Belgique : ne pouvant payer le gaz, l'usine d'engrais de Yara à Tetre va s'arrêter

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Yara House, le siège de Yara International à Oslo (Norvège).

Publié le 8 septembre 2022

Le président de l'association des producteurs italiens d'engrais Assofertilizzanti-Federchimica, Giovanni Toffoli, a déclaré que 65 à 70 % de l'azote utilisé en agriculture est fabriqué par l'ammoniac chauffé au gaz. Pour ne pas faire faillite en achetant un gaz 300 % plus cher, les fabricants européens d'ammoniac et d'azote répercutent la hausse du coût de leur production en augmentant de 300 % le prix de vente de leur engrais. Mais les agriculteurs refusent d'acheter un engrais européen 300 % plus cher, et achètent leurs engrais produits par des entreprises du monde entier, comme en Inde qui continue d'être fournie en gaz russe.

Par conséquent, une vingtaine de fabricants européens d'ammoniac et d'azote ralentissent voire arrêtent leurs usines faute d'acheteurs. Cette semaine, le producteur polonais d'ammoniac Azoty va suspendre 90 % de sa production d'ammoniac, tandis que le producteur lituanien Achema a annoncé la fermeture de son usine. Un approvisionnement de gaz inférieur à 50 % obligera l'entreprise allemande BASF à fermer son usine de Ludwigshafen.

Lors de la première flambée du prix du gaz en Europe en décembre 2021, 40 % des usines européennes d'engrais étaient à l'arrêt. La réduction du gaz russe et la guerre en Ukraine ont créé entre mars et avril 2022 une seconde flambée du prix du gaz qui a alors atteint 150 euros le mégawattheure (Mgwh) alors qu'il était en moyenne autour de 45 euros les années précédentes. Une troisième flambée a commencé fin août en Europe, avec un prix du gaz dix fois plus cher (+ 300 %) qu' aux États-Unis, où le prix du gaz a peu augmenté, à 30 euros le Mgwh, vu que les États-Unis ont une production de gaz de schiste.

En mars 2022, la multiplication par cinq du prix du gaz avait déjà obligé le producteur norvégien d'ammoniac Yara International a réduire la production de l'usine du Havre (Seine-Maritime) de 45 %. Ses 147 salariés ont pu reprendre leur travail après trois semaines. En juillet, l'usine Yara de Ferrara (Italie) a fermé pour la 2e fois cette année.

Dans les prochains jours, la production de l'usine Yara de Sluiskil (Pays-Bas) sera réduite à 45 %. Le 15 septembre, la production de l'usine Yara de Tertre (Belgique) sera également réduite à 45 %, sans conséquences sociales dans l'immédiat, les salariés étant réaffectés à des tâches de maintenance. « Nous demandons au pouvoir politique de prendre ses responsabilités » a déclaré Lionel Quebella (FGTB), et qu'il « ne faut pas que la situation dure trop longtemps » a rajouté le syndicaliste.

« Toutes les entreprises qui consomment beaucoup d’énergie risquent de quitter l’Europe et de déplacer leurs investissements aux États-Unis ou au Moyen-Orient »

— a prévenu Peter Vanden Houte, économiste en chef d’ING Belgique.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

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