Guerre en Ukraine : les gazoducs Nord Streams victimes d'un attentat

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Carte des deux gazoducs Nord Stream, avec les trois points de fuite.

Publié le 28 septembre 2022

Le 26 septembre, deux détonations sous-marines ont causé trois fuites de gaz sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2, se manifestant par des bouillonnements de plusieurs centaines de mètres de diamètre, en mer Baltique, à l'est de l'île danoise de Bornholm (Danemark). Aucune victime n'est à déplorer.

Le 26 septembre, à 02 h 03 (UTC+01:00) une première explosion, d'une puissance équivalente à 100 tonnes de TNT, a percé une canalisation du Nord Stream 2 (profondeur de 50 à 60 mètres), créant une première fuite de 300 millions de mètres cubes de gaz au sud-est de l'île, puis à 19 h 03, deux autres explosions simultanées ont percé deux canalisations du Nord Stream 1 (profondeur de 40 à 50 mètres), créant une deuxième et une troisième fuite de gaz au nord-est de l'île. Le coût est estimé entre 600 et 800 millions de dollars. Le gaz libéré de « plusieurs millions de tonnes d'équivalent CO2 » va générer des « conséquences dramatiques » en matière de réchauffement climatique.

Les deux gazoducs étaient à l'arrêt, mais pleins de gaz afin de maintenir la pression. Les autorités danoises, russes, polonaises et ukrainiennes soupçonnent un sabotage. La Commission européenne a également dénoncé un « sabotage », promettant « la réponse la plus ferme possible ». L'acte d'un sabotage interne a été écarté au profit d'un sabotage externe (explosif), car la variation brutale de la pression à la hausse ou à la baisse à l'entrée du gazoduc, en Russie, aurait crée une surpression suivit d'une explosion puis d'une dépression. Or le gazoduc Nord Stream 1 a subi, non pas une, mais deux fuites.

Déjà en 2015, lors d'une maintenance, l'armée suédoise avait découvert un sous-marins sans pilote (UUV) équipé d'explosifs à coté du Nord Stream 2 à environ 120 km de l'île de Gotland.

Le 7 février, le président démocrate américain Joe Biden avait menacé la Russie en cas d'invasion de l'Ukraine :

« Si la Russie envahit, cela veut dire des chars et des troupes qui traversent la frontière de l'Ukraine, encore une fois. Alors il n'y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin »

Joe Biden, le 7 février.

Pendant les Baltops 2022, exercices militaires annuelles en mer Baltique de l'OTAN du 5 au 17 juin, un exercice a été organisé le 10 juin, pour plonger et placer des explosifs au large de Bornholm. Le 22 juin, un navire de guerre russe est passé près de Bornholm, entrant par deux fois dans les eaux danoises.

Selon le journal allemand Der Spiegel, quelques semaines avant l'attentat, la CIA avait prévenu le gouvernement fédéral allemand d'éventuelles attaques contre des gazoducs dans la mer Baltique.

Le 25 septembre, en Allemagne, 3 500 personnes ont manifesté à Lubmin, pour la mise en service du Nord Stream 2. Le 26 septembre, ils étaient 11 000 dans une vingtaine de villes, notamment 4 500 à Schwerin (Mecklembourg-Poméranie occidentale) et un millier à Gera. Mais le gouvernement fédéral allemand s'est toujours opposé à l'ouverture du gazoduc, sanction imposé à la Russie contre son invasion de l'Ukraine.

Au lendemain de l'attentat, le prix du gaz au Title Transfer Facility a augmenté de +12 % à 209 euros le MWh (mégawattheure). Le 27 septembre a eu lieu l'inauguration officiel du gazoduc entre la Norvège et la Pologne par le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, ainsi que la fin du référendum des quatre territoires ukrainiens sécessionnistes ou occupés par la Russie.

L'ancien ministre polonais de la Défense, Radosław Sikorski, a twitté une photo d'une des fuites de gaz en écrivant en anglais : « Thank you, USA ». Puis en polonais, que « les dommages au Nord stream réduisent la marge de manœuvre de Poutine. Il devra discuter avec les pays contrôlant les gazoducs Brotherhood et Yamal, l'Ukraine et la Pologne. Bon travail ». La porte-parole démocrate du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, Adrienne Watson, a jugé « ridicule » d'insinuer que les États-Unis sont responsables de l'attentat.

L'attentat ayant causé un « grave préjudice économique » à la Russie, cette dernière a obtenu une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU et a annoncé que les services de sécurité (FSB) ont ouvert une enquête pour « acte de terrorisme international ».

Le conseiller présidentiel ukrainien Mykhaïlo Podoliak a blâmé « une attaque terroriste planifiée par la Russie et un acte d'agression contre l'UE ». Côté américain, Washington a refusé de « confirmer » un acte de sabotage, mais a déclaré que les États-Unis enquêtaient pour déterminer les causes des fuites. Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a dit examiner des informations selon lesquelles les fuites sont « le résultat d’une attaque ou d’une sorte de sabotage. Si c’est confirmé, ce n’est clairement dans l’intérêt de personne ».

Le 28 septembre, l'Europe, qui achète du gaz américain, a reçu par Twitter la protection d'Antony Blinken :

« J'ai parlé avec Jeppe Kofod du sabotage apparent. Nous restons déterminés à promouvoir la sécurité énergétique européenne. »

Antony Blinken, 28 septembre.

Ainsi que celle du conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan :

« J'ai parlé à Jean-Charles Ellermann-Kingombe du sabotage apparent et nous poursuivrons notre travail pour sauvegarder la sécurité énergétique de l'Europe. »

Jake Sullivan, 28 septembre.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

Dossier
Pour plus de détails sur ce sujet, Wikinews a établi le dossier Conflit russo-ukrainien.
Ce dossier permet de situer cet article dans son contexte.


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