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Le président afghan Hamid Karzai réclame une réduction des opérations militaires américaines

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Des soldats américains engagés dans un combat contre les talibans le 20 août 2007

Publié le 15 novembre 2010
Dans un entretien accordé au journal The Washington Post et publié hier, le président afghan Hamid Karzai a estimé que les États-Unis devaient réduire la visibilité et l'intensité de leurs opérations militaires en Afghanistan. « Le temps est venu de réduire les opérations militaires », a déclaré le président afghan au quotidien américain. « Le temps est venu de réduire la présence, vous savez, des godillots en Afghanistan […] de réduire l'intrusion dans la vie quotidienne afghane ». Selon le journal, M. Karzai a demandé l'arrêt des opérations des forces spéciales américaines qui selon lui exaspèrent les Afghans et pourraient aggraver l'insurrection taliban.

Le président affirme que la population ne supporte plus la présence de soldats américains dans leurs maisons et de blindés sur les routes, disant craindre que la présence à long terme d'un nombre élevé de soldats étrangers ne fassent qu'empirer le conflit. « Les raids [américains] ont toujours été un problème », explique Hamid Karzai. « Les Afghans n'aiment pas ces raids ; si raids il y a, ils doivent être menés par le gouvernement afghan, conformément aux lois afghanes. C'est un désaccord constant entre nous ». Un responsable de l'Otan[1] non identifié cité par le journal a réagit en expliquant comprendre « les préoccupations du président Karzaï, mais [que] nous ne serions pas là où nous en sommes, en terme de pressions exercées sur le réseau [Al-Qaida], si nous n'avions pas mené ce type d'opérations », ajoutant ne voir « aucune alternative à court terme à ce type d'opérations ».

Dans cet entretien, Hamid Karzai assure également s'exprimer non pour critiquer les États-Unis, mais parce que la franchise peut améliorer les relations entre les deux pays. Cependant, le président admet qu'un retrait brutal des forces américaines serait dangereux, mais estime qu'elles devraient plus être cantonnées dans leurs bases et se limiter aux opérations indispensables le long de la frontière pakistanaise. D'autre part, M. Karzai désire que Washington exerce une pression plus forte sur les sanctuaires talibans au Pakistan et se concentre en Afghanistan sur des projets de développement et d'aide aux civils.

Les réactions ont été immédiates notamment celle du général David Petraeus, commandant des forces américaines et de l'Otan en Afghanistan qui a fait part hier de « sa stupéfaction et de sa déception » après l'appel du président afghan en faveur d'une réduction des opérations militaires et de la fin des opérations spéciales américaines dans le sud de l'Afghanistan, précise le journal, citant des sources américaines et afghanes. Ce dernier a également averti des responsables afghans que ces récentes critiques sapaient l'effort de guerre, peut-on lire aujourd'hui dans le journal The Washington Post. La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a quant à elle défendu aujourd'hui l'intérêt des opérations militaires des forces spéciales en Afghanistan en soulignant que « l'utilisation d'opérations ciblées fondées sur des renseignements, et précises, contre des cibles importantes parmi les insurgés et leurs réseaux, est un élément-clé » de l'effort des alliés en Afghanistan et que ces opérations sont « conduites complètement en partenariat avec le gouvernement afghan ».

Parallèlement, le journal The New York Times a rapporté hier soir que le gouvernement américain a mis au point un plan destiné à transférer aux forces afghanes les missions de combat dans certaines zones d'Afghanistan au cours des prochains 18 à 24 mois. Citant des sources ayant requis l'anonymat, le quotidien affirme que le plan prévoit la fin des missions américaines de combat en Afghanistan en 2014. Toujours selon le journal, ce plan pour réduire sur quatre ans les missions de combat des forces américaines et de leurs alliés de la coalition internationale sera présenté au prochain sommet de l'Otan qui se tiendra en fin de semaine à Lisbonne.

Les talibans ont infligé à l'Otan ses plus lourdes pertes : neuf militaires de l'ISAF[2] ont été tués depuis le début du mois dont cinq d'entre eux hier lors d'un accrochage dans l'est de l'Afghanistan et « deux soldats supplémentaires » selon une dépêche de l'AFP de ce matin tandis que Mohammad Omar, plus connu sous le nom de Mollah [ndlr : érudit] Omar, chef de la milice islamiste, a déclaré dans un communiqué — en réponse à des « rumeurs trompeuses » selon ses mots — que les talibans ne discuteraient jamais avec le gouvernement « fantoche » de Kaboul tant que des troupes étrangères stationneraient en Afghanistan.

Malgré la présence d'environ 150 000 soldats étrangers, le niveau de violence dans l'ensemble de l'Afghanistan n'a jamais été aussi élevé depuis le renversement du régime taliban fin 2001 par une coalition militaire sous commandement américain.

Notes

Sources



  • Page Afghanistan de Wikinews Page « Afghanistan » de Wikinews. L'actualité afghane dans le monde.