky), le Français Romain Feillu et le Slovène Borut Božič (Vacansoleil-DCM) sont également cités pour jouer les troubles-fêtes.
Classement de la montagne
Chaque année, il est difficile de dégager un nom pour la conquête du maillot à pois, tant il revient souvent à un coureur échappé en montagne. C'est le cas du Français Anthony Charteau (Europcar), qui tentera de défendre son bien avec l'aide de Christophe Kern et Thomas Voeckler, alors que son compatriote David Moncoutié (Cofidis) revient sur le Tour après été trois fois meilleur grimpeur du Tour d'Espagne. L'Italien Damiano Cunego (Lampre-ISD) a confirmé qu'il pourrait lutter pour ce titre mais risque d'avoir fort à faire avec les Espagnols Egoi Martínez (Euskaltel-Euskadi), maillot à pois en 2009 après le déclassement de Franco Pellizotti, et Juan Manuel Gárate (Rabobank) ainsi qu'un autre Français, Jérôme Pineau (Quick Step). Toutefois, l'un des favoris au classement général pourrait émerger au classement de la montagne en tirant son épingle du jeu dans les cols.
Classement des jeunes
Maillot blanc ces trois dernières années, Andy Schleck a désormais atteint la limite d'âge et laisse le champ libre au Néerlandais Robert Gesink (Rabobank), prétendant au podium et donc grand favori de ce classement, si bien que l'on voit difficilement qui pourrait l'inquiéter sérieusement, sinon son coéquipier Bauke Mollema, à moins que des coureurs comme le Tchèque Roman Kreuziger (Astana), l'Espagnol Beñat Intxausti (Movistar), le Colombien Rigoberto Urán (Team Sky), l'Estonien Rein Taaramäe (Cofidis), l'Américain Tejay Van Garderen (HTC-Highroad), les Français Jérôme Coppel (Saur-Sojasun) et Pierre Rolland (Europcar) et les Néerlandais Wout Poels et Rob Ruijgh (Vacansoleil-DCM) ne montent en puissance au classement général.
Source
- ((fr)) – « Site officiel du Tour de France ». Letour.fr, 2 juillet 2011.
Cet article contient des éléments de journalisme de première main rédigé par un membre de Wikinews . Ces articles peuvent être traduits en utilisant le Réseau de Traduction des Sources Primaires (WORTNET).
|