Mauritanie : Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi est élu président de la République
Publié le 26 mars 2007
Le second tour de l'élection présidentielle en Mauritanie s'est déroulé sans encombre, dimanche 25 mars 2007, venant ainsi ajouter une étape au processus de transition vers des institutions démocratiques, processus annoncé peu après le coup d'État militaire qui avait renversé, le 3 août 2005, l'ancien président autocrate Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya.
Les résultats
Électeurs inscrits | 1 132 176 | 100,00 % |
Votants | 764 045 | 67,48 % |
Abstentions | 368 131 | 32,52 % |
Bulletins nuls | 30 848 | 4,04 % |
Votes blancs | 26 494 | 3,47 % |
Suffrages exprimés | 706 703 | 92,49 % |
Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi |
373 519 | 52,85 % |
Ahmed Ould Daddah | 333 184 | 47,15 % |
Selon les résultats provisoires communiqués lundi en fin de matinée par Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine, ministre de l'Intérieur, des Postes et Télécommunications, c'est l'ancien ministre Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi qui a remporté le scrutin, avec une majorité de 52,85 % des suffrages exprimés.
Le premier tour, qui avait vu s'affronter dix-huit candidats (au lieu de dix-neuf initialement annoncés), s'était déroulé le dimanche 11 mars dernier, et avait vu arriver en tête Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, qui avait obtenu 24,80 % des suffrages exprimés, et Ahmed Ould Daddah, crédité de 20,69 %.
Les résultats définitifs seront proclamés par le Conseil constitutionnel mauritanien, après examen des éventuelles réclamations et, s'il y a lieu, rectification des résultats.
Le nouveau président devrait être investi au cours d'une cérémonie devant intervenir le 19 avril prochain.
Le Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), avec à sa tête le colonel Ely Ould Mohamed Vall, a donc tenu les engagements pris en août 2005, alors que de nombreux observateurs émettaient des doutes sur la réalité du calendrier électoral annoncé par celui qui avait servi l'ancien président au poste de directeur de la Sûreté nationale.
Certains observateurs de la vie politique mauritanienne semblent penser que, si le colonel Vall a choisi de s'effacer volontairement, en interdisant toute participation des membres de la junte au processus électoral, ce pourrait être en vue de postuler à la magistrature suprême, à l'expiration du mandat de M. Abdallahi, en 2012. Le colonel Vall serait alors susceptible de se prévaloir de la réussite du processus de transition vers des institutions démocratiques.
Le président élu
Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, né en 1938, est titulaire d'un DEA en économie, obtenu en 1968 à l'issue de ses études en France.
Revenu en Mauritanie, il travaille d'abord à la direction du Plan, avant de faire son entrée, en septembre 1971, dans le gouvernement du président Moktar Ould Daddah (frère de son adversaire du 25 mars), où il occupera divers postes dont celui de ministre d'État, chargé de l'Économie nationale.
Après le coup d'État militaire qui renverse, le 10 juillet 1978, le président Ould Daddah, il est emprisonné durant quelques mois, à l'instar d'autres hauts responsables politiques.
De 1982 à 1985, il occupe les fonctions de conseiller du Fonds koweïtien pour le développement économique arabe.
Il fait un bref retour dans la vie politique, en 1986, dans le gouvernement dirigé par le colonel Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya, occupant successivement les fonctions de ministre de l'Hydraulique et de l'Énergie puis de ministre des Pêches et de l'Économie maritime. Impliqué dans une affaire de corruption, il est brièvement emprisonné puis assigné à résidence pendant un temps.
De 1989 à 2003, il travaille de nouveau pour le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe et occupe un poste de conseiller économique auprès des gouvernements successifs du Niger.
Le 4 juillet 2006, il annonce sa candidature à l'élection présidentielle mauritanienne.
Certains commentateurs, s'appuyant sur les conditions dans lesquelles M. Abdallahi avait annoncé sa candidature, au cours d'une réunion publique survenue au palais des Congrès de Nouakchott, ont vu en lui une « marionnette » des militaires au pouvoir, mais d'autres analystes font observer que les choses ne sont sans doute pas si simples et que, au sein du Conseil militaire pour la justice et la démocratie, son futur adversaire du second tour, Ahmed Ould Daddah, aurait également disposé de partisans. On remarque qu'aucun membre de la junte militaire ne lui a manifesté publiquement son soutien.
Parmi les chantiers annoncés par le président élu, figure celui de la disparition de l'esclavage, officiellement aboli en 1981 mais qui, dans les faits, persiste en certains endroits du pays. Il avait d'ailleurs reçu, pour le second tour, le soutien de l'influent Messaoud Ould Boulkheir, président de l'Alliance progressiste du peuple (APP) et Haratine (descendant des anciens esclaves).
M. Abdallahi, issue de l'« élite » maure, s'est également engagé à combattre les disparités sociales, dans un pays ethniquement divisé et où le pouvoir économique est toujours aux mains des anciens maîtres arabo-berbères, face aux anciens esclaves noirs.[1] La redistribution des richesses issues de l'industrie pétrolière est également à l'ordre du jour.
- ↑ Selon le CIA World Factbook, la répartition ethnique mauritanienne serait la suivante : 40 % de population brassée (Maures et Noirs), 30 % de Maures, 30 % de Noirs.
Sources
- Sources francophones
- ((fr)) – Agence mauritanienne d'information, « Le ministre de l'Intérieur annonce la victoire du candidat Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi à l'élection présidentielle ». 26 mars 2007.
- ((fr)) – Moktar Gaouad, « La démocratie au bout du fusil ». AllAfrica.com, 26 mars 2007.
- ((fr)) – Agence de presse africaine, « Sidi Ould Cheikh Abdellahi, ancien ministre de Ould Daddah et de Ould Taya ». apanews.net, 25 février 2007.
- ((fr)) – Pascal Fletcher et Ibrahima Sylla, pour Reuters, « Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, président de la Mauritanie ». lemonde.fr, 26 mars 2007. (version francophone)
- ((en)) – Didier Samson, « Sidi Ould Cheikh Abdallahi élu président ». Radio France Internationale, 26 mars 2007.
- Sources anglophones
- ((en)) – Richard Hamilton, pourBBC News, « Profile: Mauritania's new leader ». BBC News, 26 mars 2007.
- ((en)) – BBC News, « Ex-minister wins Mauritania poll ». BBC News, 26 mars 2007.
- ((en)) – dpa, « Abdallahi wins Mauritania's historic election ». Monsters and Critics, 26 mars 2007.
- ((en)) – Pascal Fletcher et Ibrahima Sylla, pour Reuters, « Abdallahi elected as Mauritania president ». Reuters, 26 mars 2007. (version anglophone)
- Mauritanie : le président Ould Abdallahi nomme Zeine Ould Zeidane au poste de Premier ministre (23 avril 2007)
- Mauritanie : Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi est élu président de la République (26 mars 2007)
- Mauritanie : premier tour de l'élection présidentielle (12 mars 2007)
- Mauritanie : élections législatives et municipales, 15 mois après le renversement du président Ould Taya (19 novembre 2006)
- Mauritanie : le oui pour une nouvelle constitution l'emporte (27 juin 2006)
- Le pouvoir aux mains de l'armée en Mauritanie (4 août 2005)