France : publication du rapport sur la radicalisation djihadiste des jeunes

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Paris, des fleurs pour un policier français assassiné par un terroriste, en janvier 2015

Publié le 3 juillet 2015
Le rapport de juin 2015 sur la radicalisation djihadiste des jeunes a été publié. Il avait été demandé par le Premier ministre, Manuel Valls, au député PS Malek Boutih au début de l'année 2015.

Ce rapport titré « Génération radicale » et daté de juin 2015 a été transmis au Premier ministre. Il commence par une référence au Petit Prince : « C'est une folie de haïr toutes les roses parce qu'une épine vous a piqué, (...) ».

Une grande partie de la jeunesse se détourne de notre modèle de société.

— Malek Boutih, rapporteur

Alors que, selon le rapport, deux tiers des personnes concernées par la radicalisation djihadistes sont âgées de moins de 25 ans, le rapport met en lumière le contexte dans lequel vie la jeunesse, et rappelle par exemple la profusion des croyances irrationnelles diffusées sur internet, croyances qui vont jusqu'à désarçonner les adultes. Après avoir cité la théorie du complot, Alain Soral et Dieudonné, et rappelé l'existence d'un contexte de « radicalité antisystème », il cherche les raisons qui poussent à la radicalisation djihadiste, et des pistes de solution.

Cette radicalisation concerne selon le rapport pour 40% les femmes et pour 55% des convertis.

Si les premières vagues de djihadistes comportaient essentiellement des individus fragilisés, plus faciles à recruter, désormais les recruteurs ciblent des proies au profil plus stable et moins détectable et on peut penser que ce phénomène va s'amplifie

— Malek Boutih, rapporteur

La radicalisation djihadiste a produit des effets visibles dès l'année 2013, mais les germes sont plus anciens, ils étaient déjà annoncés en 2004 par un rapport de Jean-Pierre Obin.

Selon le rapport, 80% des signalements concernent des CSP moyennes et supérieures.

Pour Marc Sageman, cité par le rapport, les clichés peuvent être trompeurs et le djihadiste peut ressembler à un étudiant petit-bourgeois acculturé et frustré.

La société est vécue comme totalement verrouillée, ce qui génère une grande frustration

— Malek Boutih, rapporteur

Le rapport laisse entendre que les défauts du système actuel sont plus en cause que l'idéologie djihadiste.

Le succès des recruteurs djihadistes auprès des jeunes repose sur l'adhésion à un projet politique entrant en résonance avec leurs préoccupations internationales et leur rejet de la société démocratique occidentale, plus qu'à une doctrine religieuse fondamentaliste

— Malek Boutih, rapporteur

Le rapport indique toutefois, que les djihadistes sont appâtés par les ponts en or qui leur sont fait par Daech, notamment en terme financiers et d'hébergement. Ceci est donc une échappatoire pour ceux qui n'ont pas trouvé d'autres manières de réussir à construire leur projet de vie.

Les plus naïfs et les plus haineux des citoyens français peuvent, toujours selon le même rapport, également être attirés par une idéologie présentée comme une réponse à un contexte de confusion internationale et de décadence occidentale.

Le rapport reprend également l'idée de Xavier Crettiez selon laquelle la radicalité djihadistes prend le relais des autres mouvements radicaux aujourd'hui affaiblis : déclin de l'ultragauche, notabilisation de l'extrême droite, fin des violences nationalistes et indépendantistes.

La radicalisation salafiste djihadiste s'appuie également, selon les thèses d'Al Souri, sur ce qui est présenté comme de l'islamophobie. Ce vocabulaire d'islamophobie a été créé dans une stratégie visant à mettre la communauté musulmane en porte à faux par rapport au reste de la population occidentale a dessein de permettre une guerre civile.

Le rapport indique que les techniques de radicalisation de la jeunesse s'appuient sur des techniques sectaires, notamment la clandestinité et la rupture d'avec la famille.

Le corpus de valeurs et l'ordre social très peu contraignant de nos sociétés démocratiques occidentales ne fournissent pas un cadre suffisamment englobant et sécurisant pour s'y ancrer et s'y attacher (…). La notion de République est inintelligible, comme diluée dans le libéralisme et la modernité, et le sentiment d'appartenance à une communauté nationale est très affaibli. Or une partie de la jeunesse refuse ces valeurs trop "molles" et cherche à se distinguer.

— Malek Boutih, rapporteur

Le rapport fait également le constat d'une jeunesse laissée abandonnée à elle même, abandonnée de toute éducation, de tout maillage associatif et de tout lien social.

Le rapport mentionne également que ce phénomène de radicalisation n'est pas seulement constitué d'une dimension militaire et/ou terroriste, la radicalisation présente également une facette plus propre, au travers d'un prosélytisme pacifique (propagande, finance, logistique). (Le concept de djihad peut confusément désigner les deux aspects).

Après avoir posé ce constat, le rapport donne des pistes pour orienter l'action : le signalement, l'école, les associations, la culture, l'antiracisme républicain, l'argent, la famille, le territoire républicain, et l'immigration républicaine, l'internet, la parole et la fraternité.


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