Aller au contenu

France : controverses autour de la lecture de la lettre de Guy Môquet

Ceci est une page protégée.
Une nouvelle de Wikinews, la source d'informations que vous pouvez écrire.

Publié le 23 octobre 2007
La lecture de la lettre de Guy Môquet, sur la volonté du chef de l'État, en début d'année scolaire ne finit pas de faire couler de l'encre. Cette lettre a été écrite en prison par un jeune homme de 17 ans, le 22 octobre 1941, peu avant d'être exécuté par les Allemands. Plusieurs membres du Gouvernement, des parlementaires étaient mis à contribution.

Dans les établissements scolaires

Devant être lue hier dans les lycées, plusieurs professeurs ont fait de la « résistance » en refusant une telle lecture. Selon les intéressés, on ne peut fonder « l'enseignement sur le recours à l'émotion, ni obéir à une prescription du président venant perturber une progression pédagogique construite selon une logique précise, s'inscrivant dans le respect des programmes. »

Les réactions politiques

Du côté des formations politiques, principalement de gauche, le PCF a dénoncé une volonté de réviser l'histoire et de taire l'engagement communiste dans la Résistance. Le PS met en avant une certaine volonté, du chef de l'État, d'instrumentaliser l'histoire.

Pour le Front national, cette lecture « s’inscrit dans la stratégie d’ouverture à gauche, pouvant même aller jusqu’au PC à précisé Nicolas Sarkozy ». Le parti de Jean-Marie Le Pen a cependant ajouté : « Fils d’un député communiste déchu, Guy Môquet, gamin de 17 ans fauché par les balles de l’occupant comme 26 autres membres du PC ce 20 octobre 1941 à Chateaubriant, en représailles du meurtre quinze jours auparavant de l’officier allemand Hortz à Nantes, est entré dans notre mémoire collective. Les martyrs de Chateaubriant sont morts courageusement face au peloton en criant “vive l’URSS” ou “vive le communisme international” mais aussi “vive la France”.  ».

Guy Môquet était-il un résistant ? Le point de vue d'un historien

Voir sur Wikipédia l'article
Jean-Marc Berlière.

Dans un entretien[1] accordé au quotidien Le Bien Public, Jean-Marc Berlière[2] a fait part de son sentiment. Après avoir qualifié « de bonne chose » une telle lecture, il estime que le chef de l'État « est en train de piétiner, 50 ans d'historiographie, ce qui est gravissime ! ».

Selon cet historien, Guy Môquet ne pouvait pas être résistant, du moins au sens historique du terme. Il a rappelé que l'intéressé avait été arrêté le 20 octobre 1940, soit un an avant son exécution. Au moment de sont arrestation, les communistes n'étaient pas entrés en résistance à la suite du pacte germano-soviétique signé le 23 août 1939. « Les communistes dénoncent alors la guerre, qui n'est plus celle contre l'Allemagne nazie ou contre le fascisme, mais une guerre impérialiste entre l'Allemagne et l'Angleterre. Ils ne sont ni patriotes, ni démocrates, mais internationalistes et luttent pour instaurer la dictature du prolétariat », rappelle Jean-Marc Berlière, non sans avoir évoqué la désertion de Maurice Thorez pour rejoindre l'URSS. Ce n'était, qu'à partir de juillet 1941 où les Allemands envahirent l'Union soviétique, que les communistes sont entrés en résistance. En octobre 1941, trois communistes avaient tué le commandant militaire de la place de Nantes lors d'un attentat. Ceci avait provoqué les représailles de l'occupant en exécutant des otages communistes, parmi lesquels figurait le jeune Guy Môquet.

L'historien estime, pour sa part, que cette lettre émouvante a été récupérée par Jacques Duclos, et « exploitée à des fins politiques par un parti soucieux d'effacer une période “ difficile ” de son histoire. »

Notes

Sources

Voir sur Wikipédia l'article
Guy Môquet.