Électricité : la consommation est destiné à augmenter dans le cadre de la transition énergétique
Publié le 21 février 2022
Le dernier rapport de RTE publié en octobre 2021 et dont les analyses approfondies et compléments sont parues le 16 février 2022 donne plusieurs trajectoires possibles de consommation et de production électrique, avec une hausse attendue d'environ 35 % pour atteindre 645 TWh en 2050 portée par l'électrification des usages fossiles dans les transports (notamment les voitures électriques), le résidentiel (chauffage électrique et pompe à chaleur) et l'industrie (dont la production d'hydrogène vert). Mais la consommation pourrait se trouver plus faible (555 TWh dans le scénario « sobriété ») ou plus élevée (755 TWh dans le scénario « réindustrialisation profonde »).
Le scénario « sobriété » implique un changement du mode de vie des citoyens avec davantage de télétravail et moins de consommation de biens et moins de déplacements individuels. Ce scénario implique d'installer des infrastructures renouvelables (éoliennes, panneaux solaires) même si le rythme d'installation devra être nettement plus élevé qu'aujourd'hui et le coût de ce système sera 10 milliards d'euros inférieur au scénario de référence sur l'ensemble du système (production, flexibilités et réseau).
À l'inverse, le scénario « réindustrialisation profonde » coûte 10 milliards de plus que le scénario de référence et accroît les besoins en production d'électricité renouvelable sachant que la capacité d'EDF à construire de nouvelles installations nucléaires est limitée (à 14 EPR2 et 20 petits réacteurs modulaires) mais permettrait d'éviter davantage d'émission de CO2 en relocalisant une partie de la production industrielle sur le territoire français plutôt que dans des pays dont le mix électrique est plus polluant (Chine, Inde, États-Unis).
Tous les scénarios produits par RTE contiennent 0 % d'énergie fossile dans le mix c'est à dire que toute l'électricité produite provient du nucléaire et des renouvelables. Ces scénarios ont pour objectif d'amener la France à la neutralité carbone d'ici à 2050 et sans surprise, la décarbonation de l'économie doit permettre de réduire le NOx, le dioxyde de souffre et les particules fines.
RTE prévoit que la consommation d'électricité augmente mais que la consommation totale d'énergie (électricité, gaz, pétrole, biomasse, ...) diminue de 40 % pour passer de 1 600 TWh à 930 TWh par an. Par conséquent, la part de l'électricité devrait passer de 25 à 55 %, le reste de l'énergie devrait être composé d'énergie renouvelable non-électrique (déchets et chaleur), de gaz décarboné et d'une très fine part d'énergie fossile.
Se passer du nucléaire dans le mix électrique implique d'après RTE une « contrainte très forte » sur le rythme de développement des énergies renouvelables et la gestion de l'intermittence. Par ailleurs, le scénario « 100 % renouvelable » est en effet le plus émetteur en gaz à effet de serre, si l’on prend en compte l’ensemble du cycle de vie du système énergétique mais qui reste très faible. De même, le rapport souligne bien que le scénario qui table sur 50 % d’électricité nucléaire est aussi un pari technologique, puisqu’il suppose de développer des « petits réacteurs modulaires » dont la France ne maîtrise encore pas la technologie ainsi que de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires ancienne génération au-delà de 60 ans ce qui reste incertain.
Sources
[modifier | modifier le wikicode]((fr)) – « Sobriété ou forte réindustrialisation: les scénarios électriques pour la France en 2050 ». GEO, 16 février 2022.
((fr)) – « Futurs énergétiques 2050 : les scénarios de mix de production à l’étude permettant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 ». RTE, 16 février 2022.
((fr)) – « Que faut-il retenir du rapport de RTE qui prévoit une neutralité carbone en 2050 ? ». Public sénat, 26 octobre 2021.