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France : le NPA choisit Philippe Poutou comme candidat à la présidentielle

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Le Nouveau Parti anticapitaliste a décidé de présenter Philippe Poutou, ouvrier et syndicaliste, comme candidat à l'élection présidentielle de 2012. Très peu connu, celui-ci devra notamment rassembler un parti divisé.

Drapeaux et banderoles du NPA lors d'une manifestation à Paris contre la réforme du système de retraite, le 2 octobre 2010.

Publié le 26 juin 2011
Les délégués élus par les militants du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ont désigné à 53 % Philippe Poutou comme candidat à l'élection présidentielle qui se tiendra les 22 mai et 6 juin prochains. Réunis hier et aujourd'hui en conférence nationale, ils se sont prononcés par 122 voix pour et 50 contre en faveur de cet ouvrier de 44 ans, suivant en cela l'avis majoritaire de la commission des candidatures. 11 délégués se sont abstenus et 47 n'ont pas participé au vote. Le parti va donc se lancer dans la collecte des 500 signatures d'élus nécessaires pour que leur candidat puisse participer à l'élection.

Ouvrier à l'usine Ford de Blanquefort (Gironde), Philippe Poutou était militant à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) avant d'adhérer au NPA. Délégué de la Confédération générale du travail (CGT), il s'est fait connaître des médias en tant que syndicaliste, notamment en 2010 quand le constructeur automobile américain a annoncé la fin de la production sur le site, menaçant ainsi 2 000 emplois. Le conflit social qui s'ensuivit fut un succès partiel puisque la direction annonça en mai 2011 que 955 emplois seraient pérennisés. M. Poutou fut également candidat de la LCR en Gironde pour les élections législatives de 2007 (2,70 %), puis tête de liste du NPA en Aquitaine pour les régionales de 2010 (2,52 %) ; il fut en deuxième position sur la liste du NPA aux élections européennes de 2009 dans le Sud-Ouest (5,30 %)[1]. Malgré cela, il est quasi-inconnu dans l'opinion publique.

Les autres candidats possibles étaient les deux porte-parole, Myriam Martin et Christine Poupin, ainsi que Régis Louail, ouvrier chez Renault et militant politique et syndical. La Ligue communiste révolutionnaire, qui est à l'origine du Nouveau Parti anticapitaliste, avait présenté Olivier Besancenot aux élections présidentielles de 2002 et 2007. Jeune, dynamique et bon orateur, il avait réussi à acquérir dans l'opinion une importante sympathie qui avait été utilisée lors du lancement du NPA, vu comme un rassemblement anticapitaliste plus large que la LCR, petit parti trotskyste. Mais M. Besancenot avait annoncé début mai dans un courrier rendu public qu'il ne comptait pas être de nouveau candidat en 2012, mettant en garde « contre les risques politiques de la personnalisation à outrance » du parti. Il avait notamment pointé du doigt le fait que sa candidature avait été construite progressivement alors qu'il n'était que simple postier, et proposé de renouveler cette « audace » en continuant « de surprendre en présentant aujourd'hui d'autres anonymes » aux élections. Il avait également justifié son geste pour éviter que le parti ne se fige dans un comportement « conservateur » en ayant un « candidat rituel à l'élection présidentielle ». Le retrait de celui que beaucoup de militants voyaient comme le candidat naturel avait cependant jeté le parti dans l'incertitude.

Lors des élections dans les assemblées locales pour désigner leurs délégués, les militants ont eu à choisir entre trois textes nationaux, plus d'éventuelles positions locales. Le texte A, soutenu notamment par Alain Krivine, Christine Poupin et Olivier Besancenot, est arrivé en tête avec 50,2 % des suffrages. Le texte B, que soutenait entre autres Myriam Martin, en a recueilli 40,2 %. Les deux plateformes s'opposaient notamment sur l'attitude à avoir envers le Front de gauche, le texte A dressant un constat d'échec des discussions tandis que le texte B défendait une poursuite des négociations[2]. Les tenants de la position B remettaient également en cause l'existence d'une commission des candidatures, estimant que le candidat devait être choisi parmi les porte-parole ; Myriam Martin, la plus jeune des deux, avait leur préférence.

Les relations avec les différentes composantes de la gauche radicale, et notamment le Front de gauche, font partie des divergences au sein du NPA. 3 100 militants ont voté lors des assemblées locales de juin. Le parti revendiquait en février 6 000 membres, dont 4 500 à jour de cotisation. Il y a donc une baisse importante du nombre d'adhérents en comparaison aux plus de 9 000 de février 2009, lors de la fondation du parti, que certains attribuent à un repli sur les positions de l'ancienne LCR. Philippe Poutou, qui devra regrouper son parti, a déclaré aujourd'hui en conférence de presse qu'il « n'est pas question qu['il soit] un super candidat comme Olivier Besancenot. Il faut montrer un visage plus collectif pour éviter la personnalisation ».

À la gauche du Parti socialiste, Lutte ouvrière présente Nathalie Arthaud et le Front de gauche Jean-Luc Mélenchon, après que, le 18 juin dernier, les militants du Parti communiste français ont décidé à 59 % de se ranger derrière lui. Le Nouveau Parti anticapitaliste devra donc faire entendre son message alors que la gauche radicale n'a pas réussi à se rassembler : il entend promouvoir « un programme pour les luttes, pour leur généralisation », porté par « un candidat anticapitaliste, féministe, écologiste, antiraciste, internationaliste ». Le NPA compte mener une campagne collective et défendre notamment la socialisation des banques sous contrôle populaire, l'interdiction des licenciements, la planification énergétique et la sortie du nucléaire, la lutte contre les discriminations raciales et sexuelles, ainsi que la solidarité avec les travailleurs et les peuples opprimés ou en lutte, notamment en Europe et dans le monde arabe.

Notes

Voir aussi

Sources



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