France : un policier tué dans un attentat sur l'Avenue des Champs-Élysées

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Publié le 22 avril 2017
Un policier a été tué jeudi 20 avril, moins de trois jours avant le premier tour de la présidentielle, alors même que se déroulait le dernier débat pré-électoral télévisé, lors d'un attentat perpétré à Paris, sur la célèbre avenue des Champs-Élysées. Xavier Jugelé, 37 ans, a reçu deux balles dans la tête.

Cet attentat, qui survient deux jours après une tentative déjouée à Marseille - visant là aussi à perturber la présidentielle - a bouleversé le dernier jour de campagne, certains candidats ayant décidé d'annuler des déplacements, tels Fillon, Macron, Hamon et Le Pen.

L'assaillant, Karim Cheurfi, 39 ans (né le 31 décembre 1977), est tué par la riposte des policiers, après avoir eu le temps de blesser deux autres policiers, ainsi qu'une passante allemande.

Vers 20 h 50, l'individu est sorti de sa voiture et a tiré avec une kalachnikov sur le car de patrouille dans lequel se trouvaient Jugelé et ses collègues, chargés de protéger le service de la culture et de l'information de l'ambassade de Turquie. Les policiers ont visiblement été intentionnellement pris pour cibles.

Xavier Jugelé allait avoir 38 ans le 4 mai. Pacsé, sans enfant et ouvertement gay, il était gardien de la paix. Il avait notamment participé à la sécurisation des environs du Bataclan, lors des attentats de novembre 2015, et était présent lors de la réouverture de cette salle le 12 novembre dernier.

Lourd passé criminel de l'auteur

Karim Cheurfi avait déjà été condamné, de nombreuses fois, pour des faits de droit commun et avait passé 11 ans de sa vie en prison, notamment pour avoir, déjà, tiré sur des policiers. Ayant bénéficié de remises de peines et été une première fois en liberté conditionnelle, il l'était à nouveau après avoir purgé une nouvelle peine, de deux années d'emprisonnement, pour vol avec effraction dans un local à usage d'habitation, refus d'obtempérer, recel de vol et usurpation de plaque d'immatriculation. Il était cependant sous le coup d'une obligation de soins psychiatriques et d'une interdiction de sortie du territoire. S'il n'avait jamais présenté de signes de radicalisation durant ses emprisonnements, il était cependant, désormais, suspecté de radicalisation, depuis le mois de décembre dernier. À ce titre, il faisait l'objet d'une fiche de signalement pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (et non d'une fiche S).

Il avait récemment fait part à des proches de son désir de tuer des membres des forces de l'ordre, qu'il haïssait. Il aurait voulu ainsi venger les musulmans tués en Syrie. Déclaration à la suite de laquelle il faisait l'objet, depuis le mois dernier, d'une enquête de la section antiterroriste du Parquet de Paris. Il voulait aussi entrer en contact avec un individu, finalement identifié comme un combattant de l'EI dans la zone irako-syrienne. Un message manuscrit « défendant la cause de Daech » (EI) a été retrouvé près de son corps, ainsi qu'un coran, dans la voiture avec laquelle il est arrivé sur les lieux de l'attentat. Dans le coffre de cette dernière, se trouvaient un fusil à pompe, des munitions, deux grands couteaux de cuisine et un sécateur dans un sac de sport. Les adresses de la DGSI, de trois armureries et du commissariat de police de Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne) - son département de résidence - ont aussi été découvertes en sa possession. Chez sa mère, où il vivait, ont notamment été saisis un livret salafiste, un ordinateur, des téléphones, une crosse de fusil, un bout de canon scié, des tapis de prière, un Coran et une demande de permis de chasse. Il s'était aussi fait livrer par Internet des couteaux de chasse, des serflex, des masques et une caméra GoPro.

En janvier dernier, il avait effectué un voyage de plusieurs semaines en Algérie, sans en avertir la justice, comme il en avait pourtant l'obligation, prétendant y être allé pour se marier.

Revendication suspecte de l'EI

L'organisation État islamique (EI) a revendiqué l'attentat moins de deux heures après, mais cette revendication, truffée d'incohérences, mentionnant notamment un certain belge prénommé Youssouf, semble douteuse. Un belge portant ce prénom avait bien été signalé par la police judiciaire d'Anvers, jeudi soir même. Ce signalement préoccupant faisait état d'un homme soupçonné de vouloir se rendre en France par le Thalys. Mais il n'y aurait finalement aucun lien entre les deux affaires, l'intéressé s'étant spontanément présenté dans un commissariat d'Anvers avec un solide alibi, puisqu'il était au travail lors de l'attaque.

Un autre homme pourrait donc être à rechercher. Mais il s'agit peut-être d'une revendication opportuniste, comme lors de l'attentat de Nice en juillet dernier, ou celui de Westminster le 22 mars dernier.

Réactions

Le président François Hollande a organisé une réunion de crise, jeudi soir, avec le Premier ministre Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur Matthias Fekl et celui de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, à la suite de laquelle il a affirmé que « ces faits sont des faits terroristes » et rendu hommage au policier tué. Un hommage national lui sera également rendu. Le lendemain à 8 heures, Hollande convoque un conseil de défense.

La maire de Paris Anne Hidalgo et le Conseil français du culte musulman ont également condamné cet attentat, qualifié de « lâche et barbare ».

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