Élections cantonales françaises de 2011 : poussée de la gauche et de l'extrême droite sur fond d'abstention record

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Marine Le Pen.

Publié le 21 mars 2011
Le premier tour des élections cantonales a été particulièrement pénible pour le parti présidentiel, l'UMP. Comme les sondages d'opinion le prévoyaient, le scrutin l'a vu en net recul, tandis que la gauche et l'extrême droite étaient en progression. Le parti de Nicolas Sarkozy plafonne à 17,17 %, talonné par le Front national qui enregistre un record de 15,26 %. Le Parti socialiste se maintient à 25,11 %. Mais le grand vainqueur restera le parti des « pêcheurs à la ligne » avec une abstention historique de 55,63 %. Celle-ci a été favorisée par deux facteurs.

En premier lieu, les cantonales a toujours été un scrutin qui a peu mobilisé les électeurs. En second, l'élection n'est pas couplée avec une autre comme les élections régionales, aggravant l'abstentionnisme. Enfin, la très faible médiatisation de l'événement avant le scrutin peut aussi avoir été un facteur décisif.

L'UMP perd donc 3 pourcents par rapport à 2004. En revanche, le Front national, qui présentait 450 candidats de moins qu'en 2004, enregistre plus de 15 % des voix. Les observateurs politiques lui accordent un score réel d'environ 18 % s'il avait pu présenter des candidats dans tous les cantons. La formation « d'extrême-droite » est en mesure de se maintenir au second tour dans 394 cantons, avec 5 triangulaires et 202 duels avec le PS. Elle se situe en position favorable dans plusieurs cantons, notamment à Marseille, et « progresse partout », d'après Jérôme Fourquet, de l'IFOP, dans ses bastions et au-dehors. L'amendement du 25 mai 2010 qui a fait passer de 10 % à 12,5 % le nombre de voix nécessaires pour se maintenir au second tour permet au parti d'extrême droite d'éliminer l'UMP dans certains cantons, alors qu'il était prévu qu'il favorise les grandes formations politiques. Il semble que le FN ait tiré profit des sondages plaçant sa nouvelle présidente, Marine Le Pen, en tête du second tour de la présidentielle de 2012 ainsi que des thématiques identitaires relancées par l'UMP depuis juillet 2010, après sa défaite aux élections régionales. Alors que les cantonales lui sont généralement défavorables, il a également bénéficié du retour d'électeurs de droite que Nicolas Sarkozy avait convaincus en 2007.

Mais ce résultat est à nuancer, et ce pour plusieurs raisons : premièrement, le taux d'abstention est le plus élevé de toute l'histoire de la Ve République. Le fait que le pourcentage relatif du FN soit le plus élevé enregistré à ce jour dans une élection cantonale, ne peut cacher non plus le fait qu'en terme de pourcentage absolu, le FN n'a que peu augmenté. De plus, contrairement aux autres partis, le FN n'a obtenu aucun siège « d'office », à l'aide d'une majorité absolue des suffrages dans un canton : ainsi, si le PS et l'UMP se débrouillent avec un confortable score de plus d'une centaine de sièges respectifs, le PCF et le PRG, près d'une vingtaine... Force est de constater que le FN n'en obtient aucun. Et les suffrages cantonaux n'étant point condensés, mais au contraire fort disparates, il est difficile de croire à un renversement dans le second tour. Aussi les 15 % du Front national au premier tour ne sont que fort peu révélateurs, et sans incidence sur la forme définitive des conseils généraux à l'heure actuelle, en attente du second tour qui tranchera la tendance.

Cependant, ses adversaires politiques, de gauche et de droite, ont appelé à un « front républicain » pour empêcher l'élection ne serait-ce d'un seul candidat FN. Visiblement embarrassé, l'UMP part en ordre dispersé. Certains comme Valérie Pécresse, Christian Jacob appellent à voter socialiste ou communiste. D'autres, dont le patron du parti, Jean-François Copé en appellent au bon sens des électeurs par le « ni vote FN ni front républicain », position avalisée par l'actuel locataire de l'Élysée. De son côté, le PS a donné comme consigne de « faire barrage au FN », selon les mots de François Hollande.

La gauche sort donc en tête du scrutin, sans pour autant triompher. Le PS, déjà vainqueur des cantonales de 2004 et de 2008, maintient sa position ; le Front de gauche, à 9 % environ, et Europe Écologie - Les Verts, 8,30 %, obtiennent tout deux de bons résultats ; enfin, les « divers gauche », souvent soutenus par le PS, recueillent 4,84 % des suffrages. Les alliés du PS, notamment écologistes, feront probablement valoir leurs bons scores pour peser dans les négociations pour le second tour.

Rappelons que ces élections cantonales sont partielles et ne concernent que la moitié des cantons français, soit 2 023 cantons. Le deuxième tour aura lieu le dimanche 27 mars.

Sources


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