Europe : un plan à 2 000 milliards d’euros pour assainir les sols pollués par les PFAS

Publié le 15 janvier 2025
Le défi est titanesque et coûteux : assainir les sols et les eaux contaminés par les « polluants éternels » (PFAS) en Europe nécessitera des dépenses annuelles de plusieurs milliards d’euros. La facture totale pourrait atteindre 2 000 milliards d’euros sur vingt ans, selon une enquête coordonnée par Le Monde. Cette estimation, basée sur des travaux universitaires et des données issues du consortium « Forever Lobbying Project », envisage un coût réaliste d’environ 100 milliards d’euros par an. Cependant, ce montant n’inclut pas les impacts sur la santé ou d’autres effets négatifs difficiles à quantifier.
Cette enquête fait suite à une révélation de 2023, qui avait mis en lumière l’existence d’au moins 23 000 sites contaminés en Europe. Les PFAS, utilisés pour leurs propriétés antiadhésives, déperlantes et antitaches, regroupent plus de 4 700 composés quasi indestructibles. Ils s’accumulent dans l’air, le sol et les organismes humains, augmentant les risques de cancers et de troubles de la fertilité en cas d’exposition prolongée.
Les coûts de dépollution ont été évalués à partir de données scientifiques et économiques compilées par des chercheurs et des médias. Ces estimations, bien que conservatrices, concluent que les montants nécessaires sont sans doute sous-évalués.
Malgré ces constats accablants, l’utilisation des PFAS continue de croître. L’ONG Zero Waste Europe alerte sur une crise environnementale majeure et le « prix payé par le public ».
La fourchette basse des estimations, à 4,8 milliards d’euros par an, repose sur des hypothèses irréalistes, comme l’arrêt immédiat des nouvelles contaminations et une dépollution restreinte à des sites prioritaires. En revanche, un scénario d’assainissement global atteindrait 2 000 milliards d’euros, en raison de techniques coûteuses telles que la filtration par charbon actif ou l’oxydation à l’ozone. De plus, les incinérateurs classiques ne peuvent détruire les PFAS sans atteindre des températures supérieures à 1 050 °C.
Face à ces coûts exorbitants, réduire les émissions de PFAS est devenu une priorité.
L’enquête met également en lumière le lobbying intensif des industriels, visant à affaiblir ou à bloquer une interdiction européenne des PFAS. L’ONG ClientEarth critique ces campagnes qui freinent les régulations essentielles.
La réglementation européenne sur les PFAS, attendue pour la fin de 2025, reste floue. Des interdictions sont envisagées pour certains produits courants, mais des exceptions sont prévues pour le secteur médical. Ce projet s’inscrit dans la révision du règlement Reach sur les substances chimiques.
En février 2023, plusieurs pays, dont l’Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas, la Suède et la Norvège, ont proposé d’interdire 10 000 composés PFAS dans l’Union européenne et l’Espace économique européen.
Sources
[modifier | modifier le wikicode]- ((fr)) – Raphaëlle Aubert et Stéphane Horel, « PFAS : le coût vertigineux de la dépollution de l’Europe ». Le Monde.fr, 14 janvier 2025.
- ((fr)) – The Forever Pollution Project, « Le projet Forever Lobbying révèle le coût réel de la pollution aux PFAS sur l'environnement, la science et la politique ». The Forever Pollution Project, N/A.