Reportage : l'échec du tir de la fusée nord-coréenne renseigne les services américains

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Pour la Corée du Nord, ce devait être une démonstration de force. Pyongyang avait invité des journalistes étrangers pour une rare visite de son programme secret.

La Unha-3 sur son pas de tir avant son lancement raté du 13 avril 2012.
La Unha-3 sur son pas de tir avant son lancement raté du 13 avril 2012.

Publié le 14 avril 2012
En explosant quelques secondes après le lancement, l'échec est rapide et évident. Tout comme l'expertise d'analystes comme Tim Brown de globalsecurity.org. Comparées aux images satellites sur lesquelles il travaille d'habitude, les photos prises sur place par les journalistes sont une aubaine pour lui. « Pour une chose : être capable de voir ça à quelques centaines de mètres, c'est à couper le souffle ! Nous sommes en mesure de voir la tour de lancement et la fusée dans les moindres détails qui ne laisse rien à l'imagination » explique-t-il.

La Corée du Nord espérait mettre en valeur l'avancée technologique majeure du lanceur. Brown nous indique que le pas de tir nous montre à quel point ce programme est primitif.

« Par exemple, le portique sur la tour, qui est la grue qu'ils utilisent pour déplacer des choses tout autour, ça ressemble à du matériel militaire ou spatial. Mais regardez-y de plus près : c'est juste une grue de construction comme vous pouvez en voir partout dans le monde ».

L'armée américaine a observé la fusée décoller et se disloquer au dessus de la mer au large de la péninsule coréenne dans la seconde phase du lancement, et est en train d'analyser ce qui s'est passé.

Cet échec va sûrement apaiser quelques soucis pour les responsables américains, qui craignaient que le lanceur puisse avoir une portée suffisante pour atteindre les installations américaines dans le Pacifique, à Okinawa au Japon ou à Guam.

Mais le Pentagone considère toujours l'échec du lancement comme étant un sujet grave et considère que c'est un acte de provocation.

« La Corée du Nord ne cesse d'améliorer ses capacités. »

— Patrick Cronin, analyste de la défense.

Patrick Cronin, un analyste de la défense et du Centre pour une nouvelle sécurité américaine, pense que les États-Unis ont des raisons de rester préoccupés.

« La Corée du Nord continue ce cycle d'essais de missile, potentiellement nucléaires, et nous disons "C'est un statu quo", mais ce n'est pas un statu quo car la Corée du Nord ne cesse d'améliorer ses capacités. Ce sont des capacités très importante qu'ils sont en train de perfectionner. Mais en brisant le cycle, cela voudra dire que nous sommes prêt à faire quelque chose de plus dramatique encore. »

Maintenant que ce lancement est passé, les responsables de la défenses américaine ont les yeux rivés sur le prochain mouvement de Pyongyang. Et selon les renseignements sud-coréen, le nord projetterait de nouveaux essais nucléaires souterrains.

Les réactions internationales

  • De son côté, le Japon dénonce également une « grave provocation » de la part de Pyongyang. « Même si c'est un échec, c'est une grave provocation de notre pays et des autres pays (...). Nous avons émis une protestation vigoureuse par les canaux diplomatiques » a déclaré le porte-parole du gouvernement nippon, Osamu Fujimura.
  • Pour sa part, Pékin est resté muet pendant plus de six heures avant d'appeler au calme et à la retenue. Pour beaucoup, ce long silence trahit l'embarras chinois. Le porte-parole de la diplomatie chinoise Liu Weimin affirme que Pékin a « pris note des réactions des parties concernées » et assure que « la Chine n'a pas été prévenue par la Corée du Nord du lancement de son satellite ».


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Sources[modifier | modifier le wikicode]