Suède : le Parti social-démocrate cherche encore son chef

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Mona Sahlin en 2009, désormais ex-présidente du Parti social-démocrate suédois.

Publié le 15 novembre 2010
Mona Sahlin, actuelle chef du Parti social-démocrate, a annoncé hier sa démission. Le parti était depuis trois mois en quête d'un nouveau dirigeant, et la réélection quelques jours auparavant de sa dirigeante pugnace et charismatique n'a donc abouti qu'à une impasse.

La nécessité de rénovation du parti était devenue évidente, après la défaite aux élections de 2006, venues mettre un terme à douze années passées aux affaires du pays. La recherche de nouveaux dirigeants, et de nouveaux moyens de collaborer, à la fois entre membres et à l'extérieur du mouvement, avaient mené à une solution stérile : l'alliance (dite coalition rouge-verte) avec le Parti de gauche (Vänsterpartiet) et les écologistes avait abouti à une nouvelle défaite aux élections de 2010, encore plus cinglante que les précédentes. Le Parti social-démocrate avait alors perdu son électorat historique composée alors de la classe moyenne. Les nouvelles élections de 2014 donnent une nouvelle date butoir pour sa remise sur pieds selon Marita Ulvskog, députée européenne.

Les jugements les plus sévères émanent des divers bords de la classe politique : « Ce n'est vraiment pas la bonne solution que de chercher d'abord les personnes, et seulement ensuite la politique à mener », selon Anne-Marie Lindgren, idéologue du parti depuis de nombreuses années et directrice d'études à Arbertarrörelsen Tankesmedia. Irene Wennemo, ancienne chargée de l'emploi à la confédération syndicale LO, juge que les démarches de réflexion et de rénovations semblent en effet avoir été laissées au point mort depuis bien des années. Et d'ajouter que le congrès de 2007, qui avait élu Mona Sahlin, n'avait été qu'un grand spectacle de son et lumière en l'honneur de la nouvelle dirigeante, et de son prédécesseur Göran Persson. Les questions politiques essentielles que sont l'économie, l'environnement et l'immigration n'ont fait l'objet d'aucun traitement réel selon Margareta Winberg, ancienne vice-premier ministre, et partisane de la première heure de Mona Sahlin.

Quant à la désignation d'un nouveau dirigeant, c'est encore une nébuleuse qui peine à trouver ses contours, après la démission de Mona Sahlin, réélue à ce poste il y a quelques jours. Aucun candidat ne s'est clairement présenté. Un comité de nomination sera nommé le 4 décembre prochain par la direction du parti, date à partir de laquelle les 26 fédérations locales du parti devraient faire remonter des candidatures. Le congrès du parti en mars prochain est censé trouver une solution. Les deux candidats les plus en vue, l'ancienne commissaire européenne Margot Wallström, et l'ancien ministre de la Justice Thomas Bodström, ont tous les deux refusé de se porter candidats. Sven-Erik Österberg, chef du groupe social-démocrate au Parlement est considéré comme un candidat convaincant. Il est notamment le candidat favori du parti ouvrier très à gauche Transport.

La longue durée de cette crise, et son absence de solution, soulève les hypothèses du mode de direction du parti : le modèle du parti écologique à direction collégiale ou celui du parti modéré où le devant de la scène est occupé par trois fortes personnalités sont évoqués.

On peut être d'accord avec les réflexions de Göran Greider, analyste politique et membre du parti, pour considérer que le problème se pose en fait d'emblée au niveau des idées. Tous les partis socialistes d'Europe qui ont cherché à se tourner vers une politique de droite auraient échoué, ainsi en Allemagne, en France, en Grande-Bretagne, et maintenant en Suède. Un nouveau chef du Parti social-démocrate devrait d'une part prendre ses distances avec la politique des derniers temps, et, surtout, être capable de gérer les tensions qui règnent au sein du parti : autant les dissensions entre les partisans les plus à gauche et ceux les plus à droite peuvent être destructrices, autant elles peuvent là-bas être source d'innovations, et sont donc à préserver.

Ceci ne fait que relever le niveau d'exigence quant à la personnalité et la stature du futur dirigeant : la présence d'un politicien authentiquement visionnaire devient une nécessité criante.

Sources

  • ((sv)) –  « Sahlin har fått flera jobberbjudanden ». Dagens Nyheter, 15 novembre 2010.
  • ((sv)) –  « Rävspel om partiledarposten ». Dagens Nyheter, 15 novembre 2010.
  • ((sv)) –  « Socialdemokraterna ». Dagens Nyheter, 15 novembre 2010.
  • ((sv)) –  « Sven-Erik Österberg pekas ut som ny S-ledare ». Dagens Nyheter, 15 novembre 2010.
  • ((sv)) –  « Hon har gjort en riktig analys ». Dagens Nyheter, 15 novembre 2010.
  • ((sv)) –  « S famlar efter förnyelse ». Dagens Nyheter, 15 novembre 2010.
  • ((sv)) –  « Extremt svårt för S ändra politik ». Dagen, 15 novembre 2010.
  • ((sv)) –  « Klart det finns andra ». Afton Bladet, 12 novembre 2010.



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