Ukraine : pourquoi aucune sanction contraignante ne sera prise

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Publié le 21 mars 2014
Alors que les parallèles avec la crise géorgienne de 2008 se multiplient, l'Ukraine refuse de tomber dans le piège tendu par Moscou, qui avait poussé le président géorgien Mikheil Saakachvili à répondre par la force, en refusant toute riposte armée.

De multiples violations du Mémorandum de Budapest[modifier | modifier le wikicode]

À la chute de l'URSS, l'arsenal nucléaire se retrouve réparti entre 4 nouveaux pays : le Kazakhstan, la Biélorussie, la Russie et l'Ukraine[1]. Si la Russie a réussi à récupérer ou détruire les armes présentes au Kazakhstan et en Biélorussie en établissant des accord bilatéraux ce ne fut pas le cas pour l'Ukraine[1]. Il faut dire que l'Ukraine était détentrice du troisième stock d'armes nucléaires au monde[2] et voulait s'assurer d'obtenir des contreparties sur au moins quatre points : garantir l'intégrité de son territoire, obtenir une compensation financière, savoir qui va supporter les coûts du démantèlement et savoir où, quand et sous quelles conditions les armes nucléaires seront détruites. En septembre 1993, les présidents de l'Ukraine, Leonid Kravtchouk, et de la Russie, Boris Eltsine, se rencontrent lors d'un sommet à Massandra, mais l'accord conclu s'effondre presque immédiatement[1]. À la mi-octobre 1993, à Kiev, est signé un accord américano-ukrainien pour le démantèlement des missiles SS 19 et SS 24 présents en Ukraine[3]. L'accord marquait la première étape de la dénucléarisation du pays voulue par une Ukraine encore choquée par l'accident nucléaire de Tchernobyl d'avril 1986.

Le 5 décembre 1994 un accord, le Mémorandum de Budapest, avec la Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni vient parachever la dénucléarisation de l'Ukraine. Les trois états promettant, en l'échange de la destruction de l'arsenal nucléaire et de la signature du traité de non-prolifération des armes nucléaires, de :

  1. respecter l'indépendance, la souveraineté et les frontières actuelles de l'Ukraine ;
  2. s'abstenir de toute menace ou usage de la force contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de l'Ukraine ;
  3. s'abstenir d'utiliser la pression économique sur l'Ukraine en vue d'influencer sa politique ;
  4. demander l'aval du Conseil de sécurité des Nations unies si des armes nucléaires sont utilisées contre l'Ukraine ;
  5. s'abstenir d'utiliser des armes nucléaires contre l'Ukraine ;
  6. consulter les autres parties prenantes si des questions se posent au sujet de ces engagements.

Dans les faits, la dernière arme nucléaire ukrainienne est transférée le 1er juin 1996 en Russie pour y être détruite[1] et le dernier silo à missiles est détruit en 2001[1].

L'Ukraine s'appuie encore aujourd'hui sur cet accord pour dénoncer une invasion de la Russie et pour rappeler aux autres parties prenantes leur engagement à faire respecter cet accord.

Une interdépendance bien trop forte entre la Russie et l'UE[modifier | modifier le wikicode]

Quelques chiffres illustrent cette interdépendance, l'Union européenne représente 88 % des exportations totales de pétrole russe, 70 % des exportations de gaz et 50 % des exportations de charbon[4]. L'ensemble couvrant un peu plus de 25 % des besoins des pays de l'Union, mais avec de très grande disparités suivant les pays. Là où la dépendance gazière à la Russie est 0 % au Portugal ou en Espagne, elle atteint 98 % en Roumanie et même 100 % dans les trois pays baltes ainsi qu'en Bulgarie[5]

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 et 1,4 The trilateral process: The United States, Ukraine, Russia ans Nuclear Weapons Brookins Arms Control Series, Steven Pifer, Mai 2011. Consulté le 21 mars 2014.
  2. L'Ukraine aurait-elle dû garder l'arme nucléaire ?, Slate.fr, Grégoire Fleurot, le 4 mars 2014. Consulté le 21 mars 2014.
  3. Vers la dénucléarisation de l'Ukraine in Les Echos no 16506, 27 octobre 1993. Consulté le 21 mars 2014.
  4. Le partenariat UE-Russie – faits et chiffres, Commission Européenne, février 2011
  5. Comment sanctionner la Russie sans pénaliser l'économie européenne ? in Le Huffington Post, Grégory Raymond, 20 mars 2014. Consulté le 21 mars 2014.
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