Polémique autour d'un lapsus de Pascal Couchepin
Publié le 9 février 2008
À la suite d'un lapsus sur le nom d'un conseiller national, le président de la Confédération helvétique se retrouve au cœur d'une tourmente médiatique.
Les faits
Lors d'une réunion devant une commission parlementaire le 1er février 2008, Pascal Couchepin, désireux de souligner la nécessité selon lui que la législation sur la recherche sur l'être humain doit être stricte et rigide, a désiré évoquer le nom du "monstre d'Auschwitz". Malheureusement, au lieu de dire « Mengele », le président de la Confédération aurait demandé à son voisin «comment s'appelle le monstre d'Auschwitz? Mörgele?» qui lui aurait alors répondu «Non, Mengele».
La presse suisse-alémanique, et en particulier le quotidien Südostschweiz a alors interprété ce lapsus comme un jeu de mot visant le conseiller national de l'UDC Christoph Mörgeli. Invité le même jour au téléjournal de la télévision suisse-allemande, Christoph Mörgeli a alors dénoncé « une injure immense » à son encontre ainsi qu'à celle des victimes du nazi. Il a également estimé que Pascal Couchepin « n'était plus un président de la Confédération acceptable »[1].
Les réactions
Le lendemain de cette affaire, la section schwytzoise du parti radical-démocratique, auquel appartient Pascal Couchepin, prenant officiellement ses distances avec le conseiller fédéral, adressait une protestation officielle aux organes centraux du parti. Vincenzo Pedrazzini, président de la section locale, rapellait alors une comparaison malheureuse entre Chistoph Blocher et le Duce faite par Pascal Couchepin à l'automne dernier avant de conclure que « ce n'est pas digne d'un président de la Confédération »[2]. Le même jour, Pascal Couchepin démentait toute attaque ou toute plaisanterie contre Christoph Mörgeli lors d'une conférence de presse au cours de laquelle il dénonce la tournure prise selon lui par cette affaire, affirmant que la polémique le touchait profondément « au noyau dur de mes convictions ».
Christoph Mörgeli à son tour accusé
Le 8 février, Christoph Mörgeli réplique au conseiller fédéral dans une interview donnée à la télévision suisse allemande (SF) depuis le camp de Buchenwald, en Allemagne où il se trouve, selon lui totalement par hasard, au cours d'un déplacement professionnel. La Fondation des mémoriaux de Buchenwald et de Mittelbau-Dora réagit fortement à cette interview et accuse à son tour le conseiller national d'instrumentalisation, précisant que le camp aurait « selon toute vraisemblance été instrumentalisé dans le sens voulu par Christoph Mörgeli pour une polémique partisane interne à la Suisse ». De plus, la fondation relève que la télévision alémanique a tourné sans autorisation, ce qui est une première dans l'histoire du camp.
Fin de règne difficile
Actuellement dans sa dernière année en tant que Conseiller fédéral, Pascal Couchepin est attaqué de tous les côtés politiques. Cette affaire, rapidement montée en polémique par ses adversaires, rappelle un autre épisode survenu en 2003, à quelques mois d'élections fédérale, lorsque Pascal Couchepin avait annoncé, sans consultation préalable, la possibilité d'une hausse générale de l'âge de la retraite en Suisse : le parti radical avait alors essuyé une lourde défaite, largement imputée à ces propos maladroits. À quelques mois de plusieurs échéances cantonales, le même scénario pourrait encore se répéter, en particulier lors d'affrontements directs entre les deux partis de droite.
Références
- ↑ Selon l'article « Couchepin : les médias font des gorges chaudes d'un lapsus » publié par swissinfo.ch le 6 février
- ↑ Selon l'article « Lapsus : Couchepin nie toute attaque contre Mörgeli » publié par swissinfo.ch le 7 février
Sources
- ((fr)) – « Pascal Couchepin s'explique sur son lapsus ». swissinfo.ch, 7 février 2008.
- ((fr)) – Ron Hochuli,, « Isolé, Pascal Couchepin est déjà le bouc émissaire des futurs échecs radicaux ». Le Temps, 9 février 2008.
- ((fr)) – ATS, « Christoph Mörgeli est accusé d'instrumentalisation ». 24 heures, 8 février 2008.