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France : l'enquête concernant l'affaire Fillon à nouveau élargie

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Publié le 22 mars 2017
Nouveau rebondissement dans l'« affaire Fillon », concernant des soupçons d'emplois fictifs envers l'épouse et les enfants de François Fillon, le candidat LR à la présidentielle française, ainsi que d'autres actes de ce dernier. Des documents signés par Penelope Fillon, l'épouse de François Fillon, ont été saisis par les enquêteurs à l’Assemblée nationale à la suite d'une deuxième perquisition menée ce mois-ci (la première ayant eu lieu le 31 janvier). Les documents laissent penser que le couple Fillon aurait peut-être produit des faux visant à justifier les salaires de Penelope Fillon. Cette saisie a entraîné jeudi la délivrance d'un réquisitoire supplétif pour « escroquerie aggravée, faux et usage de faux » aux juges d’instruction déjà chargés de l’« enquête Fillon » pour « détournement de fonds publics, abus de biens sociaux, complicité et recel de ces délits, trafic d’influence et manquement aux obligations déclaratives », de la part du parquet national financier.

Possibles faux

Ces documents présentent différents calculs d’heures travaillées. Les enquêteurs estiment que ces calculs pourraient constituer des faux, visant à justifier a posteriori les salaires versés et certifier la véracité de son travail d’assistante parlementaire. On ne sait cependant pas qui était le destinataire de cette déclaration ni quelle est la période concernée.

Le Canard enchaîné de ce 22 mars ajoute par ailleurs que, tandis que Penelope Fillon cumulait deux emplois à temps plein à l’Assemblée nationale et à la Revue des deux Mondes entre le 1er juillet 2012 et le 30 novembre 2013, le couple a « carrément signé une fausse déclaration, certifiant aux fonctionnaires de l’Assemblée que madame ne bossait pas plus d’une trentaine d’heures par mois à la Revue des deux mondes où elle était payée pour 151,67 heures », alors que le règlement de l’Assemblée nationale stipule que le nombre d'heures de cumul d’emplois de ses salariés ne doit pas dépasser 180.

Penelope Fillon convoquée pour mise en examen

Penelope Fillon est convoquée aux fins de mise en examen le 28 mars. Mais son avocat pourrait éventuellement demander à décaler la convocation pour éviter les journalistes, comme pour son mari la semaine dernière.

Une source proche du dossier précise toutefois que « ce supplétif ne concerne pas exclusivement Mme Fillon » tandis que son avocat Pierre Cornut-Gentille s’« indigne des fuites dans la presse », réaffirmant que Penelope Fillon entend faire ses premières déclarations aux magistrats instructeurs.

Enquête déjà élargie une première fois

L’enquête a également été élargie le même jeudi à des faits de trafic d’influence concernant en particulier les activités de François Fillon au sein de sa société de conseil 2F, qui a travaillé notamment pour Fimalac, appartenant à Marc Ladreit de Lacharrière, qui n'est autre que son ami et lui a prêté 50 000 euros sans intérêts en 2013. Cette somme a été remboursée mais pas déclarée.

Encore une autre affaire

Par ailleurs, il a également été révélé par Mediapart que Fillon a reçu secrètement 45 000 euros, en deux versements, à l'été 2015 et début 2016, de 22 500 euros chacun, en échange d’une mission de bons offices auprès de l’homme d’affaires libanais Fouad Makhzoumi. Les versements ont été effectués sur le compte de la société de conseil de Fillon, 2F Conseil, depuis le groupe Future Pipe Industries (FPI), leader mondial des pipelines en fibre de verre domicilié à Dubaï (Émirats arabes unis) et fournisseur des grandes monarchies du Golfe, dont le fondateur et dirigeant n'est autre que Makhzoumi. La mission de Fillon consistait à aider l'homme d'affaires à développer son « pouvoir d’influence » en France et dans d’autres pays, dont la Russie. En clair, à y faire des affaires, exploiter à des fins commerciales le carnet d’adresses d'un Fillon redevenu député après l'élection présidentielle de 2012, ce qui semble en contradiction avec la mission d’intérêt général et la neutralité assignées aux élus. Le contrat n'avait pas été reconduit en juin 2016.

FPI a pour sa part confié s'être assuré de la légalité et de la conformité de ce contrat en l’ayant fait expertiser par des avocats. « Tout est réglo, si M. Fillon a commis quelque chose d’illégal, ce sera son sujet, pas le nôtre », déclare la société.

L'entourage de Fillon avait jusqu'à présent nié ces faits, jusqu'à ce que Mediapart les prouve il y a quelques jours.

Le profil de Fillon semblait pertinent car à la fois influent et à même « d’ouvrir des portes », mais aussi pourvu d’une société de conseil personnelle, ce qui est moins courant. Fillon aurait permis à l'homme d'affaires de décrocher en juin 2015 des rencontres stratégiques avec Vladimir Poutine et Patrick Pouyanné, PDG de Total et ami de Fillon, en marge du SPIEF, un forum économique international, à Saint-Pétersbourg.

Cette relation comporte des zones d'ombres sur lesquelles vont se pencher les enquêteurs. Invité par Makhzoumi, François Fillon s’est par exemple rendu à Beyrouth en décembre 2014 afin d'y rencontrer des dirigeants politiques et religieux. Des fonds auraient à cette occasion pu être levés en vue de financer sa campagne électorale.
Il est aussi à noter que Makhzoumi a été impliqué dans un scandale de corruption au Royaume-Uni dans les années 1990. L'homme d'affaires entretient également des liens étroits avec le régime syrien et a créé de nombreuses sociétés offshore, dont certaines toujours en activité.


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