World Wide Web : la fondation pour le logiciel libre propose une nouvelle forme de gouvernance

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Publié le 20 février 2012
La fondation pour le logiciel libre (FSF) a introduit une nouvelle forme de gouvernance du World Wide Web en proposant aux webmestres d'ajouter dans leurs pages HTML une information sur la nature juridique du code JavaScript.

Contexte

Si le Web a largement favorisé le partage et la notion même de logiciel libre[note 1], il serait aujourd'hui devenu une machine à déployer du logiciel privateur, pour reprendre les termes de Richard Stallman. Dès 2009, ce dernier avait dénoncé « le piège JavaScript »[2] en stigmatisant le code JavaScript situé dans des fichiers séparés de la page HTML pour s'exécuter sur la machine de l'utilisateur sans que ce dernier en soit généralement conscient. Richard Stallman assimilait alors cette brique logicielle à du « logiciel privateur de liberté », lequel constitue un « problème de société » d'après les chantres du logiciel libre. Pour comprendre la nature du problème, il convient de revenir sur la définition du logiciel libre. Ce dernier confère à l'utilisateur la possibilité d'utiliser, d'étudier, de partager et de modifier un programme par l'exercice de libertés jugées essentielles par Lawrence Lessig dans un monde de plus en plus défini par le « code »[3]. Selon Hervé Le Crosnier, la licence publique générale GNU produit une forme de gouvernance parfaitement adaptée à ce type de biens communs, aux règles communautaires, et au projet politique représenté par la fondation[4].

Une nouvelle gouvernance

Par la voix de son responsable juridique, Brett Smith[5], la FSF propose donc aux webmestres de publier dans leurs fichiers HTML l'information sur la licence utilisée ainsi qu'un lien vers les sources pour tout code JavaScript déployé sur leur site. Cette information juridique apparaît dès lors comme une nouvelle forme de gouvernance à l'échelle du World Wide Web pour que la communauté puisse rejeter le logiciel propriétaire de son environnement Web comme cela est possible dans son environnement de bureau[note 2].

La FSF préconise pour cela l'utilisation d'une table [note 3] dont l'attribut permet a posteriori d'automatiser le traitement de son contenu[note 4]. Si le projet LibreJS[note 5] annonce déjà le support prochain de cette fonctionnalité [7], baptisée « JavaScript License Web Labels », le projet GNUzilla vise quant à lui à son implémentation native dans le navigateur GNU IceCat sous la forme d'une alerte[8]. Le succès de cette initiative réside cependant dans la capacité de la FSF à mobiliser la communauté du World Wide Web, dont les spécifications techniques relèvent de la compétence du World Wide Web Consortium et du Web Hypertext Application Technology Working Group. Mais en plaçant des règles juridiques dans les mécanismes du Web, la fondation peut en modifier la gouvernance.

Notes et références

Références

Notes

  1. Benjamin Bayart voyant même dans le logiciel libre et Internet deux facettes du même objet[1].
  2. Le seul moyen dont disposait jusqu'alors l'internaute pour contourner « le piège JavaScript » était, soit de désactiver JavaScript dans le navigateur, soit de configurer NoScript, une extension au navigateur Mozilla Firefox.
  3. À l'intérieur d'une nouvelle page, dans la section du corps du document.
  4. Chaque entrée dans la table devant contenir trois informations : le nom d'un fichier JavaScript utilisé sur le site, le nom de la licence avec laquelle il est distribué, et un lien vers le code source.
  5. LibreJS[6] est une extension aux navigateurs de la famille Mozilla comme Firefox, Iceweasel ou Icecat.


Sources