Tour de France 2011 : Thor Hushovd exaucé dans la 13e étape
Publié le 15 juillet 2011
La 13e étape du Tour de France 2011, tracée sur 152,5 kilomètres d'un parcours montagneux entre Pau, en Aquitaine, et Lourdes, en Midi-Pyrénées, a vu la victoire du Norvégien Thor Hushovd devant les Français David Moncoutié et Jérémy Roy. Leur compatriote Thomas Voeckler demeure avec le maillot jaune de leader du classement général.
Parcours
Au contraire de la précédente, cette étape est d'avance considérée comme un flop par maintes voix. À cet égard, les critiques envers l'organisateur ASO sont nombreuses : Pau, 63 fois ville-étape du Tour, ce qui en fait la troisième ville la plus visitée par l'épreuve après Paris et Bordeaux, serait reprise au programme chaque année depuis 2005 essentiellement pour des motifs commerciaux et financiers. De plus, le fait que le sommet du col d'Aubisque (1 709 mètres pour 16,4 kilomètres à 7 %) — où Michael Rasmussen pensait avoir assommé le Tour en y gagnant en 2007, avant d'être exclu par son équipe Rabobank le soir-même de sa victoire — soit placé à 50 kilomètres de l'arrivée donnerait lieu à un final monotone, accouchant d'une souris, vers Lourdes, lieu de pèlerinage. Ce profil d'étape, souvent désavoué par les suiveurs, figurait déjà au menu en 2009 et 2010, Pierrick Fédrigo, absent cette année, s'étant imposé à chaque fois. Une échappée devrait donc aller au bout sans problème, à moins que le peloton ne s'en rapproche dangereusement s'il se regroupe considérablement dans la descente du col.
Déroulement
Le profil de l'étape favorable aux baroudeurs en inspire plus d'un. C'est ainsi que, parcourue à une moyenne de 49 km/h, la première heure de course est marquée par d'innombrables tentatives d'échappée, infructueuses. Outre le Belge Gert Steegmans (Quick Step), souffrant d'une fracture du scaphoïde et non-partant, ce rythme effréné condamne le dernier leader du Team RadioShack — qui n'est donc plus qu'à cinq — à distance raisonnable au classement général, l'Allemand Andreas Klöden, victime d'une chute la veille, tout comme le Néerlandais Lars Boom (Rabobank) et le Russe Vladimir Isaychev (Team Katusha), lâchés en début de course. Du coup, il ne reste plus que 171 coureurs présents sur la route du Tour.
Dans la première difficulté du jour, la courte mais pentue côte de Cuqueron, le deuxième d'hier, le Belge Jelle Vanendert (Omega Pharma-Lotto), fait part de ses ambitions pour le classement de la montagne en devançant le Néerlandais Niki Terpstra (Quick Step).
Peu après, dans la descente, le Français Jérémy Roy (FDJ), attaquant multi-récidiviste depuis le départ de Vendée, part en tête mais tarde à recevoir du soutien, jusqu'à ce qu'un groupe de neuf coureurs, aux environs du kilomètre cinquante-cinq, se voit accorder la bénédiction du peloton et vienne le rejoindre : les Norvégiens Thor Hushovd (Garmin-Cervélo) et Edvald Boasson Hagen (Team Sky), l'Italien Alessandro Petacchi (Lampre-ISD), les Français Jérôme Pineau (Quick Step) et David Moncoutié (Cofidis), le Néerlandais Maarten Tjallingii (Rabobank), le Danois Lars Bak (HTC-Highroad), le Russe Vladimir Gusev (Team Katusha) ainsi que le Kazakh Dmitriy Fofonov (Astana).
Au sommet de la côte de Belair, personne ne vient s'opposer à ce que Roy prenne un point avec 4’20” d'avance. La situation est identique pour Boasson Hagen au sprint intermédiaire de Bielle, malgré la présence dans l'échappée de sprinters tels que Petacchi et Hushovd, puisque l'ordre de passage est le suivant : Boasson Hagen, Moncoutié, Gusev, Fofonov, Petacchi, Tjallingii, Hushovd, Roy, Bak et Pineau. Le peloton n'a droit qu'à une onzième place synonyme de cinq unités que glane l'Espagnol José Joaquín Rojas (Movistar), parvenant à battre le maillot vert britannique Mark Cavendish (HTC-Highroad), qui profite de sa frustration pour étaler son caractère bien trempé, tandis que le Belge Philippe Gilbert (Omega Pharma-Lotto) a tenté d'anticiper mais ne reçoit rien. L'avantage des dix hommes de tête reste alors stable mais va aussitôt fortement s'élever.
Dès les premières pentes — les moins raides — du col d'Aubisque, Hushovd, connu pour faire partie des sprinters négociant le mieux la montagne, anticipe lui aussi et passe à l'offensive. Il sera rejoint quelques kilomètres plus loin par Roy, pendant que le groupe explose, seuls Moncoutié et Boasson Hagen pouvant encore revenir. Entre temps, Roy a déposé Hushovd et Moncoutié se rapproche, dépassant également le Norvégien. Par ailleurs, le Néerlandais Bauke Mollema (Rabobank), brièvement accompagné des Français Maxime Bouet (AG2R La Mondiale) et Mickaël Delage (FDJ), sort d'un peloton léthargique, déjà tourné vers la difficile journée de demain. Après avoir inscrit son nom au sommet du Tourmalet la veille, Roy enchaîne avec l'Aubisque, 55” devant Moncoutié et 2’5” avant Hushovd, et s'empare du maillot à pois.
La descente connaît un replat avec le col du Soulor, où Jérémy Roy ne compte plus qu'1’45” sur Thor Hushovd, David Moncoutié, moins bon descendeur, pointant désormais à 1’20”. Le peloton passe avec un retard de 8’35”, au moment où Gilbert, désireux d'aller augmenter son capital au classement par points, part en contre.
À 25 kilomètres de l'arrivée, Hushovd revient sur Moncoutié à 1’25” de Roy, élu combatif du jour. S'ensuit un véritable contre-la-montre pour la gagne, qui tourne à l'avantage du champion du monde norvégien, qui prend le dessus sur ses deux rivaux à 2,5 kilomètres de la ligne et remporte en solitaire sa neuvième étape sur la Grande Boucle (si l'on ne prend pas en considération la deuxième étape contre-la-montre par équipes gagnée cette année avec Garmin-Cervélo). À Lourdes, ville des miracles, un sprinter, même si Hushovd, porteur du maillot jaune une semaine durant cette édition, est en réalité, pour de nombreux observateurs, un coureur « tout-terrain », est parvenu — chose extrêmement rare — à décrocher une étape de montagne. De surcroît, un coureur n'avait plus triomphé sur le Tour vêtu du maillot arc-en-ciel depuis Óscar Freire en 2001.
Alors que la tunique jaune de Thomas Voeckler (Europcar) n'est pas menacée, Gilbert, dixième, va chercher six points à l'arrivée et remonte au neuvième rang du classement général. Réglé par Rojas et réduit à environ quatre-vingt concurrents, le peloton franchit la ligne avec 7’37” de retard sur le vainqueur. À 27’41”, le Belge Romain Zingle (Cofidis), victime d'une chute dans la descente de l'Aubisque, termine dans les délais impartis.
Classements
Étape
1. | Norvège | Thor Hushovd | Garmin-Cervélo | en | 3 h 47 min 36 s |
2. | France | David Moncoutié | Cofidis | + | 10 s |
3. | France | Jérémy Roy | FDJ | 26 s | |
4. | Danemark | Lars Bak | HTC-Highroad | 5 min | |
5. | France | Jérôme Pineau | Quick Step | 5 min 2 s | |
6. | Norvège | Edvald Boasson Hagen | Team Sky | 5 min 3 s | |
7. | Russie | Vladimir Gusev | Team Katusha | 5 min 8 s | |
8. | Italie | Alessandro Petacchi | Lampre-ISD | 5 min 16 s | |
9. | Pays-Bas | Maarten Tjallingii | Rabobank | m.t. | |
10. | Belgique | Philippe Gilbert | Omega Pharma-Lotto | 6 min 48 s |
Général
1. | France | Thomas Voeckler | Europcar | en | 55 h 49 min 57 s |
2. | Luxembourg | Fränk Schleck | Leopard-Trek | + | 1 min 49 s |
3. | Australie | Cadel Evans | BMC Racing | 2 min 6 s | |
4. | Luxembourg | Andy Schleck | Leopard-Trek | 2 min 17 s | |
5. | Italie | Ivan Basso | Liquigas-Cannondale | 3 min 16 s | |
6. | Italie | Damiano Cunego | Lampre-ISD | 3 min 22 s | |
7. | Espagne | Alberto Contador | Saxo Bank-Sungard | 4 min | |
8. | Espagne | Samuel Sánchez | Euskaltel-Euskadi | 4 min 11 s | |
9. | Belgique | Philippe Gilbert | Omega Pharma-Lotto | 4 min 35 s | |
10. | États-Unis | Tom Danielson | Garmin-Cervélo | m.t. |
Points
1. | Royaume-Uni | Mark Cavendish | HTC-Highroad | 264 pts |
2. | Espagne | José Joaquín Rojas | Movistar | 251 pts |
3. | Belgique | Philippe Gilbert | Omega Pharma-Lotto | 240 pts |
Montagne
1. | France | Jérémy Roy | FDJ | 45 pts |
2. | Espagne | Samuel Sánchez | Euskaltel-Euskadi | 40 pts |
3. | Belgique | Jelle Vanendert | Omega Pharma-Lotto | 34 pts |
Jeune
1. | France | Arnold Jeannesson | FDJ | en | 55 h 55 min 47 s |
2. | Estonie | Rein Taaramäe | Cofidis | + | 1 min 37 s |
3. | Colombie | Rigoberto Urán | Team Sky | 2 min 5 s |
Équipe
1. | États-Unis | Garmin-Cervélo | en | 166 h 54 min 52 s |
2. | Luxembourg | Leopard-Trek | + | 5 s |
3. | France | Europcar | 1 min 25 s |
Combativité
- Jérémy Roy ( France, FDJ)
Abandons
- Gert Steegmans ( Belgique, Quick Step) : non-partant
- Andreas Klöden ( Allemagne, Team RadioShack)
- Lars Boom ( Pays-Bas, Rabobank)
- Vladimir Isaychev ( Russie, Team Katusha)
Sources
- Sources francophones
- ((fr)) – « Hushovd en tout-terrain ». Letour.fr, 15 juillet 2011.
- ((fr)) – Jérôme Helguers, « Hushovd ou la leçon de cyclisme ». RTBF.be, 15 juillet 2011.
- ((fr)) – Alexandre Philippon, « Tour de France #13 : Impitoyable Hushovd ». Velochrono.fr, 15 juillet 2011.
- Sources anglophones
- ((en)) – Peter Cossins, « Hushovd wins miracle stage in Lourdes ». Cyclingnews.com, 15 juillet 2011.