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Premier sommet de l'Union pour la Méditerranée

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L’UPM le 13 juillet 2008 : en bleu les États membres de l’Union européenne, en vert les autres états riverains et la Mauritanie, en rayé la Libye, État observateur au sommet de Paris.

Publié le 11 juillet 2008
Dimanche 13 juillet 2008 après-midi, les dirigeants de 44 pays seront réunis durant 3 heures au Grand PalaisParis) pour lancer l'Union pour la Méditerranée (UPM).

L'UPM représenterait un ensemble de 765 millions de personnes.

Les états participant à ce sommet sont :

Historique de l'Union pour la Méditerranée

Une « Union Méditerranéenne » ayant « vocation à travailler étroitement avec l'Europe » fut évoquée pour la première fois le 7 février 2007 par Nicolas Sarkozy (au cours de sa visite à Toulon).

Cette initiative est ensuite formalisée le 20 décembre 2007 à Rome en présence de Romano Prodi (alors premier ministre de l'Italie), José Luis Zapatero (chef du gouvernement espagnol) et Nicolas Sarkozy (président de la France).

À la suite du discours de Nicolas Sarkozy à Tanger (25 octobre 2007), la Commission Européenne et le Parlement Européen critiquent le projet. Le chef de l'état français est accusé de mettre en échec le processus de Barcelone. Le processus de Barcelone date de novembre 1995 et définit un cadre des relations entre les pays de la rive sud de la Méditerranée et l'Union Européenne.

En février 2008, l'Allemagne fait connaître publiquement sa réticence à la suite des déclarations de Nicolas Sarkozy (lors de ses visites à Tunis et Alger. Lors de ces deux visites, Nicolas Sarkozy avait précisé que son projet ne concernait que les pays riverains de la Méditerranée.

Le 3 mars 2008, un compromis est conclu à Hanovre entre la chancelière allemande Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. Il est désormais question d'une « Union pour la Méditerranée » qui n'exclut aucun état membre de l'Union Européenne.

Lors d'un sommet à Bruxelles (13 mars 2008), le projet est adapté aux vœux des 27 états membres de l'Union Européenne. L'UPM est désormais placée dans la continuité du processus de Barcelone; comme l'atteste son nouveau nom officiel « Processus de Barcelone: Union pour la Méditerranée ».

Objectifs de l'Union pour la Méditerranée

UPM consisterait en une coopération euroméditerranéenne pour :

  • les échanges économiques, culturels et sociaux
  • la justice, les migrations et la sécurité
  • le dialogue politique.

Plusieurs projets sont évoqués :

  • la dépollution de la Méditerranée
  • un programme d'aide au développement de l'électricité solaire dans les pays du Sud de la Méditerranée.
  • le développement du transport avec la mise en place d'« autoroutes de la mer » (pour faciliter le commerce entre les deux rives de la Méditerranée) et la construction d'une autoroute du Maghreb reliant la Mauritanie à la Libye en passant par l'Algérie, le Maroc et la Tunisie.
  • un programme de protection civile (pour partager les informations et développer des capacités d'intervention visant à faire face aux catastrophes naturelles ou aux risques de la sécurité maritime).
  • la création d'une agence contribuant au développement des PME.

Selon Frédéric Encel (directeur de recherche à l'Institut français de géopolitique), l'UPM pourrait permettre « [...] d'ouvrir un nouveau forum de discussion entre Israël et les pays arabes, en dehors -ce qui est rare- du prisme américain. Ce dialogue sera sans doute facilité par de nouvelles configurations diplomatiques : Nicolas Sarkozy en France et Silvio Berlusconi en Italie ont de très bonnes relations avec les Israëliens, qui seront peut-être plus enclins à accepter des compromis au sein de l'Union avec les pays arabes. [...] »

Critiques de l'Union pour la Méditerranée

Plusieurs questions concernant l'UPM restent en suspens. Le processus de Barcelone a mis en lumière les risques d'une « dérive technocratique » de la coopération nord-sud. L'UPM connaîtra-t-elle le même sort ?

Quid d'un possible changement de priorité de l'Union Européenne ? Nicolas Sarkozy semble vouloir faire de la Méditerranée un objectif de sa présidence de l'Union Européenne (qui durera jusqu'à la fin de l'année 2008). Qu'en sera-t-il de ses successeurs ?

La manière dont seront financés les projets de l'Union pour la Méditerranée n'est pour l'instant pas définie.

Depuis 1995, l'Union Européenne a focalisé ses efforts sur la conclusion d'un accord de libre-échange avec les pays de la zone méditerranéenne à l'horizon 2010; au détriment de l'allocation de moyens financiers aux pays de la rive sud de la Méditerranée. Sur les 1,6 milliards d'euros par an à sa « politique de voisinage » (soit 0,01% de son PIB), l'UE n'a jamais consacré plus d'un milliard d'euros par an aux projets entrant dans le cadre du processus de Barcelone. Pour Guillaume Duval, « Compte tenu du déséquilibre des niveaux de développement et en l'absence de moyens financiers pour aider la pays du Sud à soutenir le choc, un tel libre-échange ne peut signifier que la mise en coupe réglée des économies de l'autre rive de la méditerranée par les multinationales européennes et l'accélération de l'exode rural. »

La politique française en matière d'immigration fait craindre aux pays du Maghreb que l'Union pour la Méditerranée ne facilite pas assez les échanges humains. Comme il n'est pour l'instant pas question d'augmenter le budget de l'Union Européenne, les pays d'Europe centrale et orientale s'inquiètent du fait que les efforts de l'UE en direction du sud de la Méditerranée se fassent à leurs dépens.

Nicolas Sarkozy déclara (le 7 décembre 2007) que « C'est également dans la perspective de cette Union méditerranéenne qu'il nous faut envisager les relations de l'Europe et la Turquie. » ajoutant que « La Turquie n'a pas sa place dans l'Union européenne, parce qu'elle n'est pas un pays européen. Mais la Turquie est un grand pays méditerranéen avec lequel l'Europe méditerranéenne peut faire avancer l'unité de la Méditerranée. »

Depuis ces déclarations, la Turquie craint que l'UPM ne serve de substitut à son adhésion à l'Union Européenne.

Le fonctionnement de l'UPM n'est pas encore totalement clair. Un sommet des chefs d'état membres de l'Union pour la Méditerranée est prévu tous les 2 ans. L'UPM serait coprésidée par un état de chaque rive de la Méditerranée. La décision arrêtant le nom de ces deux états n'a pas encore été prise. Nicolas Sarkozy voudrait être un des deux coprésidents de l'UPM pour les 2 prochaines années. La Commission Européenne pencherait plutôt pour que cette fonction soit remplie par le président en exercice de l'UE (qui change tous les 6 mois).

La ville du siège de l'UPM est un autre sujet de conflit. La Commission Européenne désire que l'UPM ait son siège à Bruxelles. La France suggère Tunis ou une ville française située sur la côte Méditerranéenne.

Actuellement, les pays de la Méditerranée ont une faible importance dans le commerce extérieur de l'Union européenne. Ils représentent 7,5% des importations de l'UE et moins de 10% des exportations.

Sources

  • ((fr)) – Catherine Chatignoux« Nicolas Sarkozy relance une ambitieuse coopération euroméditerranéenne ». Les Echos, 11 juillet 2008.
  • ((fr)) – Marie-Christine Corbier« Au Maghreb, la prudence domine ». Les Echos, 11 juillet 2008.
  • ((fr)) – Marie-Christine Corbier« Le financement des projets focalise les critiques ». Les Echos, 11 juillet 2008.
  • ((fr)) – Georges Corm« Foire d'empoigne autour de la Méditerranée ». Le Monde Diplomatique, juillet 2008.
  • ((fr)) – Guillaume Duval« Méditerranée : une union mal partie... ». Alternatives Economiques, juillet-août 2008.
  • ((fr)) – Frédéric Encel (propos recueillis par Anne-laure Frémont)« "En dehors du prisme américain" ». La Croix, 11 juillet 2008.