Union européenne : vers une disparition de l'euro ?

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Siège de la Banque centrale européenne.

Publié le 24 novembre 2011
Le dernier numéro de Monde et Vie consacre un débat sur l'avenir – sombre – de l'euro. Deux économistes débattent, l'un, Christian Saint-Étienne, est pour un plus grand fédéralisme européen, l'autre, Alain Cotta, y étant opposé. Selon les intéressés, l'euro n'est qu'une monnaie créée par les politiques. « Nous avons cru partager une monnaie en partageant un bout de papier ! Or, ce qu’il importe de partager, ce sont les mêmes taux d’intérêts et les mêmes taux de change, pour pouvoir redistribuer les ressources à l’intérieur de la zone ; car quand on crée une zone monétaire, les régions qui la composent se spécialisent ipso facto en fonction de leurs avantages comparatifs. », note Christian Saint-Étienne. « La société française ne s’intéresse pas à l’économie et c’est également vrai pour les politiques. Un député auquel je demandais récemment combien de ses collègues étaient capables de comprendre ce qui se passe aujourd’hui, m’a répondu :“ pas plus d’une dizaine !” Dix députés seulement peuvent donc comprendre quelles sont les conditions nécessaires et suffisantes à l’existence de l’euro! Bien avant sa création, on savait que cette monnaie n’était techniquement pas viable, pour les raisons qu’a exposées Christian Saint-Etienne. L’euro est une création politique, défendue par les politiques. » ajoute Alain Cotta.

Les deux économistes s'accordent sur une sortie de la Grèce de l'euro, pour Noël, ou dans les semaines qui suivront. Les banques françaises ont déjà provisionné pour 60 % la créance qu'ils ont sur la Grèce. « Pour ce faire, les banques ont systématiquement élevé les frais de gestion, de commissions et autres… C’est donc le consommateur français qui a payé les 2,3 milliards de provision pour la Grèce ! C’est ce que veulent les politiques : faire payer les consommateurs, lentement, à coup de rustines » ajoute Alain Cotta. Par la suite, en retournant à la drachme, les Grecs pourront dévaluer de 50 %, le manque à gagner pour les banques étant déjà passé par pertes et profits.

La zone euro pourrait dont se recentrer sur un noyau dur autour de l'Allemagne qui serait en mesure de dominer les débats. Christian Saint-Étienne envisage plusieurs scénarios, y compris la disparition de la France. À l'en croire, les yeux de l'Allemagne se sont toujours portés en direction de l'Oural, Angela Merkel n'y fait pas exception. Ce serait la revanche de 1945. Il envisage un autre scénario, celui d'un noyau dur de l'euro : « Cette zone serait sans doute soumise à un certain ordre teutonique, mais numériquement, avec les Italiens et les Espagnols, nous serions majoritaires. C’est l’Europe carolingienne, le retour à l’empire de Charlemagne ! » ajoute-til en substance. Sur ce, Alain Cotta répliqua : « Le scénario de notre ami me paraît exclu. Les Allemands ne veulent pas des pays du sud et ne les accepteront jamais dans une Europe fédérale. Quant aux Italiens, ils n’ont jamais été européens. Ils ont déjà assez de mal à être Italiens ! »

Les deux intéressés s'accordent que le plan imposé au forceps par Nicolas Sarkozy est un semi-échec, du moins pour deux de ses volets : le plan d'aide à la Grèce et sur son financement. En revanche, les banques seront recapitalisées à hauteur de 106 milliards d'euros ; les consommateurs – et non les spéculateurs – en supporteront toute la charge sur plusieurs années.

Source

  • ((fr)) – Eric Letty« Dossier : Euro, la fin d'une idéologie ». Monde et Vie, page 8n° 851, 19 novembre 2011.