Politique : Nicolas Sarkozy annonce son retour
Publié le 20 septembre 2014
Hier, Nicolas Sarkozy, président de la République française de 2007 à 2012, a officialisé son retour en politique sur sa page Facebook, en annonçant sa candidature à la présidence de l'UMP. Il déclare en effet, dans une tribune publiée sur sa page, être « candidat à la présidence de [sa] famille politique ».
Ce retour ne surprend pas grand monde : le contexte lui est plutôt favorable, avec une popularité toujours relativement élevée malgré les affaires judiciaires auxquelles il est mêlé (cette popularité est forte surtout chez les sympathisants de l'UMP), la succession de mauvaises nouvelles pour le gouvernement de François Hollande et Manuel Valls (ces deux derniers voyant leur popularité s'amenuiser au fil de semaines), les conflits internes à l'UMP et l'envie des sympathisants de retrouver un leader incontesté, ainsi que l'absence de candidats qui pourraient sérieusement concurrencer l'ancien président à la présidence du parti.
Après sa défaite à la présidentielle de 2012, Sarkozy avait pourtant annoncé son retrait de la vie politique. Mais ses nombreuses apparitions publiques et déplacements, les rumeurs et le caractère de l'ancien président avaient rendu l'hypothèse du retour très probable.
Nicolas Sarkozy doit donc maintenant convaincre l'UMP en remportant les élections à la présidence du parti. Il propose de « transformer de fond en comble » l'UMP en créant « dans un délai de trois mois [...] les conditions d'un nouveau et vaste rassemblement qui s'adressera à tous les Français, sans aucun esprit partisan, dépassant les clivages traditionnels qui ne correspondent plus aujourd'hui à la moindre réalité » et qui « se dotera d'un nouveau projet, d'un nouveau mode de fonctionnement adapté au siècle qui est le nôtre et d'une nouvelle équipe qui portera l'ambition d'un renouveau si nécessaire à notre vie politique ».
Il affrontera Bruno Le Maire et Hervé Mariton en novembre et décembre, mais semble dépasser en popularité ses deux rivaux. Son retour a en effet provoqué un très grand enthousiasme chez ses anciens fidèles, sa page Facebook ayant été likée plusieurs dizaines de milliers de fois en quelques minutes. De plus, l'ancien président semble déjà avoir tous les parrainages dont il a besoin pour sa candidature.
Dans les heures qui ont suivi, de nombreuses personnalités politiques de tous bords ont réagi. Voici quelques réactions :
« [Sarkozy] n'échappera pas à son bilan, ça sera son boulet. [...] Nul doute que l'ex-président voit dans sa candidature à la tête de l'UMP qu'il va refonder [...] le moyen d'échapper ou d'éloigner les affaires. [...] Nicolas Sarkozy estime que la conjoncture permettra de lui faire oublier son passé et son passif. [...] [Il] n'échappera pas à la compétition dans son camp et au-delà. Il n'échappera pas à la question « Que propose-t-il ? Et pourquoi ne l'a-t-il pas fait en son temps ? » [...] A-t-il changé ? Nous en doutons. Son texte, ponctué de vingt « je », démontre une belle continuité. Voilà pourquoi le retour à la réalité sera plus difficile que le retour sur Facebook. »
— Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste.
« La question est de savoir si les hommes changent. En général, ils ne changent pas dans leur nature profonde. Mais on verra. La France a besoin d'une ligne claire et d'une volonté forte, et elle a aussi besoin d'apaisement. Or, pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, on n'a pas vu de ligne forte et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'apaisement n'était pas à l'ordre du jour. »
— François Bayrou, président du Mouvement démocrate.
« Ce n'est même pas un retour, on a eu le sentiment qu'il n'était jamais parti parce qu'il n'avait pu s'empêcher de faire des allers-retours, d'envoyer des cartes postales, de faire des interviews. Je crois donc que c'est un non-événement. Ça intéressera un petit microcosme quelques jours, mais la masse des Français se désintéressera complètement de ce retour. C'est l'homme du passé, l'homme du mensonge, l'homme d'un bilan catastrophique, et je ne vois pas très bien ce qu'il peut apporter comme espérance, comme nouveauté, alors qu'il sort de dix ans de pouvoir. Nicolas Sarkozy sera probablement patron de l'UMP, très bien, en son temps, Valéry Giscard d'Estaing était revenu après sa présidence de la République à la tête de l'UDF, je ne sais pas si c'est de très bon augure pour Nicolas Sarkozy. »
— Florian Philippot, vice-président du Front national.
« Retour de Sarkozy : revient-il pour servir la France ou pour se protéger dans ses affaires ? #RépubliqueEnOtage »
— Eva Joly, députée écologiste, sur Twitter.
« Lui président, que ferait Nicolas Sarkozy ? Taper plus dur que Hollande. Que fait François Hollande ? Il tape plus dur que Sarkozy. La France ne doit pas se laisser condamner à cette surenchère entre libéraux. Ni Sarkozy ni Hollande. Assez de monarques présidentiels. »
— Jean-Luc Mélenchon, co-fondateur du Front de gauche.
« #Sarkozy candidat, pour un scoop, c'est un scoop... »
— Hervé Morin, candidat à la présidence de l'UDI, sur Twitter.
Si ces réactions sont en grande partie pessimistes, celles de membres de l'UMP sont plus favorables à l'ancien président :
« [Sarkozy veut faire] un grand rassemblement qui dépasse les clivages des partis politiques pour la France. [...] Les clivages des partis politiques n'ont plus beaucoup de sens. [...] La vie politique, on ne maîtrise pas tout. Aujourd'hui la situation politique du pays est celle qu'on connaît, il y a beaucoup de détresse, beaucoup de désespérance, on en a vu encore une image frappante avec ce président de la République qui répète pendant sa conférence de presse « C'est pas facile ». On ne peut pas en rester là, et Nicolas Sarkozy propose aujourd'hui de rebâtir l'opposition, pas seulement l'opposition, mais un grand mouvement politique, un grand rassemblement. »
« Le retour de @NicolasSarkozy peut tout changer, pour notre famille politique et pour la France #UMP. Après 2 ans de cacophonie à droite, j'appelle au rassemblement le plus large autour de @NicolasSarkozy pour porter un nouvel élan. @NicolasSarkozy sait porter des idées neuves. Avec son expérience, nous pourrons refonder notre famille politique sur des bases solides #UMP »
— Laurent Wauquiez, sur Twitter.
« Dans le rassemblement de tous et dans le respect des valeurs qui ont fait notre pays @NicolasSarkozy peut redresser la France. »
— Claude Guéant, sur Twitter.
« @NicolasSarkozy a fait le choix du devoir. À ses côtés, faisons renaître l'espoir pour la France. Mon soutien vigilant lui est acquis. »
— Christian Estrosi, sur Twitter.
« Nicolas Sarkozy confirme sa candidature à la présidence de l'#UMP : que le débat commence, nous le devons à nos militants ! »
— Bruno Le Maire, candidat à la présidence de l'UMP, sur Twitter.
« Je suis le candidat des convictions, garant de la paix. Je serai honoré d'en débattre avec #nicolassarkozy. »
— Hervé Mariton, candidat à la présidence de l'UMP, sur Twitter.
Maintenant que son retour est officialisé, Sarkozy a déjà annoncé son planning : il sera invité au JT de 20 heures de France 2 ce dimanche, et donnera son premier meeting jeudi prochain. En attendant les élections, les co-présidents de l'UMP restent Alain Juppé (lequel est, lui, candidat aux primaires de 2016), François Fillon et Jean-Pierre Raffarin.
Sources
[modifier | modifier le wikicode]- ((fr)) – « Nicolas Sarkozy annonce sa candidature à la présidence de l'UMP ». Le Monde, 19 septembre 2014.
- ((fr)) – « Retour de Nicolas Sarkozy : les réactions politiques ». Le Point, 19 septembre 2014.
- ((fr)) – « Cambadélis : Sarkozy "n'échappera pas à son bilan, ce sera son boulet" ». Le Point, 19 septembre 2014.
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