La guerre au Sri Lanka : un conflit géostratégique

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Publié le 28 avril 2009
 Sri Lanka Près de 6 500 civils ont été tués, et plusieurs autres milliers blessés qu Sri Lanka, lors des trois derniers mois d'offensives gouvernementales majeures et de bombardements, selon un rapport des Nations unies. Les médias restent pourtant très discret sur cette guerre ethnique.

Nord Sri Lanka : les populations subissent l'offensive gouvernementale

En début d'année, l'armée gouvernementale a lancé une offensive majeure sur les Tigres de libération de l'Îlam tamoul (Tigres tamouls) afin de les extirper des territoires du nord-est du Sri Lanka, que ces derniers contrôlaient depuis deux décennies. Aujourd'hui, à la suite des derniers bombardements et assauts, les rebelles sont réduits à une petite bande côtière, à l'extrême nord-est de l'île. De nombreux civils, 50 000 selon les estimations, se retrouvent ainsi piégés dans cette impasse de quelques dizaines de km², subissant l'offensive gouvernementale, tandis que quelque 100 000 civils ont réussi à fuir la zone.

Thangamuttu Sathyamurthi, un fonctionnaire médical opérant sur le front, rapporte que la situation humaine est telle que des civils meurent par manque de nourriture, de médicaments et de soins.

Selon Médecins Sans Frontières, de nombreux civils, ayant fui les zones d'affrontement, portent des blessures par balle, ou par éclats d'obus. Le gouvernement accuse les Tigres tamouls, tandis que Human Right Watch dénonce l'armée gouvernementale effectuant « une guerre contre des civils »[1].

L'ONU affirme que le rythme des morts de civils a augmenté de 33 par jour, en janvier, à 116 morts par jour actuellement. Le gouvernement accuse les rebelles tamouls de se cacher parmi les civils, devenant de fait des boucliers humains. Les Tigres accusent les armées de gouvernementales de tirs et bombardements aveugles.

Géopolitique du conflit : pourquoi l'occident ne veut pas parler du Sri Lanka

Ce conflit ethnique reste complexe, et est malheureusement peu exposé et peu expliqué. Les rebelles étant souvent rapidement réduits au qualificatif de « terroristes », suivant la position officielle des gouvernements indien et américain.

Communisme, Chine, et États-Unis

Les Tigres tamouls sont un mouvement indépendantiste, dénonçant la discrimination officielle, notamment à l'emploi, que les Tamouls ont subie par le passé. Ils sont aussi un groupe communiste, et ceci revêt toute son importance. Durant 23 ans, de 1983 à 2006, les Tigres tamouls ont tenu en échec les forces gouvernementales supérieures en nombre, et contrôlent une part importante du Sri Lanka : les plaines du nord ainsi que les plaines orientales. La société cinghalaise étant, dans les années 1970, plus riche que la minorité tamoule, cette occupation militaire au-delà de l'espace ethniquement tamoul implique nécessairement un soutien fort des populations (tamoules et autres) en faveur du mouvement rebelle tamoul, ceci contre le gouvernement Sri Lankais. Dans les années 1990, lorsque les rebelles tamouls - communistes - contrôlent la plus vaste région, l'URSS vient de s'effondrer, le contexte international est à la détente.

Aujourd'hui, l'émergence rapide de la Chine et de l'Inde font de cette île une région stratégique clef. Quelque soit la qualité des gouvernants tamouls, le basculement de cette île aux mains d'un gouvernement communiste (tamoul) serait un désastre pour le bloc des démocraties, Inde et États-Unis. Le Sri Lanka deviendrait probablement un second Cuba, allié idéologique mais aussi de circonstance de Pékin, stratégiquement positionné aux abords de l'Inde. Tête de pont chinoise dans l'océan Indien, le Sri Lanka deviendrait une inquiétude majeure pour les États-Unis, puis pour l'Inde.

L’échange de bons procédés pour ce soutien a été un Accord d’acquisition et des services (Acquisition and Cross-Servicing Agreement, ACSA) qui a été signé en mars 2007 et permettant aux navires de guerre et aux avions américains d’utiliser les installations sri lankaises.

Craintes de l'Inde, et calculs des États-Unis

Le gouvernement indien craint qu'un mouvement indépendantiste tamoul victorieux au Sri Lanka embrase les aspirations indépendantistes des Tamouls d'Inde du Sud. L'Inde soutient puissamment le gouvernement Sri Lankais, aux mains des Cinghalais, dans son projet de répression du mouvement. Le Sri Lanka, et l'Inde, qualifient les tamouls d'organisation terroriste. Les États-Unis, recherchant le soutient Indien dans leur « War on Terror », réduisent le conflit au terme de « terrorisme ».

Les États-Unis ont, de leur côté, négocié des droits d'utilisation de bases militaires au Sri Lanka, offrant en échange des cadres militaires américains pour la formation des troupes cinghalaises, ainsi qu'une aide dans la lutte contre les réseaux de soutien financier pro-Tamoul. L’ambassadeur américain, Jeffrey Lunstead, a déclaré : « De par notre entraînement militaire et nos programmes d’aide, y compris les efforts relatifs aux initiatives contre-terroristes et au blocage des transactions financières illégales, nous aidons à façonner la capacité du gouvernement sri lankais à protéger la population et à défendre ses intérêts. »[2]Aussi, depuis 2006, les Tamouls ont perdu 99 % de leur territoire et semblent proches d'être défaits, posant la question de l'avenir de la minorité tamoule dans cet état aux mains des Cinghalais.

Ne parlons pas du Sri Lanka

Aussi, Inde et États-Unis s'organisent pour s'assurer coute que coute de la défaite des Tigres. Qu'Human Rights Watch dénonce la « guerre contre des civils » de l'armée gouvernementale[3] ne semble gêner ni les États-Unis, ni l'Inde. Comprendre les raisons profondes de ce conflit presque trentenaire, où le critiquable gouvernement sri lankais à été étrangement tenue en échec durant 26 ans, n'intéresse ni l'Inde, ni les États-Unis : les Tigres tamouls sont des « terroristes », point. L'on vend aveuglément et en grande quantité des armes au gouvernement sri lankais, par le biais de l'Inde. Des colonels américains forment les nouvelles troupes gouvernementales.
Il n'y a rien a dire sur le Sri Lanka, par le feu et par le sang: le tigre sera tué, et le Sri Lanka restera du côté des démocraties.

Voir aussi

Notes

Sources


Sites et articles en ligne :