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Europe : le Parlement européen reconnait l'esclavage comme un crime contre l'humanité

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Hémycicle du Parlement européen (Bruxelles)
Hémicycle du Parlement européen à Bruxelles

Publié le 20 juin 2020
Vendredi 19 juin, le Parlement européen a adopté une résolution symbolique proposée par le député européen d'origine réunionnaise, Younous Omarjee, « sur les manifestations contre le racisme après la Mort de George Floyd ». Le texte prévoit des mesures fortes contre les discriminations et les violences policières et reconnait l'esclavage comme « crime contre l'humanité ». Il a été adopté à une large majorité de 483 voix contre 104 et 67 abstentions.

Le 2 décembre devient jour de commémoration européenne de l’abolition de la traite des esclaves.

Reconnaissance du mouvement « Black Lives Matter »

Le premier paragraphe est un message clair en faveur du mouvement « Black Lives Matter » qui secoue les États-Unis et le reste du monde : « La vie des Noirs compte. » Le Parlement européen condamne également « la mort affreuse de George Floyd aux États-Unis, ainsi que les meurtres similaires ailleurs dans le monde ».

L'esclavage est donc reconnu comme crime contre l'humanité, et les eurodéputés demandent qu'une journée européenne (le 2 décembre) soit consacrée à la commémoration de l'abolition de l'esclavage. Pour aller plus loin, ils invitent « les États membres à dénoncer les traditions racistes et afrophobes, telles que la pratique du grimage en noir » (Blackface) et condamnent « le suprémacisme blanc sous toutes ses formes, y compris l’utilisation de slogans qui visent à saper ou à affaiblir le mouvement «Black Lives Matter ». En France, lors d'une manifestation contre le racisme et les violences policières à Paris le 13 juin dernier, des identitaires de l'ultra-droite avait déployé une banderole « White Lives Matter ». Douze personnes ont été interpellées, mais aucune n'a fait de garde à vue.

Le Parlement « encourage les États membres à inscrire l’histoire des personnes noires, des personnes de couleur et des Roms dans leurs programmes scolaires » et demande de prendre en compte l'Intersectionnalité dans les politiques de lutte contre la discrimination ; c'est-à-dire de tenir compte des discriminations spécifiques que certaines femmes noires subissent du fait de leur couleur de peau et de leur genre combinés. Pour mesurer toutes ces discriminations, le Parlement n'interdit pas les statistiques ethniques, mais les limitent au « seul but d’identifier les racines du racisme ».

Contre les violences policières

Le Parlement européen prend également position très clairement contre les violences policières et « s’inquiète profondément des cas signalés d’extrémisme de droite dans les forces de sécurité ». Il en appelle à « accroître la diversité au sein des forces de police » et « condamne le profilage racial et ethnique utilisé par la police ». Le Parlement rappelle que les États-membres doivent mettre en place une « police des polices », indépendante et transparente, pour enquêter sur les cas de brutalité policière et appelle à la création d'un « Code européen d’éthique de la police ».

Enfin, les députés européens rappellent que « les citoyens ont le droit de filmer les scènes de violence policière en guise de preuve et qu’ils ne devraient jamais être menacés par la police ou l’autorité compétente lorsqu’ils filment, ni être obligés de détruire les preuves. » C'est ce qui est arrivé à une eurodéputée de 71 ans, Pierrette Herzberger-Fofana. Alors qu'elle prenait une photo d'une arrestation de police à Bruxelles, la députée allemande née au Mali affirme que des policiers lui ont pris son téléphone et l'ont plaquée contre un mur:

« En quittant la Gare du Nord de Bruxelles, j'ai vu neuf policiers harceler deux jeunes hommes noirs. J'avais mon téléphone portable et j'ai pris une photo de la scène avec, ce qui est légal. Les policiers se sont alors approchés de moi et m'ont arraché le téléphone des mains. Quatre des neuf policiers armés m'ont brutalement poussée contre un mur, ils ont violemment saisi mon sac à main, ils m'ont bloquée contre le mur, les jambes écartées, et un policier a voulu me fouiller. J'ai été traitée de façon humiliante. »

Le président du Parlement européen, David Sassoli, l'a tout de suite soutenue et a demandé aux autorités belges de s'expliquer sur cet incident. La police belge nie toute violence ; une enquête interne est en cours.

Dans sa résolution, le Parlement européen en demande que les institutions européennes « adoptent une position forte et résolue contre le racisme, la violence et l’injustice en Europe ».


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