France : vive polémique sur les propos tenus par Emmanuelle Mignon concernant les sectes

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Publié le 21 février 2008
Emmanuelle Mignon, directrice de cabinet à la présidence de la République, a accordé une interview à VSD en ce qui concerne les sectes. Les propos tenus à cette occasion sèment une vive polémique en France.

Dans cet interview, elle a notamment indiqué que le problème des sectes est « un non-problème en France ». Elle a jugé scandaleuse, la liste des mouvements sectaires dont elle « venait des Renseignements généraux et a été retranscrite dans un rapport parlementaire sur les sectes sans vérification approfondie. Personne ne conteste aujourd’hui que certains mouvements n’auraient pas dû y figurer ». En outre, elle a avoué ne pas connaître précisément certains mouvement comme l'Église de scientologie. Sur cette dernière, elle a ajouté « Si ce mouvement ne crée pas de trouble à l’ordre public et s’il n’est pas à l’origine d’abus de faiblesse de gens, notre législation ne permet pas de l’interdire ».

Premières réactions

Symbole de l'Église de scientologie.

L'Église de scientologie n'a pas caché sa satisfaction en réaction de ces propos en estimant que « la France évoluait dans le bon sens » s'alignant « désormais sur la majorité des pays européens ».

Emmanuelle Mignon a, par la suite, démenti les propos tenus dans l'hebdomadaire VSD. « Je n'ai jamais tenu les propos qui me sont prêtés par l'hebdomadaire VSD, selon lesquels les sectes seraient un non-problème en France (…) j'ai rappelé la position constante de Nicolas Sarkozy sur ce sujet », a-t-elle lancé.

Ce dernier persiste dans ses affirmations « Pour sa part, “VSD” maintient, dans un communiqué, les informations publiées : “M. Emmanuel Fansten, journaliste à VSD, a rencontré Mme Emmanuelle Mignon à son bureau de l’Élysée le mercredi 6 février, de 11 heures 15 à 12 heures. La rédaction de “VSD” confirme que les propos cités dans l’entretien ont bien été tenus dans le cadre de ce rendez-vous.” ».

Outre ces propos controversés, elle a attaqué MILIVUDES[1] pour son « militantisme complètement inacceptable ». Elle a précisé que le gouvernement devait changer la Miviludes « en quelque chose de plus efficace et en finir avec le bla-bla (…) À part publier des rapports annuels, la Miviludes ne fait rien. ». L'existence même ce cette mission a été, ces derniers temps, remise en question par Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur dans un article paru dans « Le Parisien ». Selon elle il faut « décomplexer la lutte contre des dérives sectaires (…) [et] assurer la liberté de croyances de tous (…) Ce n'est pas à la Miviludes de définir une politique ni de mener des actions de répression ».

Réactions politiques

Dans le monde politique, c'est le tollé. François Bayrou, président du MoDem, a dénoncé les propos tenu par la chef de cabinet de Nicolas Sarkozy : « Il n'est pas de responsabilité, de la légitimité ou du mandat du président, de nous dire ce qu'il faut croire et encore moins que ses proches nous disent que la Scientologie est quelque chose de bien (…) La fonction du président de la République ne doit pas être de contredire ceux qui travaillent sur les sectes. Le président ne doit pas se mêler de religion (…) Croyants et incroyants ne veulent pas de ce mélange des genres (…) infiniment troublant (…) Je suis de ceux qui, depuis des mois, se sont inquiétés de la mise en cause des principes républicains français, notamment autour de la laïcité. Tout ça, ça commence à faire trop ! »

Même son de cloche, de la part du secrétaire général du Parti Socialiste, François Hollande : « Elle vient de retirer ces propos. Je veux la croire mais je demande vraiment vérification et c'est la responsabilité de l'organe de presse qui a recueilli les déclarations de Mme Mignon d'infirmer ou de confirmer ce qui aurait été dit (…) S'il s'avérait que Mme Mignon ait pu, en quoi que ce soit, justifier l'existence de sectes et notamment, par rapport à l'Église de Scientologie, dire que ce serait finalement une Église, alors là je crois que ça mettrait en cause la présence même de Mme Mignon à l'Élysée. »

Réactions des milieux associatifs anti-sectes

Quant aux associations de lutte contre les sectes, c'est la consternation. Tel est le cas de la présidente de l'UNADFI[2]. Se déclarant « atterrée », elle exige une « clarification au Premier ministre ». Elle a ajouté que l'auteur des propos tenus « semble moyennement informée sur le sujet » pour préciser que « ces mouvements sont des mouvements totalitaires qui asservissent l'individu ».

Dans un entretien accordé à Metro, Roger Gonnet[3], un ancien adepte de la scientologie, a fait part de son sentiment à ce sujet. « Je crois que si Mme Mignon avait la moindre idée de ce qu’est la scientologie ; de ce qu’elle sous-entend, et de ces pratiques, jamais elle n’aurait tenu de tels propos. J’insiste, et je le lui prouverais si elle m’accorde un entretien, qu’elle n’a aucune idée de ce que peut être la scientologie. D’autant plus que la scientologie fustige ses croyances à elle, le catholicisme en l’occurrence. ». Il a confié que la scientologie ne compterait que 2 000 adeptes au lieu des 40 000 annoncé par la secte. Après avoir rappelé que des lois, sur ce sujet, ont été votées à l'unamimité par le Parlement, Il a conclu : « La scientologie reste ce qu’elle a toujours été : un système pseudo psychologique et pseudo religieux, une organisation totalitaire qui tente de gouverner le monde par tous les moyens. Il ne faut pas oublier qu’en 1978, son fondateur Ron Hubbard a été condamné à quatre ans de prison, en raisons de graves dysfonctionnements constatés dans ce mouvement. Ce n’est pas un hasard ».

Notes

Sources