Gilets jaunes : samedi 2 février 2019

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Publié le 2 février 2019
Cette 78e journée des « Gilets jaunes » du samedi 2 février 2019 a été promue sous l’appellation acte XII pour faire suite à l'acte XI (samedi 26 janvier) et tout au début, l'acte I (samedi 17 novembre 2018). Le mouvement ne s'arrête pas pour autant en semaine en province où le mouvement qui se tasse reste quotidiennement plus suivi qu'à Paris, en France.

« Hommage aux blessés », c'est le mot d’ordre qui s'est dégagé pour l’acte 12 de la mobilisation des Gilets jaunes.

Cette journée est encore une réussite pour l’exécutif, car les violences et le nombre de personnes impliquées en France ont baissé par rapport à la semaine dernière.

Au total, cette journée a rassemblé selon le ministère de l'Intérieur, 58 600 (-10 400) participants en France, et 115 954 selon le collectif le Nombre jaune et 290 000 selon le syndicat Policiers en colère. Plus d'une cinquantaine de personnes ont été interpellées.

Lors d'une conférence de presse hier à place Beauvau, Christophe Castaner et Laurent Nunez ont affirmé qu'une centaine de forces mobiles seront sur le terrain partout en France ce samedi : le dispositif ne sera pas allégé, une centaine d'unités mobiles dans le pays, soit 80 000 agents.

Dans le journal belge Le Soir, l'ex président Francois Hollande a affirmé avoir « forcément » une « part de responsabilité » dans ce mouvement.

Dans le JDD, Laurent Solly, le vice-président de Facebook a affirmé que la France compte plus de 35 millions d’utilisateurs actifs de Facebook, 17 millions le sont sur Instagram et 26 millions utilisent Messenger : « Facebook n’a ni créé ni amplifié le mouvement des gilets jaunes ».

Le site internet franceinfo a publié une liste de 59 avocats dénonçant les "dérives" dans le traitement judiciaire des "gilets jaunes"

Vers 1h27 du matin, dans la nuit de ce vendredi au samedi, Eric Drouet a publié le message qu'il venait de recevoir de la part de Joachim Son-Forget pour savoir s'il devait répondre favorablement. A la fin du message, un sondage demandait si Eric doit répondre favorablement à l'invitation de Joachim Son-Forget. Le sondage propose de rencontrer d'autres personnalités susceptibles d'aider les Gilets jaunes telles que Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Hulot, le rappeur Doc Gynéco et l’astrophysicien Aurélien Barrau.

À Paris

Selon la Préfecture de police, 10 500 (+6500) personnes ont manifesté, 13 800 selon le comptage du cabinet Occurence pour un collectif de médias dont l'AFP. Au total, trente personnes ont été interpellées.

Vers midi, le cortège est parti depuis la place Félix Eboué, dans le XIIIe arrondissement vers la place de la République. Les manifestants blessés – avec notamment Jérôme Rodrigues - ouvraient la marche du cortège où l’on pouvait voir Priscillia Ludosky, Maxime Nicolle et Éric Drouet, derrière une banderole réclamant l'interdiction des grenades et des lanceurs de balles de défense (LBD) et un kaléidoscope montrant des visages tuméfiés.

Dans une autre vidéo, filmée au cours de la manifestation, des personnes ont scandé : « Paris, Paris, antifa », obligeant le service de sécurité des Gilets jaunes d'exfiltrer Jérome : « nous sommes obligés d’évacuer Monsieur Jérôme Rodrigues, apparemment les black blocs ont émis des menaces contre lui ». Les black blocs voulant chasser les membres d'ultra droite, ont chargé le service d’ordre, mais ils ont été repoussés. Après cette exfiltration, dans une vidéo, Jérome a assuré qu'« il y en a qui veulent s’en prendre à [lui] et foutre le bordel » mais plus tard, il a dit regretter avoir fait cette vidéo dans laquelle il a déclaré qu’on veut s’en prendre à lui, car ce qui c'est réellement passé, c'est que des tensions ont éclaté entre fafs et antifa à proximité de l’endroit où il se trouvait sans qu'il n'en soit aucunement la cible, mais ceux qui l'ont évacué ont cru à cette « rumeur » d'attaque qui lui a « pourrie » sa manif. Après son évacuation, Jérôme a pu regagner la manifestation.

Sur la place de la République, lieu d'arrivée du cortège, la situation s’est tendue en fin d’après-midi, les agents de l'ordre, soumis aux jets de projectiles, ont répondu par du gaz lacrymogènes, du LBD et d'un canon à eau.

Le président de l'Union nationale lycéenne, Louis Boyard, a affirmé qu'une balle de LBD ou une grenade de désencerclement lui a causé une entorse au pied gauche : l'urgentiste lui a interdit de poser le pied par terre pendant dix jours.

Originaire de Lisieux (Calvados), Thierry-Paul Valette a reçu une barre de fer sur son casque de chantier qui est tombé par terre sous l'effet du choc. Plus tôt dans la journée, il avait été pris à partie par des Gilets jaunes anti-élections et anti-parti.

Vers 16h40, des casseurs ont ouvert et pillé le conteneur «L’R de Jeux» rempli de jouet. Une première charge de la police a écarté les casseurs. Des Gilets jaunes sont arrivés pour ranger, mais ils ont été chargés à leur tour, avant que n’arrive une compagnie de CRS qui a laissé les Gilets jaunes ramasser les jouet.

Lors d'une manœuvre place de la république, la « CRS 8 » s'est retrouvée coincée sur le côté d’une bouche de métro, faisant face à près de deux cents manifestants. Les projectiles ont fusé, un lourd plot métallique est tombé au milieu des policiers faisant tomber à terre un major CRS touché au visage. Un manifestant s’est approché de lui et lui a assèné des coups de pieds notamment dans la tête, les pieds et les mains. Pour l’écarter, un CRS a fait un tir tendu au lanceur multicoups de grenades lacrymogènes. Dans un retrait rapide, la compagnie CRS 8 s'est replié à son point de départ, boulevard Voltaire. Sonné, le major blessé est resté dans un camion. Deux heures plus tard, il souffrait toujours de forts maux de tête et est amené à l'hôpital militaire Percy à Clamart dans le 92.

Place de la République, une dizaine de vitrines de magasins de téléphonie et de vêtements ont été étoilées ou fracassées, sur les façades, des tags anti-Macron et des appels à la révolution. Plusieurs échauffourées ont éclaté entre manifestants et agents de l’ordre.

Après l'agression d'Antoine, amputé de la main droite, des policiers sont venu vers lui et lui ont demandé si son agresseur portait un brassard rouge, comme celui des policiers.

Une street-medic blessée se trouvait à l’intérieur d'une boulangerie de la Maison Landemaine. Deux policiers ont débarqué dans la boulangerie, armés et cagoulés. Le responsable de la boulangerie a accepté de leur servir un café mais seulement s’ils enlevaient cagoules et armes. Ils n’ont pas apprécié », le ton est monté : « Tu vois une arme là ? », lui a demandé le policier. « Je ne sais pas, je vous préviens juste », lui a répondu l’homme sur le pas de la boutique. « Donc c’est bon, on peut passer ? », a insisté le fonctionnaire. « Si vous n’avez pas d’arme, oui », lui a répété le responsable. « Je crois que je vais aller ailleurs, et à un autre moment de la journée, je vais aussi regarder ailleurs », a lâché le policier, avant de partir.

Des commerçant « aux premières loges » ont confirmé que « ce ne sont pas les Gilets jaunes qui cassent, ce sont aussi les policiers qui y vont fort ».

Le créateur du média « Vécu », Gabin Formont, qui a donné la voix aux Gilets jaunes blessés, a publié une vidéo dans laquelle il se dit "écœuré" et qu'il a décidé de disparaitre du mouvement. L'appel à une contribution qu'a fait Gabin afin de financer son activité a été vu par certains Gilets jaunes comme une manière de s'enrichir sur le dos des pauvres qui l'ont carrément éjecté de la place où les blessés devaient parler aujourd'hui. Peu après, il a publié une seconde vidéo accompagnée d'une légende : « Voilà, deux mois de travail pour se faire traiter comme ça par un blessé pour qui j'ai tant fait... il raconte partout que je vole de l'argent aux blessés sur les cagnottes ».

Les canons à eau ont fait partir les manifestants qui voulaient rester pour une « Nuit jaune ».

En région

En région, des violences ont éclaté dans plusieurs ville de France hormis à Caen, Lille, Tours, Chateauroux ou encore Auxerre, où les manifestations plus calmes ont attiré à chaque fois plus de 1 000 Gilets jaunes par ville, 700 à Périgueux et 300 à Pau (Pyrénées-Atlantiques).

À Alixan, le général en retraite Didier Tauzin a répondu à l'invitation des Gilets jaunes.

À Arles, suite à la manifestation d'hier, des Gilets jaunes ont nettoyé les tagues et fait le ménage en ville.

À Avignon, un Gilet jaune a mordu un CRS alors qu’il avait refusé de se faire fouiller par les agents de l’ordre et a été placé en garde à vue.

À Bayonne, après la manifestation nocturne de 700 Gilets jaunes, un groupe d'individus cagoulés a brisé des vitrines d’agences bancaires ou d’assurances, vandalisé des distributeurs automatiques ou encore brisé des vitres et tagué le commissariat de police.

À Bordeaux, 4000 manifestants ont été une estimé par l’AFP, la préfecture n’a pas fait de comptage. Visées par toutes sortes de projectiles, les agents de l’ordre ont répliqué par des LBD. Au moins deux voitures ont été incendiées et plusieurs boutiques ont été pillées ou vandalisées. 19 personnes ont été interpellées sous la surveillance désormais traditionnel de l'hélicoptère.

À Dinan, les Gilets jaunes ont servi la soupe populaire.

À Lanjouan, comme prévu, les Gilets jaunes ont mis le feu à leur propre QG. Les gendarmes et les pompiers étaient sur place.

À Massy, à peine installé, un radar chantier a été mis hors service sur la RD980 sur la route de Cluny menant à Salornay-sur-Guye.

À Marseille, 2.000 manifestants se sont rassemblés selon la police. « Qu'est ce que c'est que d'aller à une manif avec un œil de moins, dans quel pays voit-on ça », a lancé M. Mélenchon. «1 800 blessés chez les Gilets jaunes et un millier de policiers blessés, et cet homme, M. Castaner, n'a rien à dire, pas le moindre mot de regret», s'est-il exclamé avant de rejoindre une manifestation. Les agents de l’ordre ont été victimes de tirs de projectile. Deux individus ont été interpellés boulevard Longchamp et boulevard Garibaldi où un policier a été frappé. La berline noire de l’eurodéputé et président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier qui a créé une cagnotte de 1,5 million d’euros en soutien aux forces de l’ordre, a été cerné par des gilets jaunes au détour d’une rue. Insulté, il a échappé de peu au caillassage de son véhicule : « Hé Muselier ! La cagnotte pour les policiers, la cagnotte pour le LBD… » « Vous n’avez pas honte ? Vous êtes une honte ! ». Des vitrines de commerces ont été brisées. En conséquence, quatre personnes ont été arrêtées par les policiers.

À Montpellier, 400 manifestants se sont rassemblés selon la police, plus d'un millier selon l'AFP et 2 000 selon Franceinfo. Des bombes agricoles ont explosé dans le cortège, mais sans provoquer d’incident.

À Morlaix, la manifestation a réuni de 2 000 Gilets jaunes. Aux abords d’un barrage des forces de l’ordre, des heurts ont éclaté. Aux jets de projectiles et d’engins explosifs, les forces de l’ordre ont répliqué du gaz lacrymogène. Après avoir reçu un jet de bouteille, un CRS a été évacué au Chu de Morlaix puis transporté au CHU Brest pour une intervention d'un chirurgien dentiste: plusieurs dents cassées, d'autres déchaussées et plusieurs points sur une lèvre. Quatre personnes ont été interpellées, dont l’agresseur du CRS blessé. Du personnel communal a été pris à partie alors qu’ils rouvraient la circulation dans le centre-ville.

À Nancy, un policier a été blessé et 12 personnes interpellées.

À Nantes, la préfecture n’a pas fourni de chiffre de participation. Entre 1.500 et 2.000 Gilets jaunes ont défilé d'après France3. Aux jets de projectiles, les forces de l’ordre ont répliqué par des grenades de gaz lacrymogène. De nombreux commerces et établissements bancaires ont été dégradés, ainsi qu’un établissement MacDonald’s. Deux policiers ont été blessés, dont un par un pavé. La grille d’un hôtel particulier abritant la BNP a été forcée et des poubelles incendiées dans la cour. Un manifestant a été interpellé. Un photographe indépendant a lui aussi été blessé à la lèvre.

À Nice, Gilets jaunes et ”stylos rouges” ont manifesté chacun de leur côté.


À Rennes, 1 500 manifestants personnes ont manifesté dans le cadre d’une journée nationale d’action, qui a rassemblé plusieurs cortèges dans une vingtaine de villes à travers l’Hexagone contre la loi Asile.

À Saint Quentin, de clans de Gilets jaunes se sont opposés. Une femme a été blessée à la main.

À Strasbourg, 1.300 personnes se sont mobilisées, voir « quelques milliers » de manifestants pour l’AFP (la préfecture n’a pas fait de comptage). Avenue de la Paix, au passage du cortège devant la Grande Synagogue dans laquelle il reste du monde à l'intérieur, des invectives " à caractère raciste et antisémite" fusent contre la communauté juive : « Rendez l'argent, sales juifs ! ». Des pétards sont lancés contre la porte de la synagogue, un homme urine contre le mur. Avenue des Vosges, des manifestants ont scandé “Juifs dehors !” aux passants portant une kippa et en leur faisant des doigts d’honneur. Dans le cortège, des manifestants se sont aussitôt désolidarisés. Les agents de l’ordre ont essuyé de nombreux projectiles et ont fait usage de grenades lacrymogènes. 9 personnes ont été blessés dont 8 policiers et un gendarme et 19 personnes ont été interpellés.

À Toulouse, la préfecture n’a pas fait de comptage mais France3 a recensé plusieurs milliers de Gilets jaunes, tandis qu'un autre cortège de 50 personnes a été déclaré et formé par un Gilet jaune qui a été menacé suite à la divulgation de son passé de militant politique au RN. Pour lui, ce sera sa dernière manifestation. Des manifestants ont lancé des projectiles sur les agents de l'ordre, ce à quoi ils ont riposté en envoyant du gaz lacrymogène. 17 personnes ont été placées en garde à vue et 4 agents de l’ordre et 4 civils ont été blessés légers dont Jérôme, un observateur de l'OPP (Observatoire des pratiques policières) et de la LDH, facilement identifiable « avec sa chasuble jaune et bleu » et son casque a malgré tout été blessé à la tête par « un projectile de la police ». Une douzaine d’observateurs étaient présent.

À Valence, 6000 manifestants se sont rassemblé après avoir franchi trente check-points contrôlés par plus de 800 agents de l'ordre, en nombre plus impressionnant que les samedis précédents et qui ont interpellé 18 personnes et saisi une centaine « d'armes blanches ou par destination ». Un agent de l'ordre a été blessé suite à jet d'un projectile et évacué vers les urgences pour la mise en place d'une attelle poignet/pouce.

Au péage de Tain-l'Hermitage, près de Valence, deux Gilets jaunes âgé de 27 ans, l'un conseiller municipal d’opposition (Rassemblement national) de Tarare et installeur de réseaux GSM, et son ami, un serrurier au chômage, ont été contrôlés en possession d'une hache de 35 centimètres de long, un casque de moto, des pétards de poudre noire, fumigènes, et un engin explosif artisanal : une mini grenade fabriquée à partir du cylindre en carton d'un rouleau de papier toilette contenant des billes de plastique . Les deux hommes ont répondu qu’ils sont destinés à une partie d’airsoft. Ils ont été placés en garde à vu et seront jugés lundi en comparution immédiate.

À Valenciennes (Nord), à la Sentinelle, les Gilets jaunes ont soutenu le combat de Christian face au handicap.

À l'étranger

En Allemagne, à Stuttgart, plusieurs centaines de Gilets jaunes allemands se sont rassemblés pour dénoncer les interdictions de circulation de vieux diesels imposées depuis le début de l'année par la justice.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

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