Sri Lanka : assassinat d'un député tamoul membre de l'opposition

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Localisation du Sri Lanka

Publié le 2 janvier 2008
Thiyagarajah Maheswaran, âgé de 47 ans, député du Parti national uni (PNU) au parlement du Sri Lanka, a été assassiné avec un de ses gardes du corps, mardi 1er janvier 2008, alors qu'il participait à une cérémonie religieuse dans un temple hindouiste à Kochchikkadai, dans le district de Colombo.

M. Maheshwaran se montrait très critique à l'encontre de la gestion politique et militaire, sous l'autorité du président Mahinda Rajapakse, du conflit qui oppose la majorité cinghalaise, de religion bouddhiste, à la minorité tamoule de religion hindouiste.

Situation militaire en juillet 2007
En rouge : territoires à majorité tamoule, contrôlés par les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) ;
En jaune : territoires revendiqués par les LTTE mais contrôlés par l'armée sri lankaise ;
En blanc : territoires à majorité cinghalaise et contrôlés par l'armée sri lankaise.

Il s'était exprimé, dimanche 30 décembre, sur l'antenne de la chaîne de télévision Shakti TV en indiquant son intention de révéler, lors de la rentrée parlementaire au mois de janvier, les noms des responsables d'une « campagne de terreur » que, selon ses vues, des paramilitaires supposés proches du gouvernement sri lankais mèneraient dans la péninsule de Jaffna, territoire revendiqué par les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) mais contrôlé, pour sa majeure partie, par l'armée sri lankaise.

Carte du Sri Lanka

Atteint de plusieurs balles lors de la fusillade, dont certaines à la tête, M. Maheshwaran est décédé après son tranport à l'hôpital national de Colombo, selon une porte-parole de l'établissement.

Une autre personne, l'un de ses gardes du corps selon une source hospitalière citée par le ministère sri lankais de la Défense, aurait également été tuée lors de la fusillade, tandis qu'une dizaine d'autres personnes auraient été blessées, y compris le tireur présumé, qui aurait été atteint par des tirs de riposte d'un agent de sécurité, et seraient soignées à l'hôpital de Colombo.

Le secrétaire général du PNU, Tissa Attanayake, a réagi en estimant que le gouvernement, qui avait récemment réduit de 18 à 2 le nombre de gardes du corps affectés à la sécurité du député, portait, selon lui, la responsabilité de cet assassinat, soulignant le fait que cette réduction aurait rendu M. Maheshwaran « vulnérable à une attaque de cette nature ». Un porte-parole de la présidence sri lankaise s'est toutefois inscrit en faux contre cette assertion.

Le président Mahinda Rajapakse a d'ailleurs eu l'occasion de réagir personnellement à l'attentat, alors qu'il donnait une petite réception au siège de la présidence, à l'occasion du Nouvel An, réception à laquelle étaient conviés ses collaborateurs. Il a condamné cet attentat, indiquant que cette nouvelle l'aurait choqué, et rappelé qu'il avait eu l'occasion de rencontrer le député à Jaffna, alors qu'il n'était pas encore président, et que, en dépit de leurs différences d'appréciation politiques, ils auraient eu « de bonnes relations ». Le président a en outre indiqué, comme il est habituel en pareille circonstance, qu'il avait donné des instructions aux autorités policières pour mener à bien l'enquête sur les circonstances et responsabilités de ce meurtre, et enfin qu'il avait envoyé ses condoléances à la famille et aux proches du député assassiné.

Thiyagarajah Maheswaran, qui avait échappé à une tentative d'assassinat durant la campagne pour l'élection présidentielle du 17 novembre 2005 [1], est le troisième député tamoul assassiné depuis deux ans. Le député Joseph Pararajasingham, membre de l'Alliance nationale tamoule, réputé proche des LTTE, avait été assassiné le 25 décembre 2005 [2] puis, le 10 novembre 2006, c'était au tour de Nadarajah Raviraj, lui aussi membre de l'ANT, d'être abattu sans que, dans les deux cas, les circonstances de ces assassinats soient éclaircies.

Ces trois assassinats de députés tamouls présentent toutefois des différences : si, dans les deux premiers cas, on avait affaire à des députés clairement connus comme séparatistes, M. Maheshwaran, bien qu'accusé par certains de ses adversaires de sympathies pour les Tigres tamouls, n'en était pas moins membre d'une formation qui a toujours milité pour l'unité du Sri Lanka, sans considération pour les différences ethniques ou religieuses, et accueille en son sein aussi bien des cinghalais bouddhistes que des tamouls hindouistes, ainsi que des représentants de la minorité musulmane.

La guerre civile au Sri Lanka dure depuis 1972 et aurait causé la mort de 60 000 à 70 000 personnes, avec plusieurs périodes de rémission. Cependant, depuis l'élection à la présidence de Mahinda Rajapakse, connu pour son intransigeance à l'encontre des rebelles tamouls, le conflit n'a guère connu de répit dans les violences.

Parallèlement à l'annonce de l'assassinat du député, on a ainsi appris, le même jour, d'une source proche du ministère de la Défense sri lankais, que 25 Tigres tamouls auraient été tués par l'armée sri lankaise dans des combats survenus dans les zones disputées par les belligérants.

Enfin, dans la matinée du 2 janvier, on apprenait également l'explosion d'une bombe devant le Nippon Hotel à Colombo, qui aurait causé, selon les informations rapportées par le ministère sri lankais de la Défense, la mort de quatre personnes (un militaire et trois civils) tandis que 28 personnes (11 militaires et 17 civils) auraient été blessées. Le gouvernement sri lankais impute la responsabilité de cet attentat, qui aurait visé un bus de l'armée, aux Tigres de libération de l'Eelam tamoul, soit dans la terminologie gouvernementale, aux « terroristes du LTTE ».

Notes

Sources

Sources anglophones
Sources francophones