Le gouvernement camerounais arrête des bénévoles qui distribuaient des masques sponsorisés par un opposant

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Les dons aux populations au nom du président Paul Biya pour faire face au Covid-19 à Yaoundé, le 28 avril 2020.

La décision du gouvernement camerounais d'interdire la distribution gratuite d'équipements de protection aux populations par un adversaire politique du président Paul Biya divise l'opinion.

Publié le 27 mai 2020
Plusieurs bénévoles du projet "Survie-Cameroon-Survival Initiative" ont été arrêtés ces derniers jours, selon les responsables de l'initiative, qui est parrainée par Maurice Kamto.

Kamto, 66 ans, est le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). C'est sous la bannière de ce parti qu'il s'est porté candidat à la présidentielle de 2018 au Cameroun. Une élection qui s’est soldée par la victoire du président Biya, au pouvoir depuis 1982. Kamto conteste le résultat.

Le 13 mai, trois bénévoles du projet ont été interpellés dans la ville de Sangmélima, au sud du pays, région natale du chef de l'État. « Il leur est reproché d'avoir procédé à la distribution des masques barrière et des gels hydroalcooliques », s'indigne Christian Penda Ekoka, président du comité de gestion de "Survie-Cameroon-Survival Initiative" et allié politique de M. Kamto.

Maurice Kamto était candidat à la présidentielle face à Paul Biya en 2018.
Un projet « illégal » ?

Les dons jugés problématiques par le gouvernement sont issus d'une collecte de fonds du MRC. L'objectif, selon M. Kamto, est de « porter secours » à ses compatriotes confrontés au coronavirus. Mais les autorités camerounaises ne l’entendent pas de cette oreille. Le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, est monté plusieurs fois au créneau pour s'opposer au projet qu'il qualifie « d'illégal ». « Ceux qui veulent nous aider doivent travailler dans le cadre des structures mises en place par le gouvernement. Donc l'initiative du MRC reste interdite ; ils ne vont pas prospérer dans le sens des activités illégales », a-t-il martelé sur l'esplanade de l'Hôtel de ville de Yaoundé, la capitale.

En tout, 11 bénévoles du projet ont déjà été interpellés, selon M. Ekoka. Le 14 mai, les avocats du MRC ont révélé que des accusations de « blanchiment de capitaux, escroquerie du peuple camerounais et financement de la résistance aux institutions de la République » ont été retenues contre Alain Fogue, trésorier national du MRC. La semaine dernière, M. Kamto a tenté d'être reçu par le ministre Nji. Sans succès. « Lorsque des bénévoles sont interpellés du seul fait de distribuer ces produits, là c'est un crime », dénonce Sosthène Médard Lipot, secrétaire national à la communication du MRC. « Maurice Kamto a eu l'idée de ce projet spontanément, parce que le coronavirus n'attend pas, il frappe directement. Il nous semble que c'est une œuvre pour le salut public, c'est une œuvre humanitaire », ajoute-t-il.

« Lutte contre toute instrumentalisation ou exploitation politique »

Pour sa part, le président Paul Biya a dénoncé à demi-mots le projet de Maurice Kamto dans son discours à la nation, le 19 mai. « Dans le combat qui est le nôtre aujourd'hui, le gouvernement s'emploiera à poursuivre la lutte contre toute instrumentalisation ou exploitation politique, économique ou sociale de cette tragédie », a souligné le chef de l'État sous un ton ferme.

Les six bénévoles interpellés à Yaoundé ont été libérés sous garants après plusieurs jours de détention. Deux autres ont comparu devant le procureur mardi et trois seraient encore aux arrêts, selon les responsables du MRC.

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