Serbie : le nationaliste Tomislav Nikolić élu à la tête du parlement

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Publié le 8 mai 2007
Trois mois et demi après les élections législatives du 21 janvier, qui s'étaient traduites par l'absence de majorité claire, l'Assemblée nationale de la République de Serbie [1] a élu à sa présidence Tomislav Nikolić, président par intérim du Parti radical serbe (SRS) [2], formation nationaliste.

L'élection de M. Nikolić est intervenue après une « séance marathon » de quinze heures. Sur 244 députés présents dans l'enceinte du parlement, 142 ont voté pour M. Nikolić et 99 pour la députée Milena Milošević [3], candidate soutenue par le Parti démocratique (DS) [4].

Outre les 81 voix issus de son groupe politique, M. Nikolić a été soutenu par la plupart des 47 députés du groupe du Parti démocratique de Serbie (DSS) [5] et des 16 députés du Parti socialiste de Serbie (SPS) [6].

Le soutien du Parti socialiste à la candidature de M. Nikolić était attendu, le SPS et le SRS ayant déjà étant alliés jusqu'à la chute du président Slobodan Milošević en octobre 2000. Plus inattendu, à première vue, est le soutien des nationalistes « modérés » du Premier ministre sortant Vojislav Koštunica, qui avait été un adversaire résolu du président Milošević, notamment lors de l'élection présidentielle qui avait été fatale au régime de l'ancien président.

M. Koštunica et son parti ont semble-t-il fait ce choix après l'échec de leurs discussions avec le Parti démocratique du président Tadić, négociations qui visaient à sortir le pays de l'impasse politique dans laquelle il se trouve, faute de majorité claire, depuis les élections du 21 janvier.

Les prochaines étapes de la vie politique serbe vont être observées à la loupe. Sans lien direct avec les actuelles péripéties de la vie parlementaire serbe, on note qu'un député serbe devrait prendre, vendredi 11 mai, la présidence de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, pour six mois, succédant à un député de la République de Saint-Marin.

Plus importante est la date butoir du 14 mai, qui constitue la limite imposée par la constitution à la formation du gouvernement. L'article 109 de la constitution serbe stipule en effet que l'Assemblée nationale peut être dissoute si elle ne parvient pas à élire un gouvernement dans un délai de 90 jours suivant son entrée en fonctions. L'actuelle assemblée avait tenu sa séance inaugurale le 14 février et, lors de cette première séance, avait rejeté à une écrasante majorité (225 voix sur 244 députés présents) le plan Ahtisaari prévoyant la souveraineté pour le Kosovo.

Si les intentions personnelles de M. Nikolić, qui a répété son intention de ne pas faire son entrée au gouvernement, l'incertitude demeure sur la stratégie des différents protagonistes de la crise politique serbe. Le Premier ministre sortant, Vojislav Koštunica, entend conserver la tête du gouvernement et obtenir le contrôle des services secrets et du ministère de l'Intérieur, d'une grande importance pour un responsable politique qui ne fait pas mystère de son opposition à Carla Del Ponte, procureur général du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), très critique sur une supposée mauvaise volonté des autorités de Belgrade dans la lutte contre les responsables serbes durant la guerre de Bosnie, inculpés pour crimes de guerre, tels que Radovan Karadžić et le général Ratko Mladić.

L'élection de M. Nikolić, à six jours de la date limite fixée par la constitution pour former un nouveau gouvernement, est regardée avec une certaine appréhension par les chancelleries occidentales, qui semblent y voir une « radicalisation » de la Serbie. Les dirigeants européens et occidentaux craignent visiblement de voir M. Koštunica, considéré depuis des années par les médias occidentaux comme « modéré », renoncer à toute tentative de former une coalition avec les forces politiques considérées comme pro-occidentales afin de former in extremis une nouvelle coalition gouvernementale avec les nationalistes et les socialistes, calquée sur la coalition qui vient de porter M. Nikolić à la tête du Parlement.

Notes

Sources

Sources anglophones
Sources francophones