Grèves en France du 29 janvier 2009 : le gouvernement maintient le cap des réformes

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Publié le 30 janvier 2009
En dépit de la forte mobilisation consécutive à l'appel unitaire des organisations syndicales, le Gouvernement, par la voix de plusieurs de ses ministres, maintient le cap des réformes voulues par le président Sarkozy.

Cette journée de grève unitaire a été suivie par une forte mobilisation, notamment lors des manifestations dans les principales ville de France. Le syndicat CGT avance 2,5 millions de personnes ayant défilé dans les rues en France lors des 195 manifestations. Les services de police ont ramené ce chiffre à 1 080 000 manifestants.

Selon les syndicats, 300 000 auraient manifesté dans les rues de Paris, ce que conteste la préfecture de police qui ne fait était que de 65 000 personnes. Même scénario pour Marseille : 300 000 pour les syndicats, et 20 000 selon la préfecture.

Le nombre de gréviste a été relativement important par rapport aux autres appels à la grève de ces dernières semaines. Les administrations, entreprises publiques, syndicats se livrent à une guerre des chiffres. Ainsi, La Poste fait état de 25 % seulement de grévistes, tandis que SUD et la CGT l'estiment à 40 % sans tenir compte des services cycliques.

Le Gouvernement, par la voix de plusieurs de ses ministres, maintient quant à lui le cap des réformes voulues par le président Sarkozy. Raymond Soubie, conseiller de Nicolas Sarkozy sur les affaires sociales a notamment déclaré « Il s'agit d'examiner le programme de réformes et le train de mesures pour l'année 2009 et les méthodes pour les traiter (…) Il faut que l'actuel plan de relance se déploie et produise ses effets. » Mêmes propos tenus par Xavier Bertrand : « Je ne suis pas un grand marin mais je sais une chose : quand vous êtes en mer et que vous affrontez une tempête, vous devez protéger l'équipage - les Français -, vous devez penser au bateau - la France -, mais vous ne devez pas jeter l'ancre. On doit tenir le cap des réformes ». Ce message a été confirmé par le chef de l'État pour qui il est hors de question d'« arrêter le mouvement des réformes », message relayé par le Premier ministre, François Fillon. Nicolas Sarkozy a annoncé une rencontre, le mois prochain, avec les syndicats « afin de convenir du programme de réformes à conduire en 2009 et des méthodes pour le mener à bien ».

Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, a demandé des sanctions financières à l'encontre des agents qui ne sont pas soumis à la règle du trentième indivisible. Il a notamment déclaré : « Je suis favorable à ce que les salariés qui utilisent la grève de 59 minutes pour bloquer le système soient pénalisés au prorata de la gêne occasionnée sur le service normal (…) Si la grève de 59 minutes a comme impact de bloquer le fonctionnement pendant quatre heures ou une journée, tous ceux qui ont participé en cascade à cette manœuvre doivent être pénalisés sur leur salaire à hauteur de quatre heures ou d'une journée ».

La règlementation sera-t-elle alignée sur celle de la fonction publique de l'État ? Pour cette dernière, la règle du trentième indivisible avait été rétablie par l'amendement Lamassoure à la suite des grèves dans la fonction publique en 1987. Selon cette règle, tout fonctionnaire qui s'abstient d'effectuer son service, même pour une minute, se voit retirer la journée complète de traitement en fin de mois, soit un trentième. Cette retenue aura des conséquence aussi pour les droits à la retraite par la neutralisation de cette journée non rémunérée.

Une note discordante au sein de l'UMP, la déclaration de Jean-François Copé. « On va s'en apercevoir » pour celle de jeudi, « J'entends beaucoup d'inquiétudes. Évidemment qu'il y a des gens qui sont en colère parce qu'ils pensent que leur pouvoir d'achat devrait continuer de pouvoir augmenter » a-t-il déclaré avant-hier sur RTL. Cette phrase répondait à celle de de Nicolas Sarkozy le 5 juillet dernier : « Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit ».

Les réactions dans la majorité présidentielle ont provoqué l'irritation des principaux leaders syndicaux. Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, a prévenu : « Mais s'il s'agit, comme je crains de le comprendre, de discuter de l'agenda des réformes que le président de la République a dans ses tiroirs, nous serons très largement en décalage avec ce que porte cette journée et la discussion n'ira pas très loin (…) Ce n'est pas la multiplication des rendez-vous qui comptent mais le résultat ». Le syndicaliste a noté la présence dans les cortèges syndicaux de salariés du privé, et même de « petits artisans, patrons ou commerçants », rapporte Le Point.

La guerre des chiffres

Service Pourcentage de grévistes
selon la direction selon les syndicats
La Poste 24,89 % 40 %
France Télécom 26 % 42 %
Hôpitaux 21,3 % 50 %
Éducation Nationale
  • 47,92 % dans le primaire
  • 28,03 % dans le secondaire
  • 67,5 % dans le primaire
  • 60 % dans le secondaire
  • 60 % lors de la grève lundi dans les UFR Droit/Sciences Economiques
RATP 47 % 97 % pour les lignes RER A et B
Transports urbains   32 % en province
SNCF 36,7 % 41 %
Fonction publique de l'État 33,1 % 40 à 45 %
Fonction publique territoriale 18 %
Audiovisuel public 30,13 %  
ANPE et Assédic 25,4 % 30 %

Lors de chaque conflit social, les différents protagonistes se livrent à la « guerre des chiffres ». Dans une édition précédente de Wikinews, il en était expliqué le mécanisme.

Cette différence d'interprétation, ne porte pas seulement sur le nombre réels de grévistes mais sur le ratio appliqué. Tel est le cas à La Poste. Du côté syndical, le taux de grévistes est calculé par rapport aux positions de travail non couvertes. Du côté de la Poste, sur l'ensemble de la masse salariale laquelle comprend les agents qui ne sont pas de service ou qui n'ont pas pris leur service tels que :

  • Les personnels en congés annuels, janvier est encore dans la période des congés de fin d'année pour ceux qui ne sont pas dans le second tour ;
  • Les personnels en congés maladie ;
  • Les personnels en repos de cycle ;
  • Les personnels en formation, même grévistes ;
  • Les personnels encadrant moins enclins à faire grève et plus sujets aux désignations pour travailler. Tels sont les cas des centres de tri ou des plates-formes industrielles du courrier, où les intéressés travaillent directement sur les machines.
  • Les personnels de soirée et de nuit qui n'ont pas encore pris en service en dans ces mêmes établissements, au moment où ont été publiés les chiffres de la grève. Ces agents commencent leur mouvement à partir de minuit, pour éviter la retenue de deux journées de grèves sur une même vacation. Certains services de nuit sont cycliques et font grève sur deux jours pour couvrir l'ensemble des brigades de nuit.
  • Les services travaillant à la tâche, sont moins enclins à suivre un mot d'ordre de grève pour une raison fort simple : les agents seront obligés de travailler « double » le lendemain sans la moindre compensation en cas de dépassement d'horaire. Ce cas de figure concerne principalement les services de la distribution.

Sources



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