Afghanistan : drame du col d'Uzbeen

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Publié le 21 août 2008
Le 18 août 2008, un groupe de 10 « Marsouins » a trouvé la mort dans une embuscade talibane vers le col d'Uzbeen.

Col d'Uzbeen, district de Saroubi, Afghanistan

  • Localisation : sur la route (secondaire) reliant Saroubi à Tagab, au col d'Uzbeen dominant, à 2000 m d’altitude la vallée de l'Uzbeen dans le district de Saroubi, à 50 km à l'est de Kaboul.
  • Date : lundi 18 août 2008 dans la journée et la soirée,

L'attaque sur le terrain

  • Unité(s) engagée(s):
    • Forces de la coalition, principalement :
      • paras du 8e régiment de parachutistes d'infanterie de marine (8e RPIMa) basé ordinairement à Castres
      • un para du 2e régiment étranger de parachutistes, auxiliaire de santé tué au combat (REP),
      • élément du régiment de marche du Tchad, un tué au feu.
      • Armée afghane
    • Troupe talibane d’une centaine d’hommes dirigée par le commandant Gulbuddin Hekmatyar, chef du mouvement islamiste Hezb-e-Islami et vétéran des guerres Afghanes, allié aux Talibans, "seigneur de la guerre" basé dans les zones tribales pakistanaises, surtout connu pour son extrême brutalité.
  • Attaque:
    • Type d’attaque : embuscade.
    • Circonstances de l’attaque: C'est dans une « embuscade bien montée » des insurgés talibans que la France a perdu lundi à l'est de Kaboul dix soldats, qui venaient d'arriver depuis peu en Afghanistan a déclaré mardi le chef d'état-major des armées, le général Jean-Louis Georgelin.

L'opération s'inscrivait dans « une mission de reconnaissance de l'ensemble » de la région centre du pays, dont la France a pris le commandement début août, à environ 50 km à l'est de la capitale afghane, a indiqué le général lors d'une conférence de presse. Les forces s'étaient engagées « sur la route qui traverse du sud vers le nord la vallée d'Uzbeen », dans le district de Saroubi.

Au total, « une centaine d'hommes» étaient mobilisés : une section du 8e Régiment de parachutistes d'infanterie de marine (RPIMa), un détachement de l'armée afghane, une section du Régiment de marche du Tchad, une section du 2e Régiment étranger de parachutistes (REP), ainsi que des membres des forces spéciales américaines. À 2.000 mètres d'altitude, sur « une piste extrêmement rocailleuse » et en lacets, par « une chaleur suffocante » et « dans une atmosphère extrêmement poussiéreuse », avant que la nuit ne complique encore la situation, « ça a été extrêmement difficile » a reconnu le général.

Les soldats français impliqués n'avaient été déployés sur ce théâtre qu'« en juillet. Arrivé à proximité d'un col vers 13 h 30 locales (09 heures GMT), le chef de section a fait débarquer l'élément de tête de sa section pour aller reconnaître à pied » le site. C'est alors qu'il s'avançait que le « feu nourri » des forces insurgées s'est déchaîné, tuant aussitôt neuf soldats dans les rangs français.

« Le chef de section a été blessé à l'épaule tout de suite, ce qui a contribué aussi à la désorganisation ». Bien approvisionnés en munitions, les talibans ont ensuite visé la base d'appui restée en arrière, « mais sans causer davantage » de victimes. « Un schéma d'embuscade classique » résume le chef d'état-major.

S'est ensuite « engagée une série de combats qui ont duré jusque tard le soir », sur « un terrain extrêmement favorable pour l'ennemi. Les appuis aériens ont été apportés par la coalition », a-t-il ajouté. Le plus dur a ensuite été de « récupérer l'ensemble des blessés et des autres éléments de la section qui avaient été dispersés » lors de l'embuscade. À « 02h30 locales », c'était chose faite a souligné le général Georgelin.

Après que deux sections eurent « ratissé la zone », a pu commencer dans la foulée l'évacuation des blessés, conduite grâce à des hélicoptères Caracal. Mardi matin, alors que les militaires français et leurs alliés « revenaient sur la base de Saroubi », ils ont été « de nouveau pris à partie » par les insurgés. Mais sans avoir à déplorer de victimes de leur côté. Le dixième soldat tué a trouvé la mort bien plus tard, mardi matin à 05H30 locales, quand s'est retourné son véhicule blindé lors d'une « opération de récupération des blessés ».

  • Bilan :
    • coté français: 10 tués, 20 blessés graves.
    • coté taliban: 30 tués, 30 blessés.

Conséquences

  • Conséquences à court terme
    • Polémique: L’Afghanistan : chronique d’un désastre annoncé et revers pour la France.

La mort hier, lundi 19 août, de 10 soldats français, parachutistes du 8e régiment parachutiste d'infanterie de marine (RPIMa) et du 2e Régiment Étranger de Parachutistes (REP), sans parler d'une vingtaine de blessés, dans une embuscade tendue par les talibans à une colonne française démontre avec encore plus d'acuité la véritable situation de bourbier - si jamais il était encore besoin de le démontrer - dans laquelle s'enfonce la coalition menée par les États-Unis en Afghanistan.

Selon Le Monde, le Figaro et d'autres journaux français et internationaux, les blessés français rapatriés aujourd'hui ont jeté le trouble et déclenché une polémique : ils affirment d'abord, en effet, être restés 4h sous le feu de l'ennemi (l'engagement a duré de 13h30 à la nuit selon la version officielle) par manque de coordination, sans soutien, et les munitions manquaient à tel point que seuls les FAMAS pouvaient encore tirer. D'autre part, selon les blessés français, les frappes aériennes de l'OTAN destinées à les dégager auraient en fait en partie manqué leur objectif et touché des soldats français qui se sont aussi retrouvés sous le feu “ami” des soldats afghans postés derrière eux et qui ripostaient face aux tirs talibans. Enfin, les communications radios ont été coupées avec le Régiment de Marche du Tchad, ce qui a provoqué une certaine confusion. Les blessés signalent aussi que les assaillants comptaient sans doute un nombre élevé de snipers avec des armes de précision, et que le contingent adverse était particulièrement nombreux ; il s'étonne aussi de l'absence d'une force de réaction rapide comme il est de coutume dans ce genre de mission. Les soldats français ne seraient d'ailleurs pas tous morts au début de l'action comme cela a été dit par le chef d'état-major des armées, mais les morts se seraient égrainés pendant toute la durée du combat. La mission consistait à sécuriser une route considérée jusque là comme dangereuse et peu fréquentée entre les districts de Saroubi et Tag Ab, route d'ailleurs de peu d'importance stratégique étant donné qu'il existe d'autres routes dans la région.

Il y a deux semaines, une équipe de TF1 qui suivait un détachement du 8e RPIMa, la même unité qui a été si durement touchée hier, avait assisté dans le même secteur à un accrochage particulièrement violent, montrant que la région était loin d'être sécurisée.

Le Los Angeles Times rappelle que les pertes françaises ne sont qu'un épiphénomène de la guerre menée en Afghanistan. De nombreuses attaques ayant lieu simultanément sur l’ensemble du territoire.

Sources