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Tadeusz Mazowiecki et Bronisław Geremek défient le gouvernement polonais

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Publié le 27 avril 2007
Alors que le gouvernement polonais a adopté une loi dite de « décommunisation », obligeant entre autres les responsables politiques, professeurs d'université et journalistes à déclarer leur éventuelle collaboration avec le régime communiste sous peine de licenciement, Tadeusz Mazowiecki et Bronisław Geremek, deux figures historiques de la lutte contre le pouvoir communiste, ont décidé de défier le gouvernement de Jarosław Kaczyński en annonçant qu'ils ne rempliraient pas cette déclaration.

M. Mazowiecki, premier chef de gouvernement de la Pologne post-communiste, a jugé « humiliant » de devoir remplir une telle déclaration. Il a d'ores et déjà été déchu de son poste de membre d'un comité d'octroi de l'Ordre de l'Aigle blanc, la plus haute distinction de l'État polonais. M. Geremek, qui avait été ministre des Affaires étrangères de ce même gouvernement, risque lui de perdre son poste d'eurodéputé pour n'avoir pas rempli ladite déclaration dans les délais qui lui étaient impartis. Dans une tribune publiée hier par le journal français Le Monde, Bronisław Geremek évoque un texte « inacceptable dans l'Europe démocratique », qui engendre selon lui une forme de « ministère de la vérité et de police de la mémoire ». La Pologne évolue « dans un univers qui rappelle celui de George Orwell », a-t-il déclaré au journal espagnol El País.

Les réactions ont été nombreuses dans le monde. Le Parlement européen a affirmé jeudi 26 avril vouloir tout faire pour que Bronislav Geremek garde son poste. Le président du groupe Verts, Daniel Cohn-Bendit, a dénoncé « des méthodes staliniennes ou fascistes », tandis que son homologue du groupe socialiste, Martin Schulz, a lui appelé ses collègues à « se dresser contre la négation flagrante des valeurs européennes par le gouvernement polonais ». La Commission européenne, quant à elle, a renvoyé à la Cour constitutionnelle polonaise le soin de juger de la constitutionnalité du texte, celle-ci devant donner sa décision entre le 9 et le 11 mai.

Les deux candidats à l'élection présidentielle française, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, se sont également dit indignés de cette loi. Nicolas Sarkozy a considéré cette loi comme « particulièrement inadmissible », jeudi soir sur France 2, et s'est dit « très préoccupé du gouvernement polonais actuel ». Ségolène Royal a quant à elle salué dans un communiqué « le courage et la détermination de Bronislaw Geremek », qui « nous rappelle que les valeurs démocratiques de l'Union européenne ne sont pas négociables ».

Sources