Pologne : l'opinion publique hésitante vis-à-vis de Mgr Wielgus, nouvel archevêque de Varsovie

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Carte de la Pologne

Publié le 6 janvier 2007
À la veille de sa prise de fonction comme archevêque de Varsovie, l'opinion publique polonaise semble majoritairement récalcitrante à l'encontre de Monseigneur Stanisław Wielgus, accusé d'avoir collaboré durant le régime communiste, plus particulièrement durant les années 1970, avec le Służba Bezpieczeństwa (SB, service de renseignement et police secrète du régime, dissous en 1990).

Monseigneur Wielgus, âgé de 67 ans, auparavant évêque de Płock, avait été nommé le 6 décembre 2006 pour succéder au cardinal Józef Glemp comme archevêque de Varsovie. Le cardinal Glemp conservait toutefois, malgré sa démission, le titre de « primat de Pologne ».

Le 20 décembre 2006, l'hebdomadaire Gazeta Polska révélait que le successeur désigné du cardinal Glemp aurait sinon collaboré, du moins rencontré à plusieurs reprises des membres de la police politique du régime communiste. Cette collaboration aurait débuté en 1967, alors que Stanisław Wielgus était encore étudiant en philosophie, et aurait duré une vingtaine d'années.

En réponse à ces révélations, le Vatican avait fait savoir, peu avant Noël, que le nouvel archevêque s'était entretenu avec le pape Benoît XVI et l'avait informé de son passé et que le souverain pontife conservait sa confiance à Mgr Wielgus.

L'Église catholique polonaise avait mis sur pied une commission d'enqupete chargée de faire la lumière sur les rapports du prélat avec la police politique du régime communiste. Cette commission a fait savoir, vendredi matin, qu'elle avait découvert de nombreux documents significatifs d'une coopération intentionnelle du prêtre avec le SB.

De son côté, Andrzej Paczkowski, historien et professeur à l'université de Varsovie, collaborateur du Livre noir du communisme et chef de file d'une commission chargée d'étudier les archives de la police secrète, avait rendu dans la journée de jeudi ses propres conclusions, estimant qu'il ne faisait aucun doute pour lui que Stanisław Wielgus avait été un informateur de la police politique.

Un sondage, réalisé par l'institut TNS OBOP et publié vendredi 5 janvier 2007 par le quotidien polonais Dziennik Polska-Europa-Świat (en abrégé : Dziennik, titre appartenant au groupe Springer), révèle :

  • que 26 % des Polonais seraient favorables à la démission de Mgr Wielgus, *tandis que 41 % estimeraient qu'il devrait en premier lieu s'expliquer sur ses relations passées avec le SB,
  • contre 20 % ne verraient pas d'inconvénient à ce qu'il reste à son poste et 13 % sont « sans opinion ».

Le même sondage révèle une proportion encore plus grande, de l'ordre de 73 %, au sein du panel de 1 000 personnes interrogées, qui seraient favorables à ce que le Saint-Siège démette le prélat s'il ne se résolvait pas à démissionner, contre 18 % qui y seraient défaborables et 9 % « sans opinion ».

Parmi les cinq questions de cette enquête d'opinion, une troisième est intéressante, puisqu'elle montre qu'une proportion de 67 % des personnes interrogées se prononcerait contre le fait qu'un prêtre ayant collaboré avec les services de sécurité communistes ne puisse occuper de haut rang au sein de l'Église de Pologne, contre 22 % qui y seraient défavorables et 11 % « sans opinion ».

Le prélat, qui ne reconnaissait jusque-là que l'existence de « contacts » avec le SB, mais niait avoir « espionné » ses collègues prêtres, et expliquait ses rencontres avec le SB par la nécessité de faciliter ses voyages à l'étranger dans l'intérpet de ses travaux scientifiques, a fini par publier un communiqué, dans la soirée de vendredi, dans lequel il reconnaît avoir nui à l'Église en niant sa collaboration passée et s'en remêt à al décision du souverain pontife, quelle qu'elle puisse être.

Le scandale prend d'autant plus d'acuité que la messe au cours de laquelle Mgr Wielgus est censé prendre ses fonctions était censée avoir lieu dimanche matin, en présence du président de la République et de plusieurs membres du gouvernement.

Le quotidien Dziennik Polska-Europa-Świat a estimé, dans un éditorial, que le maintien de la cérémonie de dimanche constituerait un « scandale moral », et l'on peut prévoir, jusqu'à cette échéance, de nombreux appels à la démission du nouvel archevêque, voire des pressions sur le Saint-Siège pour que le souverain pontife revienne à la dernière minute sur cette nomination.

Sources

Sources anglophones
Sources francophones
Source en langue polonaise