Pakistan : les élections législatives sont reportées au 18 février

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Publié le 3 janvier 2008
La Commission électorale du Pakistan a officiellement annoncé, mercredi 2 janvier 2008, sa décision de reporter au 18 février les élections législatives initialement prévues pour le 8 janvier.

Plus tard dans la journée, Pervez Musharraf, président de la République islamique du Pakistan, s'est adressé à la nation pour un tour d'horizon des conséquences de l'assassinat, la semaine dernière de l'opposante Benazir Bhutto, présidente du Parti du peuple pakistanais (PPP) et ancien Premier ministre.

Report des élections

Carte du Pakistan

L'un des arguments avancés par le pouvoir et, par conséquent, par la Commission électorale, pour justifier le report des élections, est la désorganisation consécutive aux émeutes causées par l'assasinat de Mme Bhutto. Kanwar Dilshad, porte-parole de la commission, avait par exemple estimé, mardi 1er janvier, lors d'une conférence de presse, que l'incendie d'au moins dix bureaux de vote dans la province du Sindh, « fief » de la famille Bhutto et du PPP, et, dans divers endroits, la destruction des bulletins de vote, rendait impossible la tenue du scrutin dans des conditions normales et dans les délais prévus.

Une autre raison a également été avancée pour ce report de six semaines de la date du scrutin : le mois de mouharram, premier mois du calendrier musulman, considéré comme plus particulièrement sacré pour les chiites mais également important pour les sunnites (qui forment respectivement environ 20 % et 77 % de la population du pays), est toujours accompagné de milliers de processions, dont la sécurité est assurée par les forces de l'ordre. Reculer de quelques semaines le vote, mais avant la fin du mois de mouharram aurait ainsi pu, selon les autorités pakistanaises, fragiliser le pays, puisque cela aurait nécessité de réduire la sécurité des manifestations religieuses pour assurer celle des bureaux de vote.

La date du scrutin a donc été fixée au 10e jour du mois de safar, soit le 18 février, ce qui devrait permettre le redéploiement des forces de l'ordre après l'achèvement des festivités de mouharram.

Le report de six semaines est très critiqué dans les rangs de l'opposition à M. Musharraf, que ce soit au sein du PPP ou chez les amis de l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif, qui semblent craindre que le président et son camp ne tentent de tirer profit de de délai pour perpétuer leur pouvoir. L'ancien général Talat Masood indique par ailleurs que, selon ses vues, « La manière dont le président Musharraf conduit les affaires de l'État montre qu'il n'est intéressé que la perpétuation de son pouvoir. » (The way that President Musharraf is handling the state of affairs, he is only interested in perpetuating himself.)

L'allocution de M. Musharraf

Pervez Musharraf, le 29 novembre 2004
Auteur : Antônio Cruz, pour Agência Brasil (source)

Le président Pervez Musharraf, s'exprimant à la télévision dans la soirée, est revenu brièvement sur le report du scrutin au 18 février, mais sans évoquer les raisons « religieuses » ayant motivé un délai de six semaines. Il a évidemment soutenu la décision de la Commission électorale, en déclarant qu'elle était « appropriée », compte tenu des obstacles survenus dans le Sindh pour l'organisation du scrutin, et a indiqué qu'il avait eu le « désir sincère » de voir les élections se dérouler normalement le 8 janvier.

Faisant un parallèle entre son action et celle de Benazir Bhutto, il a insisté sur une mission commune, qui serait « le renforcement de la démocratie et l'élimination du terrorisme » puis s'est déclaré convaincu de l'arrivée au pouvoir, après les élections, d'un « gouvernement démocratique et constitutionnel ».

Concernant le scrutin du 18 février, M. Musharraf a annoncé le déploiement de l'armée et autres forces de l'ordre dans tout le pays pour assurer le bon déroulement du processus électoral.

Revenant sur la demande faite par le Parti du peuple pakistanais d'une enquête internationale sur les circonstances et les responsabilités de l'attentat qui a coûté la vie à Benazir Bhutto et à plusieurs dizaines de personnes, Pervez Musharraf a indiqué que, en accord avec le Premier ministre britannique Gordon Brown, une équipe spécialisée d'enquêteurs de Scotland Yard serait dépêchée au Pakistan pour assister les enquêteurs pakistanais chargés faire la lumière sur les événements du 27 décembre à Rawalpindi.

Enfin, M. Musharraf a annoncé la création d'une commission d'enquête sur les événements postérieurs au 27 décembre, qui ont coûté la vie à plusieurs dizaines d'autres personnes. Le président pakistanais estime en effet que, profitant des « protestations légitimes » des sympathisants du PPP et des habitants du Sindh après l'attentat du 27 décembre, des éléments non identifiés avaient sauté sur l'occasion pour semer le trouble et se livrer à des actes de pillage de biens publics et privés.

Sources

Sources anglophones
Sources francophones