Musique : Orelsan juge « aberrant » de « déprogrammer un concert que l'on n'a pas vu »

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Publié le 13 juillet 2009
Depuis le mois de mars 2009, le rappeur caennais Orelsan est au cœur d'une polémique lancée par l'ancienne secrétaire d'État chargée de la Solidarité dans le gouvernement Fillon II Valérie Létard. Cette dernière a mis en cause sa chanson Sale Pute, dans laquelle des associations ont vu une apologie de la violence envers les femmes, ce dont le rappeur se défend, en précisant que cette chanson est une fiction et que notamment elle ne fait pas parti de son premier album Perdu d'avance et qu'il ne l'interprète pas en concert.

La polémique a été relancée en juillet 2009 par l'annulation de son concert, prévu le 14 juillet, durant le festival des Francofolies. Pour Jean-Louis Foulquier, créateur du festival, interrogé par RTL : « C'est Ségolène Royal l'instigatrice de tout ça ».

Scène des Francofolies (2007).

La Marseillaise Anaïs avait pris la défense du rappeur caennais en mars dernier. Cette fois, c'est le chanteur Cali, dans une lettre rendue publique adressée au label d'Orelsan, Troisième Bureau, qui dénonce un « acharnement insupportable sur Orelsan ». « Avec cette terrible décision, les Francos de La Rochelle, le festival de la découverte et du parrainage de jeunes artistes, le festival de tous les chanteurs confirmés, le festival des grands chanteurs de notre patrimoine, le festival qui m'a personnellement tout donné, se discrédite totalement », déclare-il dans sa lettre. Il précise « [qu'] il y aura un avant et un après Orelsan » et qu'il boycotterait « avec tristesse mais conviction, tous ces lieux muselés ». « C'est la mise à mort d'un artiste à l'aube de sa carrière », ajoute-il. Et précise que cela « risque de provoquer et de cautionner des autocensures très peu propices à la création ». Il s'interroge également si ce sont les « politiques, qui doivent décider de ce qu'il convient d'entendre ou non dans un festival ? ». Le 11 juillet, Olivia Ruiz, en concert aux Francofolies, dédie son concert à Orelsan.

Cali en 2008.

Le rappeur déclare souhaiter rencontrer le nouveau ministre de la culture français Frédéric Mitterrand dans un entretien diffusé sur Europe 1. Il déclare : « Quand on étudie l'affaire de A à Z et que l'on voit tous les faits, on voit vraiment qu'il y a des pressions, que la déprogrammation n'est pas justifiée. Les personnes qui déprogramment mon concert ou qui mettent des pressions sur les organisateurs n'ont pas vu le concert » et précise : « Déprogrammer un concert que l'on n'a pas vu, je trouve ça vraiment aberrant »

Lorsque l'on l'interroge sur la position de Ségolène Royal, présidente socialiste de la région Poitou-Charentes, qui dans le journal Sud-Ouest, avait demandé des « clarifications » au festival sur la présence de l'artiste, Orelsan déclare que « bien sûr » il souhaiterait la rencontrer. Mais que cependant « ce n'est pas Ségolène Royal qui arrangera [son] cas. [Il] aimerait peut-être mieux rencontrer Frédéric Mitterrand qui, lui, est chargé de ça ». Et ajoute finalement « [qu'il aimerait] montrer que les gens qui [le] déprogramment [le] font passer pour quelque chose [qu'il n'est] pas et ne connaissent pas le fond du sujet ». Aux Francofolies, lorsque l'on a demandé son point de vue à Frédéric Mitterand, celui-ci répond qu'il ne « [connaît] pas Orelsan ».

Olivia Ruiz aux Eurockéennes en 2007.

Jack Lang, ancien ministre de la Culture français, dénonce ce lundi la déprogrammation du rappeur en évoquant « une atteinte à la liberté d'expression » ainsi « [qu']une forme de censure morale » en appelant les artistes à se « dresser ». « Un artiste, un créateur a le droit de mal penser aux yeux de ceux qui prétendent imposer le vrai, le juste » ou bien « alors demain retirons des bibliothèques les livres de Sade, de Baudelaire, de Rimbaud, de Genet. Vive l'autodafé ! », lance-t-il.

Lors de la publication de l'album Perdu d'avance le critique Jean-Eric Perrin sur le site music-story.com écrivait : « Il ne se passait plus rien dans le rap français depuis belle lurette, l'affaire étant lâchée depuis un moment par les majors, et laissée aux indépendants du rap de rue infusé dans les clichés usés. Mais voilà que le buzz enfle autour d'un jeune (pas si jeune) normand, blanc, dont la verve inédite apporte de l'air dans un milieu autarcique ».

Sources


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