Danemark : démolition de l'Ungdomshuset, après trois nuits d'émeutes

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L'ancienne Ungdomshuset, vue de la rue
Le chantier de démolition de l’Ungdomshuset, lundi 5 mars, vers 9 h 45
Feu de rue dans la Nørrebrogade, le 16 décembre 2006

Publié le 6 mars 2007
L’Ungdomshuset, située au 69, Jagtvej, dans le quartier de Nørrebro, à Copenhague, a vécu : une entreprise spécialisée a procédé, lundi 5 mars 2007 à partir de 8 heures du matin, à la démolition du bâtiment qui abritait, jusqu'à la semaine dernière, une « Maison des jeunes » évacuée par la police jeudi jeudi 1er mars à l'aube, ce qui avait entraîné trois nuits consécutives d'émeutes dans la capitale danoise.

Des mesures de précaution ont été prises afin d'éviter que l'entreprise de démolition et ses ouvriers ne fassent l'objet de représailles émanant d'éléments incontrôlés : outre une présence massive de forces de police sur le site pour tenir à distance badauds et protestaires, le nom et le logo de l'entreprise ont ainsi été masqués sur tous les engins lourds (grue, bulldozers...) présents sur le chantier, tandis que tous les ouvriers ont travaillé masqués. La crainte de mesures de rétorsion prises par divers autonomes n'était peut-être pas inutile puisque l'on a noté des actes de protestations voire de vandalisme anti-danois dans divers pays d'Europe [1].

Des manifestations et émeutes s'étaient déjà déroulées à Copenhague le 16 décembre 2006, à l'approche de l'évacuation annoncée de la « Maison des jeunes ». L'avant-veille, un tribunal de Copenhague avait en effet ordonné, malgré une manifestion pacifique, l'expulsion des squatteurs afin de rendre le bâtiment à son légitime propriétaire, la communauté chrétienne Fadershuset (« la Maison du Père »), à laquelle la ville de Copenhague avait vendu le bâtiment, six ans plus tôt. Au cours des émeutes, qui avaient réuni une foule évaluée à 1 000 activistes, la police avait procédé à l'interpellation de 300 personnes, tandis que le quotidien Jyllands-Posten rapportait qu'un émeutier et deux polciers avaient été blessés [2].

Les protestations liées au caractère supposé « historique » du bâtiment [3] construit en 1897 et originellement appelé Folketshuset (« la Maison du peuple ») et qui avait initialement abrité un théâtre communautaire pour le mouvement ouvrier, dans lequel serait notamment passé le futur dirigeant soviétique Lénine, n'ont pas ému les autorités, de même que le caractère quasi-institutionnel d'un immeuble certes en déshérence depuis des lustres, mais occupé sans discontinuer depuis 1982 par divers groupes anarchistes, punks ou d'extrême-gauche et où étaient périodiquement organisés de petits concerts comme, par exemple, au cours des années récentes, ceux donnés par le chanteur et musicien australien Nick Cave ou la chanteuse islandaise Björk. La « Maison des jeunes » de Nørrebro était par ailleurs connue dans l'Europe entière, au sein de certaines mouvances qualifiées de « marginales » ou « autonomes », et certains commentateurs ont pu la qualifier de « lieu phare de la culture underground en Europe » [4].

Des manœuvres légales pour tenter d'arrêter la démolition avaient été tentées. Des avocats proches de l'extrême-gauche, ainsi qu'un syndicat d'ouvriers du bâtiment avaient ainsi allégué que la démolition du bâtiment était susceptible de libérer dans l'atmosphère des poussières d'amiante, hautement cancérigène, mais l'objection avait été écartée par d'autres professionnels du bâtiment et approuvée par des fonctionnaires chargés de la protection des travailleurs.

Dans la journée de dimanche, une manifestation cycliste pacifique avait également rassemblé, dans le centre de Copenhague, environ 1 000 personnes, déployant des banderoles souhaitant longue vie à la « Maison des jeunes » et demandant l'arrêt des supposées « violences » de la police.

La présidente de la communauté chrétienne Fadershuset (« la Maison du Père »), Ruth Iversen, a donné une conférence de presse, lundi 5 mars, au cours de laquelle elle a indiqué que, selon ses vues, le bâtiment était en trop mauvais état pour être restauré.

Au cours des trois nuits d'émeutes, principalement dans le quartier de Nørrebro, mais aussi dans celui de Christianshavn (où se situe la « commune libre » de Christiania), la police danoise a procédé à 650 interpellations, dont 60 concernaient des mineurs (dont certains âgés de 12 et 13 ans) et 140 des ressortissants étrangers (principalement des Allemands, Suédois et Norvégiens, mais aussi quelques Américains, Britanniques, Français, Italiens et Polonais).

Les dégâts matériels sont par ailleurs importants : une école a été saccagée, les émeutiers ayant jeté les ordinateurs par la fenêtre, tandis que l'on constatait des incendies d'automobiles stationnées dans les rues et des débuts d'incendie, assez rapidement maîtrisés, dans quelques immeubles.

Le porte-parole de la police de Copenhague, Flemming Steen Munch, s'est publiquement étonné de la présence, parmi les manifestants, émeutiers et casseurs, de mineurs qui, pour certains, étaient encore des enfants et a fait part de sa consternation devant l'absence de contrôle parental.

On a rapporté par ailleurs l'organisation de plusieurs manifestations de soutien ou de protestation en dehors du Danemark :

  • 80 personnes se seraient rassemblées, dimanche à Berlin (Allemagne), pour un protestation spontanée contre l'expulsion des squatteurs de la « Maison des jeunes » [5] ;
  • d'autres rassemblements spontanés de protestation se seraient produits, selon la chronologie maintenue par le site www.emoware.org, à Kiel (Allemagne), Oslo et Trondheim (Norvège), dans la petite ville de Nelson (Nouvelle-Zélande, tandis que les consulats du Danemark à Venise et Milan (Italie) étaient pris d'assaut et temporairement occupés par des activistes [6].
Notes

Sources

Sources anglophones
Sources francophones
Source germanophone