Chine : 45 avocats des droits de l'homme arrêtés
Publié le 21 juillet 2015
Entre le 11 et le 21 juillet 2015, 235 avocats ont été arrêtés en Chine. Certains d'entre eux sont des avocats des droits de l'homme.
Ces arrestations coordonnées s'inscrivent dans une action à l'encontre du cabinet d'avocat Fengrui. Les autorités saisissent et contrôlent notamment le matériel informatique des avocats.
Les premiers chiffres faisaient état de 45 interpellations, Amnesty International en recense 50. Une semaine plus tard, le journal Courier International dénombre 235 arrestations.
L’avocat Zhou Shifen a été interpellée par les forces de l'ordre à Pékin, juste après la libération de sa cliente Zhang Miao, qu'il avait réussi à faire libérer. La femme qu'il a réussi à faire libérer avait passé neuf mois en prison. Elle est chinoise et assistante de la revue allemande Die Zeit. Sa détention avait été motivée par la publication sur les réseaux sociaux de photos des manifestations prodémocratie à Hong-Kong.
Un autre des avocats concernés est Li Heping, qui a notamment travaillé sur des affaires d'expropriations abusives mais aussi sur le sort de dissidents, comme Chen Guangcheng.
Au 21 juillet, la plupart des avocats ont été libérés, mais 14 d'entre eux sont restés en détention, et un seul a pu bénéficier de l'assistance d'un autre avocat. Cependant, d'après l'association Chinese Human Rights Lawyers Concern Group, six avocats ont disparu.
Les médias officiels chinois qualifient la cabinet Fengrui de « bande de criminels tentant de créer des troubles à l’ordre public ».
Zhou Shifeng, le directeur du cabinet d'avocat est spécifiquement accusé de corruption active, de manipulation de personnes confrontées à l'administration judiciaire, de nuisance à l'ordre public, répétées quarante fois. Il est également accusé de prise illégale d'intérêts et d'entretenir des relations « anormales » avec des femmes. La télévision a diffusé des aveux filmés.
Nous assistons à un procès par les médias, et c'est une interférence grave dans le cours de la justice. Dans de nombreuses affaires [reprochées aux avocats arrêtés, ceux-ci] accusaient la police d’avoir contrevenu à la loi et abusé de ses pouvoirs. Aujourd'hui, les avocats sont arrêtés par la police : ce sont les accusés qui arrêtent les plaignants. | ||
— Mo Shaoping, déclaration au quotidien hongkongais Apple Daily |
En réaction, une lettre a été publiée puis censurée. Cette lettre indique que cette télédiffusion d'aveux avant procès « rappelle l'exhibition devant les foules des personnes critiquées pendant la Révolution culturelle [lancée par Mao en 1966] ».
Selon ses détracteurs, la présidence de Xi Jinping a conduit à une évolution de la répression.
L'attaque coordonnée (des derniers jours contre des professionnels de la justice) tourne en dérision les prétentions de Pékin à garantir un soi-disant Etat de droit | ||
— Amnesty International, (William Nee) |
Sources
[modifier | modifier le wikicode]- ((fr)) – « En Chine, plusieurs arrestations d’avocats et de défenseurs des droits de l’homme ». Le Monde, 11 juillet 2015.
- ((fr)) – « Chine: interpellations en série de défenseurs des droits de l'homme ». RFI, 11 juillet 2015.
- ((fr)) – AFP, « En Chine, arrestations par dizaines d’avocats défenseurs des droits de l’Homme ». Libération, 11 juillet 2015.
- ((fr)) – Agnès Gaudu, « Chine. Avocats arrêtés : aveux télévisés et lynchage médiatique ». Courrier International, 21 juillet 2015.
- ((fr)) – AFP, « Chine : un avocat des droits de l'Homme "a reconnu sa culpabilité" (média officiel) ». L'Orient Le Jour, 19 juillet 2015.
- Page « Chine » de Wikinews. L'actualité chinoise dans le monde.