France : la crise de la presse s'approfondit

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Journaux en vente à Paris.

Publié le 5 janvier 2017
La crise de la presse écrite que connaît la France depuis une dizaine d'années se poursuit et s'aggrave, dans un contexte de baisse généralisée des ventes physiques et face à un modèle numérique peu rémunérateur. Les premiers jours de l'année 2017 voient déjà l'annonce du dépôt de bilan du magazine Marianne et d'un vaste plan social pour La Voix du Nord.

Plan social et dépôt de bilan

Selon des informations dévoilées par le quotidien économique Les Échos le 4 janvier, la direction du quotidien régional La Voix du Nord préparerait un vaste plan social. Près d'un quart des effectifs du titre devraient être licenciés, soit 178 postes sur 710 dont 72 journalistes sur 343. La direction entendrait effectuer un virage stratégique vers Internet, et prioriserait la production d'articles courts et simples nécessitant moins de main-d’œuvre. Le journal papier reprendrait ensuite les articles qui ont été les plus consultés. Les syndicats dénoncent une logique du « buzz » au détriment des enquêtes de fond, et s'inquiètent d'une telle stratégie, alors que 85 % des recettes viennent encore des ventes papier. Le modèle numérique censé compenser la baisse des ventes est lui incertain.

Yves de Chaisemartin, propriétaire du magazine Marianne, annonce lui, le 3 janvier, qu'il déposera prochainement le bilan. Toutefois, le titre devrait poursuivre son activité après un redressement judiciaire et une période d'observation de six mois. Le propriétaire compte pour le moment garder les 63 journalistes restants mais renégocier son financement et sa dette avec ses créanciers.

Une baisse généralisée des ventes

Ces deux titres de presse ne sont qu'un détail face à la profondeur de la crise qui touche quasi intégralement le secteur. De vastes plans sociaux se sont multipliés ces dernières années : Le Figaro, Libération, l'Express, Le Parisien, l'Obs, le JDD, etc.. Ils touchent souvent jusqu'à un quart voire un tiers de la rédaction. La plupart des titres sont en effet déficitaires sous l'effet de la baisse des ventes papier. Très peu d'entre eux ont réussi à établir un modèle viable sur Internet. Les profits publicitaires sont largement insuffisants, d'autant que les bloqueurs de publicités sont de plus en plus répandus. Certains sites ont tenté de bloquer l'accès pour les utilisateurs de ces scripts, mais ont souvent fait machine arrière face à la baisse des consultations. Les médias concernés tentent désormais d'augmenter leur nombre d'abonnés numériques, souvent largement insuffisant.

Les derniers chiffres donnés par l'ACPM confirment la chute des ventes durant l'année 2016, en prenant en compte les achats individuels physiques et numériques. En un an, les deux principaux titres de la presse quotidienne nationale Le Figaro et Le Monde baissent respectivement de 2,4 et 2,7 %. Les autres titres connaissent des difficultés bien plus sérieuses, Aujourd'hui en France baissant de 6 % et Libération de 19 %. La presse magazine fait face à une situation encore plus préoccupante : sur deux ans, les ventes de l'Obs, du Point et de l'Express ont chuté de 10 à 30 % environ. Les plans sociaux n'ont pas réussi à enrayer ce mouvement, et font même craindre un cercle vicieux dans lequel moins de contenus ferait encore perdre du lectorat.

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