Vol 9525 Germanwings : cockpit et sûreté, un vieux débat…
La catastrophe de l'Airbus de la Germanwings a relancé un vieux débat : dans les années 80, le personnel navigant technique (PNT) des avions de ligne était systématiquement composé de trois membres.
Publié le 31 mars 2015
Tous les trois étaient présents dans le cockpit : le pilote, le copilote et le mécanicien navigant. L'officier mécanicien navigant, par définition, gérait les systèmes mécaniques : vérification de l'avion et de ses équipements, mise en route des moteurs, manœuvres d'urgence en cas de dysfonctionnement des moteurs ou d'autres systèmes de bord, mais il suivait aussi le pilotage ou la navigation et participait à la fonction télécommunication.
- L'évolution technologique et les pressions économiques ont imposé le pilotage à deux
Le développement de l'automatisation - avec l'introduction de l'ordinateur de bord et le système de navigation assisté par satellites - a progressivement diminué la charge de travail de l'équipage. Les instruments analogiques ont disparu du tableau de bord au profit des écrans numériques. Le mécanicien a peu à peu quitté son siège pour prendre celui du pilote (en se reconvertissant), ou pour quitter le cockpit et rester à terre.
« Avec ses commandes électroniques, l'arrivée de l'Airbus A320 a déclenché une véritable révolution ». Le pilotage à deux a été mal accepté par les pilotes, la sécurité fut le motif principal qui poussa, un syndicat commun de pilotes et mécaniciens navigants d'Air Inter, le SPAC Air Inter, à critiquer en 1987 la réduction du nombre de postes à bord.
L'évolution technologique a fait ses preuves et les avions de ligne sont conçus pour le pilotage à deux, en particulier chez les deux principaux constructeurs de gros porteurs (CS25) Boeing et Airbus. En 2015 seuls deux pilotes sont à bord, à l'exception des vols longs courriers où des rotations d'équipages sont prévues.
- Le cockpit est devenu un véritable « coffre-fort »
À la suite des attentats du 11 septembre 2001, le cockpit a été « sanctuarisé », rendu inaccessible à toute personne non autorisée. Dans le cas de la catastrophe de l'Airbus de la Germanwings « cette sanctuarisation s’est transformée en piège pour les passagers ».
- Des nouvelles procédures sont préconisées
La Direction générale de l'Aviation civile (DGAC) demande aux compagnies françaises la mise en œuvre de la recommandation de l'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) qui « invite les opérateurs à entreprendre une étude de sécurité visant à assurer la présence d'au moins deux personnes autorisées dans le cockpit, ou à garantir un niveau de sécurité des vols équivalent ».
- Le syndicat majoritaire des pilotes est réservé
Le 28 mars 2015 le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) « prend acte de la position de l’EASA… » et « partage l’impérieuse nécessité de tirer les enseignements de tout accident afin de trouver les voies d’amélioration de la sécurité aérienne, il exprime toutes ses réserves sur la pertinence d’une recommandation prématurée qui pose nombre de questions et qui induit de nouvelles menaces ».
Sources
[modifier | modifier le wikicode]- ((fr)) – A. Blanchard, P. Blanchard, P. Chollet, C. Guérin, P. Labrunie, A. Roger., « Les Officiers Mécaniciens Navigants, un peu d'histoire ». cominac.org (avec l'autorisation du SNOMAC), 22 janvier 2004.
- ((fr)) – Gilles Bridier, « Le crash de Germanwings fait ressurgir le débat sur le pilotage à deux ». slate.fr, 27 mars 2015.
- ((fr)) – Joël Ricci, « Deux personnes dans le cockpit : le SNPL s’inquiète des recommandations de l’AESA ». air-journal.fr, 29 mars 2015.
- ((fr)) – Syndicat Alter, « Un Peu d’Histoire Syndicale ». syndicatalter.fr, 2007.
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