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France : le débat Royal-Bayrou a eu lieu

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Publié le 28 avril 2007
Indépendamment du « traditionnel » débat de l'entre-deux tours prévu entre les deux « finalistes » de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy, président de l'UMP et Ségolène Royal, soutenue par le Parti socialiste, la campagne de cette année a connu une innovation de taille : un débat inédit entre Mme Royal et François Bayrou, président de l'UDF lequel était arrivé en troisième position lors du premier tour, le 22 avril.

À huit jours du second tour qui se déroulera le 6 mai 2007[1], ce débat inédit a eu lieu dans un grand hôtel parisien. Il a commencé vers 11 heures du matin, durant une heure et demie, pour une retransmission en direct sur la chaîne de télévision BFM TV ainsi que sur la station de radio RMC.

Organisation

L'idée de ce débat avait été lancée par Ségolène Royal dès lundi dernier et qu'il devait se dérouler sur le plateau d'une grande chaîne généraliste, chose qui n'a pas pu se faire, officiellement à cause des règles de stricte égalité de temps de parole imposées par le Conseil supérieur de l'audiovisuel et officieusement, et d'après les deux protagonistes eux-même qui en ont la « certitude »[2] comme le disait M. Bayrou devant M. Jean-Michel Aphatie sur la radio RTL vendredi matin, à cause de M. Nicolas Sarkozy, candidat toujours en lice de l'UMP qui aurait utilisé toute son influence sur les médias pour empêcher la rencontre ce qu'il réfute, qualifiant même cet événement de « grand procès de Moscou »[3] à son encontre. Au cours de l'émission, et à cause de l'insistance de M. Bayrou, un journaliste a admis avoir reçu des coups de téléphone. Cependant, deux autres journalistes ont immédiatement affirmé qu'il n'en avait pas été de même pour eux.

Idées débattues

Les deux protagonistes ont étudié les différentes facettes de leur programme pour les comparer et trouver soit des convergences de principe, soit des désaccords idéologiques.

Réforme des institutions

La réforme des institutions a été le premier sujet abordé, thème sur lequel ils sont d'accord dès le départ puisqu'ils proposent tous les deux une modification importante de la vie politique française. Les propositions telles que la mise en place d'une sixième république, d'une dose de proportionnelle aux élections législatives, de la création de jurys citoyens et de la fin de la concentration des pouvoirs pour une seule personne ont été abordés.

La dose de proportionnelle aux élections législative mettrait fin à une particularité française dans l'Union européenne puisqu'un grand nombre [4] des autres démocraties de l'UE fonctionnent dans ce sens afin que le parti qui remporte les élections ne soit pas majoritaire, ce qui l'oblige à un minimum de concessions. Alors qu'aujourd'hui, selon les opposants à ce mode de scrutin, le parti majoritaire qui gagne les élections législatives en France gouvernerait pour 51% des Français et oublierait les autres.

Nouveau traité européen

Les deux politiques sont en accord au départ puisque M. Bayrou a estimé « qu'une grande majorité de Français savent qu'il n'y a aucun avenir pour notre pays sans une Union européenne qui parle d'une voix forte dans le monde » alors que Mme. Royal pense que « chacun sent bien que l'Europe doit d'abord défendre les valeurs humaines ». Ils proposent donc un texte « court et lisible » soumis à un référendum.

Par contre, M. Bayrou a critiqué Mme. Royal pour l'idée d'un « SMIC européen » qu'il juge non sérieux et pour celle d'un « euro faible » par rapport au dollar et d'une réforme de la Banque centrale européenne, ce qui pourrait entraîner des conséquences néfastes pour l'économie française.

Ici, nous pouvons balayer cette idée de l'euro faible et de la réforme de la Banque centrale européenne (idées aussi proposés par M. Sarkozy) puisque ces idées ne peuvent pas aboutir. En effet, le cours de l'Euro ne varie qu'avec les fluctuations du marché européen et il se porte très bien en ce moment. À cet égard, la Banque centrale européenne a été créé en étant dissociée de la vie politique. Les euro-députés l'ayant déjà fait remarqué au cours d'interviews diffusées sur Arte info avant le premier tour.

Dette française

Ce sont ici les désaccords idéologiques qui ont été soulevés puisque M. Bayrou a critiqué les « promesses coûteuses qui formeraient un déficit considérable » de Mme. Royal. Celle-ci rétorque qu'elle n'est pas une « femme de dogme » et qu'elle est consciente que le redressement économique de la France passe par « la compétitivité économique » même si il faut y rajouter « la compétitivité sociale » propre à la l'idéologie socialiste. Elle pense de plus que « c'est en faisant des économies sur des dépenses mal orientées » que l'on doit rétablir l'équilibre économique et que « toutes les dépenses publiques proposées dans le Pacte rapportent plus qu'elles ne coûtent ».

Ils sont néanmoins d'accord sur l'abandon de l'étatisme puisque « Ce n'est pas l'État qui va faire la sécurité sociale professionnelle, ce sont les partenaires sociaux » précise Mme. Royal en plaisantant, elle rajoute que M. Bayrou est un « excellent défenseur du Pacte présidentiel » sur ce point.

Société

Sur les 35 heures, M. Bayrou note la encore une discordance puisque Mme Royal propose une généralisation de la loi alors que lui propose au contraire une libération de ce système. Mais il note, en contrepartie, que les trois candidats principaux ne sont pas si éloignés les uns des autres sur ce sujet puisque des familles et des entreprises ont trouvé un équilibre entre travail et loisir. Mme. Royal décrit la loi comme étant un « progrès humain considérable » et que son application avait permis « une modernisation des entreprises ».

Le système des retraites leur permet de faire converger leurs idées puisqu'ils proposent tous deux de revenir sur la « loi Fillon », critiquant les « inégalités trop lourdes » quelle a enclenché. De même, Mme. Royal promet d'augmenter de 5% les « petites retraites », point sur lequel M. Bayrou la rejoint et l'encourage même à aller plus loin dans la démarche.

L'immigration et le rapport en la police et la population ont aussi été évoqué, ils s'en sont alors violemment pris au bilan de M. Sarkozy, ancien ministre de l'intérieur puisqu'ils ne veulent pas montrer du doigt une partie de la population comme ce dernier l'a souvent fait. De même, ils remarquent la dégradation des rapports entre la police et les Français, ils proposent pour y remédier de réinstaurer la « police de proximité » renommée « police de quartier » supprimée par M. Sarkozy et de revenir à la prévention puisque M. Bayrou a affirmé que « ceux qui croient uniquement à la sanction se trompent », phrase visant directement le second candidat.

En ce qui concerne l'identité nationale où Mme. Royal avait proposé que chaque Français ait un drapeau tricolore chez lui, M. Bayrou a répliqué que la France était avant tout des valeurs donc « chacun honore son pays comme il l'entend ».

Réactions

M. Sarkozy se trouvait ce matin à Valenciennes avec M. Jean-Louis Borloo, l'actuel ministre de la cohésion sociale où il a affirmé « ne pas être intéressé par les petites combines de Ségolène Royal et François Bayrou » et a rajouté que « moi, ce qui m'intéresse, c'est rencontrer les Français, ce ne sont pas les combines d'états-majors ».

Les membres du PS et ceux de l'UDF notent « une belle leçon pour la démocratie » même si chacun est resté plus ou moins sur ses positions, alors que ceux de l'UMP déclarent comme Renaud Muselier que « Je n'ai pas pu suivre le débat car j'étais à une manifestation dans ma circonscription. Mais de toutes façons, ce débat entre la 2ème et le 3ème m'intéresse beaucoup moins que la finale ».

M. Bayrou a enfin rappelé être tout à fait favorable au même type d'entretien public avec M. Sarkozy, ce dernier ayant déjà déclaré que cela ne l'intéressait pas.

Le site internet Yahoo! va mettre la vidéo de l'intégralité du débat sur un espace d'échange participatif relatif à une bande dessinée appelée « Élysée République ». Les responsables français ont indiqué qu'ils feraient de même avec le débat habituel de l'entre-deux tours prévu pour mercredi prochain.

Notes

Sources


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