Échec du retour en vol des navettes spatiales de la NASA
Publié le 28 juillet 2005
Après le décollage réussi de la navette Discovery le 26 juillet dernier, la NASA a annoncé le 28 juillet qu'elle suspendait jusqu'à nouvel ordre les vols de ses navettes spatiales. À la suite de l'éjection de plusieurs débris, dont un morceau de mousse isolante, la même qui avait causé la désintégration lors de la rentrée dans l'atmosphère de la navette Columbia avec ses sept membres d'équipage, le 1er février 2003.
Les débris
Après avoir dépensé environ 1 milliard de dollars dans l'amélioration de la sécurité de son programme navette spatiale, la NASA s'est montrée incapable de résoudre le principal défaut que la Commission d'enquête de la catastrophe de Columbia avait relevé : l'éjection de morceaux de mousse isolante du réservoir central. C'est cette même mousse qui avait endommagé le bouclier thermique de Columbia et qui avait été la cause de sa désintégration.
Le fait que cette fois-ci la mousse n'ait pas percuté le bouclier thermique de la navette n'est dû qu'à la chance. Et cet état de fait a poussé la NASA à suspendre les vols des autres navettes. Le directeur du programme navette spatiale, Bill Parsons, a déclaré : « Tant que nous ne serons pas prêts, nous ne revolerons pas. Je ne peux pas fixer d'échéance », mais « beaucoup de travail » sera nécessaire pour résoudre ce problème et peut-être reprendre un jour le vol des navettes.
Les ingénieurs de la NASA avaient hésité à supprimer purement et simplement cette mousse. Mais aujourd'hui, Bill Parsons a déclaré : « nous avons eu tort ». Et c'est un coup dur pour la NASA. Car le Congrès des États-Unis a toujours été plus ou moins hostile au programme navette spatiale, qui coûte extrêmement cher à maintenir.
Entailles sur les tuiles en céramique
Grâce à l'important dispositif de surveillance mis en place par la NASA pour le décollage de Discovery, l'agence spatiale a pu détecter deux entailles sur les tuiles en céramique constituant le bouclier thermique de la navette.
Il semblerait que ces entailles ne remettent pas en cause la sureté de la navette et à ce sujet, le directeur adjoint du programme des navettes, Wayne Hale, a déclaré que « Discovery semble en bon état ». Le 29 juillet, à l'aide de plusieurs équipements créés à la suite du renforcement des procédures de sécurité, l'équipage de la navette effectuera une vérification plus en profondeur et pourra même effectuer des réparations s'il y a lieu.
Les conséquences pour la Station spatiale internationale
La navette spatiale est actuellement arrimée à la Station spatiale internationale (ISS), auquelle elle apporte plusieurs tonnes de matériels divers.
Le programme navette spatiale est un maillon essentiel dans la construction de l'ISS. C'est elle qui a mis sur orbite les plus gros éléments de l'ISS. Alors qu'avant la destruction de Columbia il restait 28 lancements à effectuer, la NASA a ramené ce nombre à 15 à la suite de la catastrophe de 2003. Et si le programme venait à reprendre, cette suspension risque de réduire encore ce nombre. Car la fin du service des navettes est prévu pour 2010.
Or, il reste encore plusieurs modules à lancer, notamment les modules scientifiques européen (Columbus) et japonais (JEM) et ces lancements ont déjà pris énormément de retard. Pour la petite histoire, le module européen se nomme Columbus en hommage à Christophe Colomb et devait célébrer les 500 ans de sa découverte du continent américain. Ce qui fait 13 ans de retard...
Pour sa part, l'Agence spatiale fédérale russe (FKA) a plusieurs fois déclaré qu'elle ne pourrait assumer seule la charge de l'envoi d'astronautes sur l'ISS, ainsi que son ravitaillement.
Dans ses conditions, la fin de la construction de l'ISS est fortement compromise.
Voir aussi
- Le lancement de la navette « Discovery » est un succès, 26 juillet 2005
- « Discovery » doit faire face à deux détachements de débris, 27 juillet 2005
Sources
- ((fr)) – Olivier Poch, « Discovery : la NASA admet l'échec de son retour en vol "c'était une erreur" ». Futura-Sciences, 28 juillet 2005.