France : suicide d'un inspecteur du travail dans les locaux du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Santé

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Publié le 11 mai 2011
Un inspecteur du travail, responsable national du SNUTEFE-FSU[1], a mis fin à ses jours, mercredi 4 mai 2011, en se précipitant dans une cage d'escalier de la tour Mirabeau, siège de la Direction de l'administration générale et de la modernisation des services (DAGEMO) du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Santé, Quai André-Citroën à Paris, huit jours après un nouveau suicide au sein de France Télécom.

« Tout ce qui est humain est nôtre »

Âgé de cinquante-deux ans et père de deux enfants, l'inspecteur du travail qui a mis fin à sa vie dans l'immeuble du ministère où se trouve la permanence syndicale du secteur « travail » de la FSU était engagé tant dans la vie syndicale en interne que dans la lutte aux côtés des travailleurs sans papiers et des chômeurs.

« Homme de convictions, dévoué et sincère », il était, pour ses collègues de travail et ses camarades du syndicat, « le genre d’homme que l’on souhaiterait pouvoir côtoyer sans fin parce que tout simplement humainement précieux. »

Un contexte de réformes au rythme effréné

Pour le syndicat, « [son] geste intervient dans un contexte où le rouleau compresseur de la RGPP[2] déstabilise les individus et les missions du ministère du Travail. »

La centrale syndicale ajoute dans son communiqué de presse : « Le rythme effréné des réformes, qui broient les services de l’État et leurs agents et détruisent les valeurs du service public, et l’incessant simulacre de dialogue social auront conduit [l'inspecteur] à l’épuisement et à une impasse, lui qui cherchait constamment l’unité syndicale et était en colère devant l’injustice. »

L'« effet miroir » des risques psychosociaux

En France, les suicides pour cause de conditions de travail sont estimés par le Conseil économique et social à un mort par jour[3] (300 à 400 suicides par an pour des raisons professionnelles). Les derniers cas de suicides médiatisés ont concerné la centrale nucléaire de Chinon (EDF)[4], le Technocentre Renault[5], France Télécom[6], Thales[7].

La fonction publique française n'est pas épargnée par la vague de suicides liés aux conditions de travail, les réformes entraînant des suppressions de postes et, selon les syndicats, une insuffisance d'évaluation des risques psychosociaux. Selon la CGT et le SNUI on note les chiffres suivants :

  • Ministère du travail : 11 tentatives de suicide en 2010,
  • Ministère de l'Écologie : 19 suicides en 2010,
  • Ministère du Budget : 25 suicides en 2009,
  • Pôle emploi : 4 tentatives, 1 suicide en 2009,
  • Police : 33 suicides en 2009[8].

L'inspection du travail, en charge du contrôle de la mise en œuvre de la prévention des risques professionnels dans les entreprises subit de plein fouet, selon le témoignage d'un inspecteur du travail[9], l'« effet miroir » des risques psychosociaux et de la plainte des salariés du privé.

Notes

Voir aussi

Sources



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