Guatemala : Rigoberta Menchú candidate à l'élection présidentielle

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Publié le 18 février 2007
Rigoberta Menchú, lauréate du Prix Nobel de la paix en 1992, a annoncé, lundi 12 février 2007, son intention de créer dans son pays, le Guatemala, un parti politique indigène et de se porter candidate à l'élection présidentielle qui doit se tenir au mois de septembre 2007 [1].

Lors de sa déclaration de candidature, Rigoberta Menchú a notamment estimé que « dans l'histoire du Guatemala, les indigènes ont exercé leur droit de vote, mais pas celui de se faire élire » et que l'heure serait venue de changer cet état de fait. La candidate revendique ainsi clairement une visibilité plus grande pour les indigènes issus des diverses ethnies mayas, dont on estime qu'ils constitueraient entre 40 et 60 % de la population du Guatemala.

Dans l'éventualité où la candidature de Mme Menchú serait couronnée de succès, elle deviendrait, en Amérique latine, la seconde personne d'origine indienne à parvenir à la magistrature suprême [2] mais aussi le second lauréat du Prix Nobel de la paix à suivre ce parcours [3]. Par ailleurs, elle deviendrait aussi la première femme élue à la présidence de la République au Guatemala et rejoindrait le club encore restreint des femmes parvenues au premier poste en Amérique latine.

Rigoberta Menchú, aujourd'hui âgée de 48 ans, avait atteint une célébrité mondiale à partir de 1982, lorsque l'ethnologue vénézuélienne Élisabeth Burgos, épouse de l'écrivain français Régis Debray, avait rédigé un livre d'entretiens titré (en français) Moi, Rigoberta Menchú : une vie et une voix, la révolution au Guatemala. Ce livre, qui a ultérieurement suscité la controverse – certains mettant en doute la véracité des détails autobiographiques allégués par Rigoberta Menchú –, avait attiré l'attention sur les conditions de vie des populations indiennes indigènes du Guatemala et avait valu à Mme Menchú une reconnaissance internationale qui allait culminer, en 1992, avec l'attribution du Prix Nobel de la paix, « en reconnaissance de son travail pour la justice sociale et la réconciliation ethno-culturelle basées sur le respect pour les droits des peuples autochtones ». Le comité Nobel norvégien avait également vu en elle « un symbole vivant de paix et réconciliation dépassant les clivages ethniques, culturels et sociaux, dans son propre pays, sur le continent américain et dans le monde ».

La candidature de Rigoberta Menchú n'est pas une surprise, car elle était pressentie depuis quelques semaines. Deux formations politiques ont offert de soutenir sa candidature. Rigoberta Menchú a décidé de créer une nouvelle formation politique, appelée Winaq – mot quiché qui signifierait « l'intégrité de l'être humain » –, qui ne disposera pas du temps nécessaire pour accomplir les formalités administratives nécessaires avant le scrutin. Le dernier délai pour le dépôt des candidatures à l'élection présidentielle est fixé au 2 mai prochain et c'est pourquoi Rigoberta Menchú devrait être présentée soit par le parti de centre gauche « Ensemble pour le Guatemala », soit par l'« Unité révolutionnaire nationale guatemaltèque » (URNG).

Rigoberta Menchú vient de recevoir le renfort du président bolivien Evo Morales, par le biais d'une lettre adressée à la candidate par Gerardo García, vice-président du Movimiento Al Socialismo (MAS, formation dont est issu le dirigeant andin), dans laquelle il lui « offre tout son appui et son expérience » pour atteindre son objectif. Le président Morales devrait d'ailleurs rencontrer la candidate en mars prochain, à l'occasion d'un sommet continental des peuples indigènes, qui doit justement se tenir au Guatemala.

Notes

Sources