Arras : attaque au couteau au lycée Gambetta, un homme de 20 ans tue un professeur, trois autres blessés

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Publié le 14 octobre 2023

Le vendredi 13 octobre 2023, un homme de 20 ans muni d'une arme blanche s'est introduit au lycée Gambetta d'Arras, en France et a agressé deux enseignants (un professeur de français et un professeur d'éducation physique et sportive) ainsi que deux agents (un employé de la Région et responsable des agents de l'établissement ainsi qu'un agent d'entretien). Il a été rapidement interpellé par la police.

Cette attaque survient à trois jours du troisième anniversaire de la mort de Samuel Paty, assassiné puis décapité à coups de couteau le 16 octobre 2020 à Éragny-sur-Oise, à la sortie du collège de Conflans-Sainte-Honorine où il était professeur d'histoire-géographie.

Le même jour, une autre tentative d'attentat a été déjouée, cette fois-ci à Limay. Un homme également fiché S pour radicalisation a été interpellé à proximité du lycée Condorcet à 14 h 45. L'homme suivait un groupe de lycéennes et portait une arme blanche avec une lame de dix centimètres. Il sortait d'une salle de prière et a été placé en garde à vue pour port d'arme de catégorie D. Selon le parquet de Versailles, l'homme ne brandissait ni n'exhibait son couteau, et ne menaçait personne.

Déroulement[modifier | modifier le wikicode]

Vers 11 h, Mohammed Mogouchkov, un homme né en 2003 à Malgobek, de citoyenneté russe et fiché S arrive à pied à proximité du lycée armé d'un couteau. Devant l'entrée de l'établissement, il agresse un enseignant de français de 57 ans, Dominique Bernard, né en 1966 à Arras avec l'arme blanche et le poignarde mortellement à la gorge et au thorax. L'enseignant d'EPS, David Verhaeghe, se dirige alors vers son collègue pour lui venir en aide mais est lui aussi poignardé par l'assaillant, qui le blesse à la gorge et au visage.

Mohammed Mogouchkov pénètre ensuite à l'intérieur de l'établissement et se rend dans la cour située à l'arrière de celui-ci, où il larde de plusieurs coups de couteau un employé de la Région et responsable des agents de l'établissement, Jacques Davoli, avant de s'en prendre à un agent d'entretien. Cette partie de l'attaque fait l'objet de vidéos prises par des élèves du lycée, confinés à l'intérieur de leurs salles de classe.

Alertés par téléphone, les services de police se présentent sur les lieux « quatre minutes après l'appel » et interpellent Mohammed Mogouchkov à 11 h 9 en utilisant à deux reprises un pistolet à impulsion électrique.

La sous-direction anti-terroriste (SDAT) s'est très rapidement saisie des faits. Le parquet national antiterroriste (PNAT) a décidé d'ouvrir une enquête pour assassinat, tentatives d'assassinat et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. L'assaillant était surveillé par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et avait subi un contrôle la veille de l'attaque, le 12 octobre 2023, au terme duquel aucune infraction ne lui avait été reprochée.

Emmanuel Macron en novembre 2022.

Réaction du président de la République française[modifier | modifier le wikicode]

Vers 17 h, le président de la République française, Emmanuel Macron, accompagné de Gérald Darmanin et de Gabriel Attal, s'est exprimé à Arras :

« J’ai souhaité, avec le Ministre de l’Intérieur et des Outre-mer et le Ministre de l’Éducation nationale, être présent dès cet après-midi à Arras. Ici, au sein de cet établissement scolaire qui a été frappé une fois encore par la barbarie du terrorisme islamiste.
Un enseignant a été tué. Il y a deux blessés en situation très grave qui sont en train de lutter contre la mort. Et je veux évidemment avoir une pensée avant tout pour cet enseignant qui, aujourd'hui, a été lâchement et sauvagement assassiné, pour sa famille et pour la famille des deux blessés.
Presque trois ans jour pour jour après l'assassinat de Samuel Paty, c’est à nouveau dans une école que frappe le terrorisme et dans un contexte que nous connaissons tous. Et je veux ici saluer avant toute chose l'extraordinaire courage du proviseur, des enseignants, de toute la communauté pédagogique, des élèves que nous avons vus ici, des personnels administratifs qui les accompagnent et de tous les élus du territoire qui font bloc autour d'eux. L'enseignant qui a été tué s'est interposé d'abord et a sans doute sauvé lui-même beaucoup de vies. Son collègue gravement blessé, le personnel qui a été aussi grièvement blessé, ont eu le même courage ; mais le proviseur aussi et beaucoup d'autres dans ce moment. Et je veux ici leur rendre hommage, rendre hommage à tous nos enseignants et dire combien nous sommes à leurs côtés dans ce moment, trois ans après.
Je veux également féliciter et saluer la réactivité de l’ensemble des services de sécurité intérieure, la justice et les services de secours et de soins. La police a pu intervenir quelques minutes, 4 minutes, après l'appel. Et c'est par la rapidité de sa réaction, le grand professionnalisme de nos policiers que nous avons sans doute pu éviter un bilan encore plus grave. Et je veux ici les en remercier très solennellement, remercier nos policiers et nos gendarmes, l'ensemble des forces qui sont évidemment engagées dans l'enquête, remercier aussi nos magistrats qui se sont tout de suite saisis du dossier. Le procureur national antiterroriste s'est saisi de l'affaire. Il l'a qualifiée d'acte terroriste et il s'exprimera dans les heures qui viennent pour donner les premiers détails et pouvoir vous renseigner sur l'enquête elle-même et son environnement. Le Ministre de l'Intérieur s'exprimera ce soir à 20h pour lui aussi expliquer ce qui a été fait au moment où ces interventions étaient faites. Au moins une autre intervention a permis de déjouer une tentative d'attentat qui était en cours dans une autre région.
Je veux également saluer l'extraordinaire courage et la réactivité de nos soignants : le SAMU est intervenu, lui aussi, en quelques minutes, accompagné de nos sapeurs-pompiers, de la protection civile et de l’ensemble de celles et ceux qui ont permis de secourir des vies - là aussi, j’espère de sauver nos deux blessés - et de l’ensemble des services d’accompagnement psychologique qui encore en ce moment sont en train d’accompagner plusieurs dizaines d’enseignants, d’enfants, d’adolescents qui ont été profondément choqués par ce qu’ils ont vu.
Je suis là pour témoigner du soutien de la nation, pour dire que nous faisons bloc et que nous tenons debout. Et la plus belle preuve en est donnée par le choix qui a été fait par le proviseur : il a décidé de rouvrir demain l'établissement. Les élèves qui le souhaitent pourront revenir, les enseignants qui le souhaitent pourront revenir.
Le choix est fait de ne pas céder à la terreur, de ne rien laisser nous diviser. Et de rappeler aussi combien l'école et la transmission sont au cœur justement de cette lutte contre l'obscurantisme. Le ministre de l'Éducation nationale recevra ce soir même les syndicats. Et évidemment, nous continuerons d'accompagner, de protéger toutes nos écoles, comme c'est le cas aujourd'hui avec, vous le savez, des patrouilles permanentes, ce qui a permis une intervention assez rapide et d'être aux côtés de nos enseignants.
Restons unis, comme je le disais hier soir, groupés et debout.
Je vous remercie. »

— Emmanuel Macron

Sources[modifier | modifier le wikicode]

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14 octobre 2023

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