Aller au contenu

Astronomie : un astronome amateur assiste à la naissance de la supernova SN 2016gkg

Une nouvelle de Wikinews, la source d'informations que vous pouvez écrire.

Publié le 22 février 2018
Une découverte rare et exceptionnelle. En 2016, un astronome amateur argentin a observé la naissance d'une supernova, au moment exact où elle est devenue visible dans le ciel.

Photographie de la galaxie NGC 613

Alors qu'il testait un nouveau télescope le soir du 20 septembre 2016 par une nuit particulièrement claire, Victor Buso, un astronome amateur originaire de Rosario (Argentine), remarque qu'un point faible est apparu dans la constellation du Sculpteur, plus précisément au sein de la galaxie spirale NGC 613 située à 65 millions d'années-lumière de la Terre. Un point dont la luminosité s'est retrouvée multipliée par trois en moins d'une demi-heure. Victor Buso était en train d'assister en direct à l'explosion d'une étoile lointaine, un phénomène monstrueux : une supernova. « Après sa découverte, il a contacté le représentant en Argentine de l'AAVSO (Association américaine des observateurs d'étoiles variables), Sebastián Otero, pour écrire une alerte à toute la communauté astronomique, donnant les coordonnées et les caractéristiques de l'objet céleste », raconte Federico Garcia, astronome de l'Institut Argentino de Radioastronomía (IAR-CONICET) et coauteur de l'étude publiée dans la revue Nature.

Une alerte qui n'est pas passée inaperçue, au vu de l'extrême rareté de ce genre d'opportunité pour les scientifiques : la dernière en date, SN1987A, a été découverte en 1987 par le canadien Ian Sheldon. Les observations initiales de Victor Buso ont donc rapidement été suivies les jours suivants par de nombreux observatoires professionnels, tels que le télescope KAIT de l'université de Berkeley ou encore le télescope de 1 mètre de l'observatoire Lick en Californie. Un afflux de données permettant de mesurer avec précision l'évolution de la luminosité de la supernova de type 2b, désormais étiquetée SN 2016gkg.

Même s'il ne se produit qu'une supernova par siècle en moyenne dans notre galaxie, il existe une grande quantité de galaxies observables, qui abritent généralement plusieurs centaines de milliards d'étoiles chacune. « Dans le monde, environ 20 supernova de type 2b sont détectées chaque année », indique Federico Garcia. Mais rares sont celles qui puissent être observées aussi précocement après le début de l'explosion.

Grâce aux observations obtenues durant les premières heures de l'événement, les chercheurs ont pu comparer leurs modèles numériques avec la variation de luminosité de la supernova. Ils ont ainsi pu vérifier que le puissant flash de lumière originel était bien causé par l'onde de choc qui émerge de la surface de l'étoile, et donc confirmer que les modèles théoriques actuels permettent de prédire parfaitement le comportement d'une étoile géante en fin de vie. Autre observation notable : le champ magnétique résiduel de la supernova présentait une topologie très similaire, bien que beaucoup plus énergétique, à celle des éruptions solaires. Ce comportement, jusqu'ici prédit depuis longtemps, n'avait encore jamais été observé. « Ce qui est remarquable, c'est le fait que les modèles théoriques sont ici en mesure d'expliquer les résultats observés par Buso, sans changer aucune hypothèse », s'enthousiasme Federico Garcia au vu des progrès qui ont été réalisés dans ce domaine, qui a pendant longtemps donné du fil à retordre aux théoriciens.

Logo Wikinews

avant Jour précédent

22 février 2018

Jour suivant avant