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Élections régionales françaises de 2010 : les affiches du FN jugées illégales

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Publié le 12 mars 2010
Le Tribunal de grande instance (TGI) de Marseille a condamné ce vendredi les affiches du Front national de la jeunesse (FNJ). En effet, le juge des référés les a déclaré illégales. Le parti, ainsi que Jean-Marie Le Pen, président du Front national (FN), ont en conséquence été condamnés à retirer les affiches de campagne des élections régionales jugées offensantes, notamment à l'égard des musulmans et de la population algérienne. Le 25 février dernier, le FN avait repris l'affiche de la campagne en Suisse de l'Union démocratique du centre (UDC), utilisée lors du référendum sur l'interdiction des minarets. L'affiche représente une femme portant le voile intégral islamique, devant une carte de France aux couleurs du drapeau de l'Algérie, avec sept minarets et le slogan « Non à l'islamisme ».

L'AFP a obtenu une copie de l'ordonnance du juge marseillais dans lequel celui-ci estime que « cette affiche est non seulement de nature à provoquer un sentiment de rejet et d'animosité à l'encontre d'un groupe de personnes dont sont visées les pratiques religieuses, les femmes et la nationalité, mais en outre s'adresse essentiellement à la jeunesse, de nature plus influençable ». « Cette affiche provocatrice est constitutive d'un trouble manifestement illicite », poursuit l'ordonnance qui condamne le FN et M. Le Pen — deux jours avant le premier tour des régionales — « à faire procéder à son retrait de tous les supports sur lesquels elle a été placée, de quelque nature qu'ils soient dans un délai de 24 heures […], puis sous astreinte de 500 euros par jour de retard ».

Le juge des référés avait été saisi par la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA), mais l'association avait été déboutée lundi à Marseille pour des raisons de procédure, tout comme le MRAP[1] qui, vendredi, a vu ses demandes rejetées par le tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine). À la suite de l'audience, à laquelle M. Le Pen a assisté, Me Michel Pezet, l'avocat de l'association a déclaré : « Je ne peux pas, au nom de la LICRA, être plus heureux de la décision qui vient d'être rendue par le juge des référés ». « C'est une affiche qui veut faire peur », avait plaidé l'avocat au tribunal. « Pour les besoins d'une cause, on a caricaturé l'islamisme. »

La controverse sur ces affiches a également pris une tournure internationale lorsque l'Algérie a protesté officiellement auprès de la France au sujet de l'utilisation du drapeau algérien pour dénoncer l'islamisme dans la campagne du FN. « C'est à l'État français de prendre les dispositions qui s'imposent lorsque des symboles de pays étrangers sont mis à genoux », avait déclaré lundi le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Le Quai d'Orsay a même dû intervenir dans le débat en indiquant que les protestations des autorités algériennes sont « légitimes » en déplorant « avec force l'usage indigne et dégradant d'un drapeau national à des fins électoralistes ».

Dans un communiqué, le parti a pour sa part exprimé « son indignation devant cette violation gravissime de la liberté d'opinion et de la liberté d'expression, en période électorale » et a annoncé qu'il fera appel de cette décision. Pour Jean-Marie Le Pen, cette affiche « fait partie de la liberté d'opinion », a-t-il clamé en mettant parallèlement en cause la tentative de « censure de ces organisations qui sont, on le sait bien, les bras armés de certains partis politiques : la LICRA, c'est l'UMP, le MRAP, c'est le Parti communiste, SOS Racisme, c'est le PS ». Il avait par ailleurs déploré avant l'audience de ce matin « cet acharnement des xéno-maniaques [ndlr : la LICRA] qui ont été déboutés sur leur premier procès et relancent cela ».

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