Interview d'Ayerdhal, écrivain français de science-fiction

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Cet article est une interview accordée par Ayerdhal
à Harmonia Amanda et Tsaag Valren, pour Wikinews, le 24 avril 2011.


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Les questions et les réponses n'engagent que les protagonistes.
Ayerdhal au moment de l'interview

Le festival Trolls et Légendes s'est tenu à Mons les 22, 23 et 24 avril 2011. Ce festival sur toute la fantasy s'intéresse aussi bien à la musique qu'à la littérature ou au cinéma. Ayerdhal était présent.

L'interview

Wikimedia : Comment écrivez-vous ? Faites-vous des plans avant, vous laissez-vous aller au fil de la plume en découvrant votre histoire à mesure que vous l’écrivez ?
Ayerdhal : Je n’ai fait qu’une seule fois un plan, mais pour une simple et bonne raison, c’est qu’on travaillait à deux avec Jean-Claude Dunyach, et qu’à deux on est obligé d’avoir énormément de choses précises en amont, de façon à pouvoir avancer sans s’apercevoir tout à coup qu’on est en train d’écrire un autre livre. Sinon, mon travail est simple.
Wikimedia : Vous nous avez dit [hors interview] que ce qui vous inspirait, c’était les rencontres. Y a-t-il dans vos romans des personnes réelles, déformées ?
Ayerdhal : Quand je crée des personnages, je m’appuie, que ce soit de manière volontaire ou involontaire, sur des personnages existants, que j'ai croisés. Il y a des personnages que j’ai volontairement mis en scène ; je l’ai fait une seule fois, vraiment à fond. Il s'agit d’un personnage des Chroniques d'un rêve enclavé qui s’appelle Catham, qui est un ami tel qu’il est, mais vraiment tel qu’il est. Il s’est reconnu, il était ravi, etc. Mais du coup, il y a d’autres gens qui ont cru se reconnaître dans le livre, alors qu’ils n’y étaient pas. Là, ça a créé des situations parfois difficiles à gérer. Il y a dans Transparences et dans Résurgences, Michel, le personnage du SDF, qui est quelqu’un j’ai également côtoyé pendant très longtemps. Dans le bouquin que je suis en train d’écrire, il y a aussi un personnage qui est un de nos amis. Mais il est tellement typique et typé, que pour ce rôle-là je ne pouvais pas utiliser quelqu’un d’autre.
Wikimedia : Dans La Bohême et l'ivraie, vous semblez très cultivé, en faisant de très nombreuses références. Aviez-vous un autre métier avant d'écrire ?
Ayerdhal : Je crois que c’est le propre des écrivains de science-fiction que de s’intéresser à tout, aux sciences exactes comme aux sciences humaines, et d’avoir une curiosité colossale. Ce ne sont donc pas les métiers que j’ai pratiqués avant qui m’ont amené ça, c’est simplement l’envie de manger le monde par toutes ses facettes, et de le bouffer, à tout prix. Et puis, c’est rigolo, quand on crée un monde, on est obligé de mettre en scène tellement de choses différentes, qu’on puise dans des ressources parfois insoupçonnées — et puis on se documente au fur et à mesure.
Wikimedia : Est-ce que vous menez plusieurs projets de fond, ou est-ce que lorsque vous êtes sur un roman vous vous concentrez uniquement sur ce roman ?
Ayerdhal : Quand je suis sur un roman, je me concentre uniquement sur ce livre là, mais je ne peux pas m’empêcher de penser à d’autres romans qui sont en gestation dans ma tête, et c’est parfois très perturbant. Parce qu’il y a un moment où on a plus envie de passer au suivant que de terminer celui que l’on est en train de faire. C’est aussi une espèce de boulimie.
Wikimedia : Est-ce que l’écriture est difficile, ou est-ce qu’au contraire les mots viennent facilement ?
Ayerdhal : C’est très relatif. Il y a vraiment des bouquins où tout va tout seul, et puis il y en a d’autres où c'est plus difficile. Par exemple, celui que je suis en train d’écrire, je patauge un petit peu dans la mise en place des personnages. Donc c’est légèrement plus long, ce sont des personnages très typés, très particuliers, et j’en bave un petit peu. Mais quel plaisir !
Wikimedia : Est-ce que vous avez toujours su que vous alliez devenir écrivain ?
Ayerdhal : Jamais. Jusqu’au moment où j’ai décidé de devenir écrivain, jamais. Je n’ai jamais pensé à cela. J’ai toujours communiqué par écrit, c’était ma façon de parler aux gens, de draguer les filles, de me faire des copains ou des ennemis, mais je n’ai jamais pensé à écrire, donc jamais. Et puis alors que je ne savais plus quoi faire, une amie m’a dit : « écoute, depuis le temps que tu nous bassines avec tes courriers de quarante pages, tu devrais peut-être essayer d’en faire quelque chose. » Je l’ai prise au mot.
Wikimedia : Finalement, si je comprends bien, ça vous a pris un certain temps pour vous installer dans le milieu de la science-fiction ?
Ayerdhal : C’est venu d’un coup. J’ai écrit un bouquin, et naïf que j’étais, à partir du moment où j’avais écrit un bouquin, j’étais écrivain, donc je serais forcément publié… Et j’ai eu de la chance, cela s’est passé comme ça, mais ce n’est pas toujours le cas. Il y a des auteurs qui ont eu moins de chance que moi, qui ont mis plusieurs bouquins à démarrer. Moi j’ai eu ce bol, et d’entrée cela s’est bien passé, j’ai rencontré des gens supers, je suis tombé sur une directrice qui m’a fait bosser, ce qui fait que j’ai pu petit à petit vraiment me professionnaliser, même si je pensais déjà être un professionnel, à partir du moment où j’avais mis le premier mot sur un morceau de papier.
Wikimedia : Est-ce que vous avez déjà envisagé d’écrire autre chose que des littératures de l’imaginaire ?
Ayerdhal : Oui, vu que j’ai déjà écrit deux thrillers, un polar, et que j’ai des projets qui ne sont pas des ouvrages de science-fiction… J’ai aussi envie d’écrire une biographie, celle de Flora Tristan. Elle est connue pour être la grand-mère de Paul Gauguin, mais c’est surtout la première femme qui a divorcé. C’est la femme qui a créé le premier syndicat, au monde, en 1830 au Brésil, avec des esclaves noirs. Oui, c’est quand même quelqu’un qui était assez courageux, c’est la première anarchiste officiellement, dans le domaine, bien avant que d’autres y songent. C’est une grande femme.

Notes et Sources


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