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Découverte du possible plus vieil ancêtre préhistorique des humains, en Chine

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Reconstitution du Saccorhytus coronarius.

Publié le 2 février 2017
Des microfossiles « exceptionnellement bien conservés » d'une minuscule créature préhistorique ont été découverts par des chercheurs chinois dans le centre de la Chine. À l’œil nu, ces fossiles « ressemblaient à des petits grains noirs ». La créature a été baptisée « Saccorhytus coronarius ».

Les chercheurs à l'origine de la découverte ont écrit une étude sur la créature avec l'université anglaise de Cambridge, publiée dans la revue britannique Nature lundi 30 janvier. Il y qualifient Saccorhytus de « plus vieil ancêtre préhistorique des humains ». Cette assertion suscite cependant quelques questionnements.

Une créature aquatique du Cambrien

Saccorhytus vivait en milieu marin au début du Cambrien, soit il y a 540 millions d'années. Jean Vannier, paléontologue et directeur de recherche au laboratoire de géologie du CNRS, à Lyon, décrit la créature comme ayant une forme sphérique de tout petit sac. Elle mesurait environ 1 mm et vivait probablement entre les sédiments marins, dans les grains de sable au fond de l'eau, « de tous petits vides occupés, aujourd'hui, par certains petits vers et petits coquillages ».

Une grande bouche mais pas d'yeux ni d'anus

Saccorhytus était pourvue d'un grand orifice, probablement une bouche, énorme pour sa taille et avait huit petites ouvertures coniques le long de son corps. Ces ouvertures lui permettaient certainement d'évacuer l'eau qu'elle avalait et filtrait. Les scientifiques voient ce système comme l'ancêtre probable des branchies des poissons.

L'animal se nourrissait probablement de petites particules en suspension dans l'eau. « Son corps devait être assez souple et flexible pour pouvoir se mouvoir et exécuter des contractions afin d'expulser l'eau, mais pas aussi gélatineux et fragile qu'une méduse », selon Jean Vannier.

Les scientifiques n'ont pas identifié d'yeux, mais ils estiment que la bête disposait probablement de récepteurs sensoriels. Elle ne semblait pas non plus disposer d'anus (la bouche faisant probablement aussi office d'anus). Pour les chercheurs, cet animal possédait « un niveau remarquable de complexité organique à un stade aussi précoce de l’évolution animale ».

« Tous les fossiles qu'on trouve dans ce gisement chinois sont petits. Mais il y en avait sûrement de plus grandes créatures, simplement, on n'en trouve pas trace. », d'après Jean Vannier. « Dans le gisement chinois où Saccorhytus a été découvert, les petits fossiles sont très bien conservés. On plonge les morceaux de roche de schiste extraits du gisement dans de l'acide et on récupère ce qui n'a pas été digéré. On obtient des fossiles en trois dimensions. Cela nous permet d'utiliser la 3D pour reconstituer le vivant, y compris une image 3D de son intérieur, qu'on peut observer sous tous les angles. », ajoute-t-il.

Possible plus vieil ancêtre préhistorique de l'homme

Saccorhytus appartient aux deuterostomiens, dont il serait le plus ancien représentant connu aujourd'hui. Ce groupe d'animaux à structure symétrique est très diversifié et comprend notamment les étoiles de mer, les vers marins, les oursins. Les vertébrés sont aussi inclus dans ce groupe, et par conséquent l'être humain. Il serait donc le plus vieil ancêtre préhistorique des humains, un chaînon manquant dans la chaîne de l'évolution.

« Pour l'instant, on s'arrêtait à des formes ressemblant grossièrement à de petits poissons, datant d'il y a 520 millions d'années, et découvertes dans un autre gisement chinois. Là, on atteint quelque chose d'encore plus primitif, un point supplémentaire, plus bas et plus ancien dans la chaîne de l'évolution. C'est une forme très primitive, encore très lointaine des premiers poissons, mais elle est sans doute au tout début du groupe qui s'est différencié et a donné naissance aux vertébrés. », explique Jean Vannier.

Les scientifiques espèrent remonter encore plus loin dans l'histoire de l'évolution. En effet, « [en] Russie, il existe un gisement à la conservation exceptionnelle datant du Précambrien avec des créatures encore plus énigmatiques qui ne ressemblent à rien de connu. Entre le Cambrien et le Précambrien, on a l'impression qui ces deux mondes ne sont absolument pas liés. Il manque sans doute quelque chose entre les deux. C'est un champ de recherche passionnant pour l'avenir. », confie Jean Vannier.

Doutes sur le lien entre l'humain et Saccorhytus

Bertrand Lefebvre, chargé de recherche au laboratoire de géologie du CNRS, à Lyon, est néanmoins « très sceptique » et « reste réservé sur ces interprétations » liant Saccorhytus à l'être humain, estimant que ses confrère chinois « poussent leurs hypothèses au maximum » et se montrent « un peu légers dans leur argumentation ».

« Ces fossiles sont présentés comme des proches des vétulicoliens, c'est-à-dire des formes très primitives des deuterostomiens, proches à la fois des vertébrés et des invertébrés. Or, ce groupe animal est très débattu chez les scientifiques », remarque-t-il. « Ces fossiles sont assez différents des vétulicoliens » et « les caractères qui en feraient des deuterostomiens ne sont pas flagrants », tranche-t-il. « Saccorhytus est vraiment une boule, il n'a pas de queue ni de tête différenciées, et ses cônes le long du corps ne sont pas aussi bien alignés que sur les vétulicoliens. Ces derniers ont une queue avec des éléments téléscopiques, ce qui n'existe pas chez les vertébrés, mais qui peut se retrouver chez certains arthropodes. Ils ont aussi une cuticule, une couche externe, qui n'existe pas non plus chez les deuterostomiens, mais plutôt chez les arthropodes. », continue-t-il.

Il imagine donc plutôt Saccorhytus comme « une forme un peu aberrante d'arthropodes », groupe d'invertébrés comprenant notamment, de nos jours, les araignées, les insectes et les crustacés.



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