Offshore Leaks : un scandale fiscal mondial

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Les « Offshore Leaks » dévoilent les secrets entourant les sociétés offshores et les paradis fiscaux

Publié le 4 avril 2013
Un nouveau scandale mondial se profile à l'horizon qui concernera cette fois-ci les sociétés offshores et les paradis fiscaux. Ce jeudi 4 avril, une trentaine de grands médias internationaux dévoilent les résultats d'une très longue enquête collaborative, qui a débutée fin 2011, menée sous le nom de « Offshore Leaks ». Menée par le consortium journalistique d'investigation américain (ICIJ), constitué de 86 journalistes, cette enquête met à jour pas moins de 2,5 millions de documents concernant plus de 122 000 entités, reliées à plus de 130 000 personnes réparties dans 140 pays. Plus de 12 000 intermédiaires ont contribué à la création de ces entités pour le compte de leurs clients. Les données brutes de ces documents représentent une masse totale de plus 260 gigaoctets (soit 162 fois la taille totale des documents dévoilés par WikiLeaks) et dévoilent, de manière codée, les identités d'administrateurs et d'actionnaires des sociétés établies dans les paradis fiscaux comme les îles Vierges, les îles Caïmans… Le caractère codé de ces documents a d'ailleurs nécessité de longs moments de décryptage, d'analyse et de comparaison des données.

D'après Le Guardian, « ces fuites, qui ont le potentiel de causer un choc sismique, montrent à quel point la finance offshore s'est répandue dans le monde ». Ce qui frappe par ailleurs est la diversité des utilisateurs de ces investissements offshores : « on trouve des dentistes américains, des proches de despotes, des villageois de la classe moyenne grecque, des escrocs de Wall Street, des milliardaires indonésiens et d'Europe de l'Est, des dirigeants russes, des marchands d'armes et une société présentée comme la tête de pont du programme nucléaire iranien », énumère Le Guardian. La directrice-adjointe de l'ICIJ précise que « le fait que des milliers de gens ordinaires apparaissent dans ces fichiers indique que les sociétés offshore ne sont pas uniquement le repaire de malfrats ou de politiciens voulant dissimuler de l'argent. Des anonymes adoptent ce système, car ils ne se sentent pas à l'abri dans les institutions bancaires de leur propre pays ».

Cette liste recense également de nombreuses personnalités comme le dictateur du Zimbabwe, Robert Mugabe, des proches du président russe Vladimir Poutine, le président de l'Azerbaïdjan et sa famille, l'ancien ministre des finances mongol… En France, si une liste de 130 personnes a été dévoilée, c'est surtout le nom de Jean-Jacques Augier qui fait le plus de remous. Ce dernier, qui était le trésorier de la campagne de François Hollande lors de l'élection présidentielle de 2012, est également actionnaire dans deux sociétés offshores établies aux îles Caïmans par l'intermédiaire de la société Capital Concorde Limited, filiale d'Eurane en Chine. L'intéressé se défend cependant de n'avoir « ni compte bancaire personnel ouvert aux Caïmans, ni investissement personnel direct dans ce territoire » et de n'avoir rien entrepris d'illégal dans ces actions.

En Suisse, la liste démontre que pas moins de 300 personnes sont impliquées dans ce scandale, concernant 70 sociétés. Une vingtaine de banques et plusieurs intermédiaires financiers ont commandés des sociétés offshores afin de protéger les comptes de leurs clients étrangers. Ainsi, pas moins de 2 900 sociétés ont été créé dans une douzaine de juridictions par la banque UBS, tandis que Credit suisse a elle-même créé plus de 700 sociétés. L'opacité de ces sociétés écrans était telle qu'il était impossible de connaître l'identité de leurs clients. Si Credit suisse n'a pas précisé si cette pratique avait encore cours, elle indique cependant que « d’une façon générale, Credit Suisse et ses filiales respectent toutes les lois en vigueur dans les pays dans lesquels ils exercent. »

Pour conclure, il est important de rappeler que les îles Caïman hébergent environ le 6ème des avoirs bancaires internationaux[1]. Gerard Ryle, directeur de l'ICIJ, a également cité l'étude de James S. Henry selon laquelle les comptes hébergés dans les paradis fiscaux pèsent entre 20 000 et 30 000 milliards de dollars[2]. Et de préciser que l’ICIJ ne dévoilera ses conclusions que dans une dizaine de jours[3].

Notes

Sources[modifier | modifier le wikicode]

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4 avril 2013

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