Utilisateur:Judic~frwikinews/La crise du papier

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{{date|7 avril 2008}} Pour les mondes de la presse ou de l'édition, utiliser Internet peut avoir de sérieux avantages. A commencer par des questions financières : le papier coûte cher, surtout s'il faut ajouter des frais d'impression et de distribution, frais que l'utilisation d'Internet permet d'éviter. Le fait que l'on parle beaucoup de l'écologie actuellement ne pousse pas vraiment à produire plus de papier. Pour les journaux, il y a une exigence d'immédiateté dans la présentation de l'information, que l'utilisation d'Internet permet. Alors que, s'il faut imprimer le veille au soir pour distribuer à l'aube...Comment se comporte la presse et l'édition? Pour ce qui est de la presse, tous les journaux ont ouvert leur site, présentant les grandes lignes du dernier numéro, et comportant un espace réservé aux abonnés. En face, des nouveaux sites sont apparus : rue89 (mai 2007), wikimedia... Du côté de l'édition, beaucoup de sites permettent de publier les oeuvres, depuis les simples « blogs » jusqu'à des sites plus spécialisés comme « la guerre des mots ». Lulu.com, par exemple, va plus loin. Apparu aux États-Unis en 2004, puis en France deux ans après le site accepte toutes les oeuvres, tous les styles et tous les auteurs. L'apprenti écrivain fixe lui-même les prix. Si il y a des demandes d'achats, Lulu s'occupe de l'impression et de la livraison. Le site se démarque clairement de filières classiques de l'édition. Sur leur site, section « Profil de l'entreprise », on trouve « Pour être clair, Lulu n'est pas un éditeur. [..] Lulu élimine les traditionnelles barrières dressées à l'entrée de l'édition, et permet aux créateurs et détenteurs de contenus [...] d'amener leur travail directement à leur public. » Ce système permet de n'imprimer que les exemplaires qui seront vendus : pas de stocks restant, maximisation des profits.

Une chose est donc claire : la presse et l'édtion profitent d'Internet. Quel est l'impact de tout cela sur le secteur du papier? En bourse, entre 2001 et 2005, le cours du papier a chuté de 12%, selon livre-hebdo. Depuis début 2006, la tendance serait revenue à la hausse. L'année dernière a vue remonter les prix de 4%, et depuis janvier les cours se sont haussés de 5 à 10%. Comment peut-on expliquer cette inversion récente des tendances? En fait, il y a une dizaine d'années, les usines se sont retrouvées face à une nette baisse de la demande de papier, sans doute due à l'informatisation et au développement d'Internet. La baisse des cours correspondait au temps nécessaire pour que les usines les moins compétitives ferment. Maintenant, on peut dire que l'équilibre est revenu. Le secteur du papier s'est donc remis de ses émotions, et n'est pas à proprement parler en crise. Pourtant, si le papier lui-même paraît aller bien, est-ce aussi vrai pour l'édition et la presse? Selon la Fédération de l'imprimerie et de la communication graphique, les impressions de livre n'ont monopolisé que 0,22 millions de tonnes de papier en 2006, pour 4,46 millions pour l'impression et l'écriture. En 2007, par exemple, la consommation de papier journal a chuté de 10,3%. En fait, tout dépend des types de papier : ceux utilisés pour les « beaux livres » se raréfient, alors que les livres de poche (qui utilisent en réalité un papier journal un peu amélioré) profitent de cette remontée. Plusieurs éditeurs contacté affirment reconnaître depuis maintenant quelques années une baisse de la demande, mais n'ont pas de plan spécialement prévu.

Malgré l'émergence de l'informatique et d'Internet, le papier se porte bien. Mais, on l'a vu, la presse et l'édition semblent un peu touchés. Se pose alors une autre question : vont-ils survivre? On ne sait pas, mais on peut déjà mettre en lumière ce qui sépare ces institutions de leur concurrent informatisées. Le journal s'est toujours démarqué de autres médias (télévision, radio) par un souci d'analyses, d'approfondissement. D'accord, Internet est plus rapide. Mais la journal, même s'il délivre l'information plus tardivement, permet souvent une vue plus creusée, plus réfléchie : il permette une compréhension, une analyse des faits. Mais cela ne l'empêchera peut-être pas de s'informatiser... De même que, si la littérature est toujours appréciée en elle-même, il est possible qu'elle soit un jour réduite à des « e-books ». Il reste un dernier atout à ces eux espèces en voie de disparition, que l'on pourrait appeler la tradition. Même dans un monde qui évolue très vite, on a toujours besoin de quelques points qui restent fixes, de notre naissance à notre mort. Le livre, le journal sont une sorte de symbole de la culture. Si un amoureux des livres n'achètera jamais de « e-books », ce n'est pas par souci de place ou d'efficacité, c'est simplement parce qu'une belle bibliothèque, avec toutes ses tranches alignés, fait partie du plaisir de la lecture. La plus grande force du papier en tant que porteur de fiction ou d'information est donc le charme, connu par tous depuis toujours, qu'ils portent en eux.


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